Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Grand Prix d'Espagne - Mercedes- A Barcelone, Hamilton est-il redevenu Hamilton ?

Gilles Della Posta

Mis à jour 24/05/2022 à 13:15 GMT+2

GRAND PRIX D'ESPAGNE - Parti pour arrêter les frais après avoir été harponné par Kevin Magnussen (Haas), Lewis Hamilton (Mercedes) a finalement continué, dimanche à Montmelo. Encouragé par "Bono", le Britannique a réussi une sacrée remontée et terminé à la cinquième place. Une victoire personnelle qui change peut-être la face de sa saison.

"Cette nouvelle Mercedes en a dans le ventre et ça sent bon pour le championnat"

Il a beaucoup été question de "rebond" depuis le début de la saison 2022. Avec la nouvelle réglementation technique mettant l'effet de sol au centre de la performance des monoplaces, toutes les équipes ont dû faire face à des autos qui avaient/ont tendance à pomper. Mais le rebond dont il est question ici, n'a rien de plus humain que celui qui concerne Lewis Hamilton à Barcelone. Celui-ci marquant peut-être un tournant dans la saison du septuple champion du monde.
Seulement sixième au classement des pilotes en se présentant au départ de ce Grand Prix d'Espagne, Lewis Hamilton a pourtant débuté ce sixième Grand Prix de la saison par un accrochage avec Kevin Magnussen (Haas) au premier tour. Victime d'une crevaison à la roue avant-gauche, le Britannique, contraint de passer aux stands pour changer de pneus, a ruiné un pari audacieux, celui des gommes "medium" sur un asphalte surchauffé.
A son retour en piste, la Mercedes frappée du numéro 44 pointe en 19e position et accuse un retard de près d'une minute sur le leader, Charles Leclerc. Dans la boucle suivante, Hamilton s'adresse à son équipe par un message qui marquera peut-être le point bas dans la descente aux enfers de l'Anglais : "Si j'étais vous, j'économiserais ce moteur". Moment suspendu. Les abysses "Hamiltoniennes" : Tour 4. Demande implicite d'abandon, dépôt des couleurs. L'homme qui détient le record de victoires en F1 avec 103 succès, celui qui est invaincu sur ce circuit depuis 2017, couronné sept fois champion du monde ne semble n'avoir qu'une envie : tout arrêter, sortir de là et rentrer chez lui.
L'énormité de la proposition n'a d'équivalent que la rapidité de la réponse de son ingénieur de course, Peter Bonington alias "Bono" : "Lewis, nous continuons de penser qu'on peut marquer des points aujourd'hui, huitième voire mieux".
Max Verstappen (Red Bull) et Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix d'Espagne 2022

"Tu aurais pu gagner ce Grand Prix"

Le temps de dire ces mots, et le découragement s'est volatilisé. Convaincu ou non, le pilote Mercedes se reprend et se jette corps et âme dans une remontée qui, même si elle n'est pas statistiquement la plus remarquable de sa carrière, pourrait s'apparenter au retour d'un apnéiste vers la surface. Lewis Hamilton va grimper jusqu'au quatrième place rang. A la seule force du poignet puisque la tant espérée voiture de sécurité n'a jamais pointé le bout de son nez. Seul un problème de surchauffe moteur obligera l'Anglais à réduire l'allure en fin de course et à rendre la quatrième place à Carlos Sainz à trois petits tours du but.
Quatorze places de gagnées, et bien au-delà de ça, le sentiment qu'une étoile brille de nouveau. A la radio, à peine la ligne d'arrivée franchie, le message qu'adresse le champion à son équipe est d'un positivisme inédit en 2022, faisant la part belle au travail qui paye, aux évolutions qui ont fonctionné, "enfin", aurait-on envie d'ajouter. En excellent manager qu'il est, Toto Wolff, le directeur exécutif de Mercedes saisit la balle au rebond et insiste sur la performance de son poulain : "Tu aurais pu gagner ce Grand Prix".
Effectivement, de 54 secondes de retard en sortant des stands après sa crevaison, Hamilton ne comptait plus "que" 39 secondes de déficit sur la tête de course avant que son moteur l'oblige à ralentir. Dans les faits, l'abandon de Leclerc lui a permis de reprendre 14 secondes sur la première place mais qu'importe, la W13 était dans le rythme et le podium de son coéquipier Russell est là pour confirmer.

Le "Hammertime", prochaine étape ?

Face aux micros, le langage corporel du Britannique a été aux antipodes de celui arboré depuis des mois. Épaules déployées, regard franc vers ses interlocuteurs, Lewis est presque redevenu Hamilton. Les mots employés par le pilote Mercedes donnent le sentiment que la traversée du désert est terminée : "Je suis juste très reconnaissant d'avoir pu revenir et reconnaissant à l'équipe d'avoir gardé la tête baissée et pour tout le travail incroyable pour nous amener à ces améliorations". A l'entendre, c'est à un "God Save The Queen" qu'on s'attendait à entendre sur le podium. Or c'est bel et bien l'hymne néerlandais qui a retenti pour la quatrième fois cette saison.
Non, Lewis Hamilton n'a pas remporté ce Grand Prix d'Espagne et il compte maintenant 64 points de retard sur Verstappen, le véritable vainqueur à Montmelo. Pourtant les 66 tours de cette épreuve ont redonné un avenir à l'Anglais. A court terme, il peut penser à sauver sa saison. A long terme, il peut aussi imaginer poursuivre sa carrière, ce qui n'aurait pas été supportable sans jouer les premiers rôles. Le premier "Hammertime" millésimé 2022 surviendra-t-il dans les rues de Monaco ?
Si tel est le cas, il faudra se souvenir de cet instant d'égarement en Catalogne et de ce réflexe sublime de "Bono" qui, en refusant de déposer les armes, a peut-être sauvé la saison d'un des plus grands pilotes de l'histoire de la discipline. Si Tom Cruise, actuellement à Cannes pour le festival, fait un crochet par Monaco ce week-end, on a un sacré scénario à lui vendre !
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité