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Un 7e titre et les 91 victoires de Schumacher : Hamilton est prêt à relever son plus grand défi

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/06/2020 à 15:13 GMT+2

GRAND PRIX D'AUTRICHE - Avec 6 titres et 85 victoires à son palmarès, Lewis Hamilton (Mercedes) n'est plus qu'à une marche de Michael Schumacher dans le livre d'or de la Formule 1. Et à l'orée de cette saison 2020 qui va enfin démarrer, il paraît avoir tous les atouts pour parvenir à cet objectif.

Lewis Hamilton

Crédit: Getty Images

Une saison pour réaliser l'impensable : arriver à la hauteur voire dépasser Michael Schumacher au rang des deux plus prestigieux records de la Formule 1. Après une trêve de sept mois imposée par l'épidémie de coronavirus, Lewis Hamilton va attaquer, enfin, dimanche à Spielberg, la conquête d'un septième titre mondial qui le ferait entrer dans une dimension où seul le maître allemand gravite pour l'heure. De quoi tutoyer le firmament d'une l'Histoire que l'on croyait pour longtemps écrite, tant l'épopée du "Baron rouge" nous avait laissés sur un sentiment de perfection depuis 2004.
Encore une fois, cela paraît fou mais le Britannique pourrait aller chercher un autre record en possession de "Schumi" en s'octroyant - même dans un calendrier restreint - les huit victoires qui le séparent de l'Allemand, premier reçu par le drapeau à damier à 91 reprises, de 1992 à 2006. Un aboutissement auquel aucun pilote n'a jamais songé avant de se trouver, avant lui, à un pas de cet accomplissement. Il faut bien le dire, c'était comme pour un pilote de Grand Prix penser égaler Michael Schumacher, ou pour un rallyman songer aux neuf titres de Sébastien Loeb.
L'Anglais de Mercedes n'est pas du genre à s'avancer et il a raison : son palmarès parle pour lui. Il n'est pas obsédé par l'empreinte qu'il laissera dans les stats, d'autant que la cause humaniste qu'il porte à présent dans le cadre du mouvement #BlackLivesMatter est tellement plus essentielle à ses yeux. Bien sûr, la victoire a toujours été son moteur, et il a maintes fois évoqué ce qui l'animait lorsqu'il n'était qu'un pilote de kart. Son rêve était de devenir champion du monde. Ceci réalisé, il confia un jour qu'il vivrait mal de ne pas l'être une deuxième fois. En y repensant si, finalement, il voyait plus loin : il s'est senti honoré de compter trois titres, autant que son idole Ayrton Senna.
Lewis Hamilton (Mercedes)

Il est devenu une "machine"

Il avoua qu'il ne souffrirait pas d'en rester là, mais un plus grand destin l'attendait ; une difficile comparaison des époques, aussi. L'obtention d'un quatrième titre l'a plus renvoyé au palmarès de Sebastian Vettel, qu'il côtoie sur les pistes, qu'à celui d'Alain Prost. Question d'époques toujours, rejoindre Juan Manuel Fangio - "le parrain de tous les pilotes" à ses dires - dans le club des champions cinq étoiles fut pour lui une insoluble abstraction.
Son sixième titre, l'an dernier, l'a positionné dans un entre-deux sur lequel il serait dommage de rester, forcément, car le rapprochement avec Michael Schumacher est bien tentant à présent. Parce que, déjà, il est légitime. Depuis que le natif de Stevenage s'est glissé dans la Flèche d'argent du maître en 2013, l'héritage est incontestablement bien gardé.
L'Allemand était un modèle, une inspiration pour Lewis Hamilton. Le voilà devenu un objectif statistique, par la force des choses. Mais ce serait une erreur de résumer l'Anglais à une somme de chiffres et de records tant il a su évoluer depuis ses débuts en Formule 1. Il a même bien changé depuis 2007 en s'affranchissant peu à peu du garçon fougueux qu'il était à son entrée chez McLaren, et du champion du monde soumis à une certaine instabilité émotionnelle en 2009 et 2011. En acceptant le défi de plusieurs champions du monde (Alonso en 2007, Button de 2010 à 2012 puis Rosberg jusqu'en 2016), il s'est rationalisé en tant que pilote jusqu'à devenir la "machine" implacable décrite par son rival allemand épuisé de le défier.
Engagé dans une collaboration confortable avec Valtteri Bottas en 2017, il n'a eu de cesse de justifier son statut de n°1 chez Mercedes. Affûté en qualification jusqu'à en devenir le recordman des pole positions, phénoménal en course, pas toujours content des stratégies qu'on lui impose mais souvent vainqueur au bout du compte, il a construit une relation de confiance exemplaire avec le staff de Mercedes.
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Qui c'est le plus fort ? Hamilton ou Schumacher

