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Imola - N°2 mondial sans se préoccuper d'Hamilton, Russell s'installe bel et bien chez Mercedes

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 21/04/2022 à 13:52 GMT+2

GRAND PRIX D'EMILIE-ROMAGNE - George Russell est deuxième au championnat du monde, et cette position qui en a surpris plus d'un après la troisième course de la saison, à Melbourne, n'a rien d'anachronique. A y regarder de plus près, le jeune Britannique est bien à sa place. Et l'attitude agacée de Lewis Hamilton en Australie l'a plus encore souligné.

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Fernando Alonso n'avait pas vu venir Lewis Hamilton chez McLaren, Michael Schumacher ne s'était pas méfié de Nico Roberg lors de son retour en F1 chez Mercedes, en 2010. Sebastian Vettel n'avait pas non plus compris que Charles Leclerc lui ferait vite de l'ombre chez Ferrari en 2019. Lewis Hamilton serait-il donc la prochaine victime de ces tournants de l'histoire, vis-à-vis de George Russell ? Il n'aura fallu que trois week-ends de course pour que le paddock ne réalise que la question vaut d'être au moins posée.
Après les Grands Prix à Bahreïn, en Arabie saoudite et en Australie, l'ex-pilote Williams, pigiste de luxe chez les Gris à Sakhir, fin 2020, occupe la deuxième place au championnat du monde des pilotes sans que quiconque ne trouve à y redire. Avec 37 points, il a fait le plein à peu près partout où il le pouvait, avec parfois un peu de chance. Quatrième à Sakhir, cinquième à Djeddah, il a accédé au podium sur un coup assez heureux à Melbourne. Un arrêt "gratuit" au stand sous régime de voiture de sécurité qui l'avait propulsé devant Sergio Pérez (Red Bull) et surtout Lewis Hamilton.
La rumeur est tenace, elle prête à sa majesté Hamilton de s'être mise en colère en apprenant son remplacement par son nouveau voisin de stand lors du Grand Prix de Sakhir 2020. Et d'avoir milité jusqu'au dernier moment contre le projet de son patron, Toto Wolff. Covidé au fond de son lit, LH44 aurait pris ombrage de la popularité naissante du pigiste de l'écurie allemande. Son mètre 80 pas immense mais quand même trop grand pour loger dans le cockpit de la W11 habitué aux gabarits plus petits (1m74 pour Hamilton, 1m73 pour Bottas), le jeune espoir anglais de 22 ans avait accrédité la thèse moqueuse de Max Verstappen (Red Bull), selon laquelle n'importe qui pourrait gagner avec la machine frappée du n°44.
George Russell (Mercedes) au Grand Prix d'Australie 2022

Vraie surchauffe de la n°44 ou faux-semblant ?

A l'étroit, obligé de porter des bottines pointure 43 au lieu de 45 (mais il se sent maintenant "comme allongé dans son canapé" dans la W13), George Russell avait sérieusement mis à mal la réputation de Valtteri Bottas, et le constat que l'on peut faire en ce début de saison 2022 est qu'il a déjà fait oublier le Finlandais. Si GR63 a encaissé une seconde en qualification à Sakhir de la part de Lewis Hamilton à cause d'un set-up erroné, il a fait office de valeur refuge à Djeddah, où son prestigieux coéquipier n'a jamais vu le jour ni même la Q3. Battu de 0"1 le samedi, il a eu clairement de la chance le dimanche, mais pas seulement. En trois rendez-vous sur des circuits aux caractéristiques différentes, il a transposé sa vélocité d'un tour sur des relais long et c'est la première chose qu'on lui demandait chez Mercedes.
Aux antipodes, Lewis Hamilton a déclaré qu'il aurait aimé challenger son nouveau collègue de travail, mais quelque chose l'en a empêché. "Je n'ai pas pu me battre pour la troisième place parce que le moteur surchauffait, j'ai donc dû lever le pied et rester derrière", a-t-il expliqué à l'arrivée. Rien dans ses commentaires à la radio n'a laissé entendre un tel souci. A Bahreïn, on l'aurait plus compris, mais ce fut une surprise de savoir que le V6 Mercedes pouvait surchauffer sur un tracé comme celui de l'Albert Park. Ce que, curieusement, ni le directeur d'équipe Toto Wolff ni le directeur de l'ingénierie en piste Andrew Shovlin n'ont évoqué, alors qu'ils sont généralement les premiers à voler au secours de leurs pilote vedette.
George Russell (Mercedes) au Grand Prix d'Arabie saoudite 2022

"Pour Lewis, c'est un désastre. Et plus encore avec George devant lui"

Un prétexte pour ménager sa susceptibilité face à un George Russell convié aux honneurs du podium ? Lewis Hamilton n'a étrangement pas non plus voulu détailler son mystérieux propos bougon, à trois tours de la fin : "Les gars, vous m'avez mis dans une situation difficile !" Et il était sans doute inutile d'essayer d'en savoir plus sur son rythme de course, en retrait par rapport à celui de la W13 n°63 : 1:21.886 (au tour 51) contre 1:21.495 (au tour 53). Ça fait quand même fait presque 0"3 et ce n'est pas négligeable.
"Russell n'est pas venu pour être numéro 2 ou pour perdre, a commenté le champion du monde 1998 et 1999, Mika Häkkinen, dans une vidéo pour le site de pari sportif Unibet. Il est là pour travailler à être champion du monde un jour. Il ne s'incline pas devant un champion du monde. La course en Australie a été rude pour Lewis, vraiment. L'équipe veut naturellement que les pilotes finissent. Je suis sûr que Lewis est embarrassé par la situation. C'est dur d'être battu par George. J'ai peur que ce soit une saison vraiment difficile pour Lewis. George vient d'une équipe qui avait pas ou peu de résultats. Pour Lewis, c'est un désastre. Et plus encore avec George devant lui", ajoute le Finlandais de 53 ans.
Alors, est-ce que Russell peut encore être n°2 mondial après le Grand Prix d'Emilie-Romagne, dimanche soir à Imola, peut-être loin derrière Leclerc mais toujours devant des références comme Verstappen ou Hamilton ? Oui, bien sûr, même s'il trouve ce statut "assez fou". Il peut maintenir cette position flatteuse si Red Bull continue d'avoir 50% de voitures à l'arrivée, et si Sainz commet des erreurs comme l'an passé et comme à Melbourne. Mais ce serait se tromper de croire qu'il court après cela ou qu'il saurait juste se satisfaire d'être devant Lewis Hamilton. "Evidemment, chacun veut finir devant son coéquipier, mais Lewis et moi n'avons aucun intérêt à nous battre pour P5 et P6, prévient-il. L'enjeu à long terme est de rattraper les gars devant car nous sommes là pour gagner." Il sera effectivement toujours temps de s'intéresser au nom du vainqueur chez Mercedes. Et la question ne manquera pas de se poser.
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