2019, une saison au presque parfait

Comme le Michael Schumacher des belles années, il ne paraît jamais fatigué. A 35 ans, il étonne encore par sa fraîcheur au volant, son état d'esprit curieux et bouillant dans ses échanges avec son équipe rapprochée. "Je vais être une machine. Je vais être à un autre niveau", a-t-il annoncé l'hiver dernier. Il avait aussi affirmé avoir suivi l'une de ses meilleures préparations physiques, et ça n'augurait rien de bon pour ses rivaux. "Moi qui n'aime guère les tests, j'ai demandé pour la première fois à retourner en piste alors que la journée était terminée. Je ne voulais pas que ça s'arrête !", avait-il lâché, lors de la première session de trois jours de tests hivernaux à Montmelo, au nord de Barcelone (19-21 février).
Sa deuxième journée avait été exaltante. Il avait stupéfié le monde dans la grande ligne droite du Circuit de Catalogne en tirant son volant vers lui - comme un pilote d'avion sur son manche - pour mettre les roues avant de sa W11 parallèles... Et l'avait poussé avant le freinage pour leur redonner l'écartement normal. Les équipes rivales avaient été abasourdies par le révolutionnaire DAS - "Dual Axis Steering", "Direction à double axe" en français. La trouvaille du siècle, bien plus que le double diffuseur de Brawn (l'équipe ancêtre de Mercedes) en 2009 ou ce qu'il avait connu chez McLaren en 2010 et 2012 avec le F-duct et l'effet Coanda. Il n'avait pas tardé à féliciter chaudement ses ingénieurs pour être sortis une fois de plus de leur zone de confort. Précisément ce qu'il cherche lui-même et la raison pour laquelle il va sans douter rester chez Mercedes. Et ça n'a rien à voir avec le fait que Ferrari affiche complet pour 2021.
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Le DAS, c'est quoi au juste ?

En 2019, Lewis Hamilton a peut-être accompli sa plus belle saison. Un sans-faute jusqu'au Grand Prix du Brésil où, déjà sacré, il s'est laissé aller à une attaque grotesque sur Alexander Albon (Red Bull). Cette erreur, il l'a vite réparée à Abou Dabi et s'il ne fut pas le pilote le plus rapide en qualification, c'est parce que sa Mercedes n'avait pas la vitesse de la Ferrari. C'est là où on a découvert sa nouvelle approche de la course, qui consista à sacrifier les essais pour se donner plus de chances le dimanche, façon Alain Prost. Et, hasard ou coïncidence, le soin qu'il a apporté à sa mécanique en général ne lui a valu aucune pénalité technique de toute la saison.
Lundi, Mercedes a dévoilé une W11 passée du gris au noir. Un symbole fort, une marque de soutien qui ne peut que le transcender, l'accompagner dans cette nouvelle dimension de pilote témoin de son temps, acteur de ses enjeux liés au respect, à la justice, à l'égalité des chances. Sur la piste et en dehors, Lewis Hamilton entend marquer 2020 de ce sceau. Il a placé la barre très haut. Mais pour rejoindre Michael Schumacher, il faut bien ça.
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