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Pilotes téléguidés, galères de Räikkönen et Vettel, précocité de Verstappen: les vérités de Grosjean

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 04/10/2014 à 13:10 GMT+2

Au-delà des difficultés de Lotus, Romain Grosjean décrypte pour nous les surprises de 2014, la légende de l'aide au pilotage et le défi qui attend Verstappen...

Romain Grosjean (Lotus) au Grand Prix de Belgique

Crédit: Lotus F1 Team

Sauf miracle, la saison 2014 est fichue...
Romain Grosjean : Sauf miracle oui, mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas se donner à fond, chercher à saisir chaque opportunité. Monaco, Montmelo en étaient. Il y en aura d'autres… ou pas. Ce qui est important, c'est que l'on a compris quels étaient nos problèmes. Ça tient à l'aérodynamique. Et pour cette année c'est cuit, il ne faut pas se mentir.
La voiture de 2013 avait quand mêmeune bonne baseaéro.
R.G. : Oui, mais les règles ont changé : il y a moins d'appui, plus du tout moyen de profiter des échappements, les pneus sont plus durs... Autant de choses qu'on a peut-être mal appréhendées.
Cette saison donne lieu à des surprises, entre les difficultés de Kimi Räikkönen et Sebastian Vettel, les victoires de Daniel Ricciardo…
R.G. : Kimi mène sa voiture du train avant, c'est pour ça qu'il galère un peu. Les pneus de cette année ne donnent pas le feeling de l'an dernier : ils sont extrêmement durs et on ne sent pas dans le volant le grip qu'ils créent. Kimi aime une voiture fixée sur le train avant. C'est quelque chose que j'aime moins, et c'est la différence que l'on avait l'an dernier chez Lotus. Il a besoin de sentir son train avant en milieu de virage, alors que je m'en fiche un peu car je suis plus focalisé sur le train arrière. Autrement, je suis un peu de la même école que Lewis Hamilton, qui freine très tard et très fort, et il faut régler la voiture en conséquences ; ça crée un peu d'instabilité en entrée de virage.
C'est peut-être dû à son style, mais Alonso qui se débat aussi au volant de la Ferrari s'en sort mieux...
R.G. : Sa force est de s'adapter à tout. Il donne un coup de volant sec en entrée de virage - c'est ce qu'on dit tout le temps - mais il faut aussi voir que la Ferrari a beaucoup de sous-virage. L'an dernier c'était le cas, cette année aussi. Fernando roule avec beaucoup d'angle au volant. Par rapport à tout ça, Kimi n'a pas la confiance dont il a besoin.
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Fernando Alonso (Ferrari) au Grand Prix de Belgique 2014

Crédit: AFP

Et Vettel ?
R.G. : Je pense qu'il pilote avec beaucoup de train arrière, mais sans certitude. Je dis ça comme ça. C'est difficile de se prononcer en fait : même dans les roues d'un pilote, on ne voit pas forcément grand-chose. Il faut avoir les acquis (datas).
Ricciardo n'en finit pas de surprendre…
R.G. : Son pilotage a l'air plutôt coulé mais c'est plus Jean-Eric Vergne qui saurait en parler. En termes de résultats, c'est en tout cas surprenant, qu'il soit comme ça devant Vettel. Mais il n'y a plus les échappements soufflés et les pilotes qui mettaient les gaz très tôt (comme Vettel) en pâtissent cette année. Et ceux qui aimaient plus emmener une vitesse minimale en virage en profitent. Après, ça dépend aussi des voitures. Aérodynamiquement, la Red Bull est une bombe atomique ; et eux, ça a quand même l'air de moins les gêner que les autres.
Verstappen pulvérisera à 17 ans le record de précocité en 2015. S'il réussit on dira que la Formule 1 c'est facile, s'il échoue on dira que le pari était extravagant…
R.G. : C'est de toute façon un pari extravagant. C'est quelqu'un qui n'a jamais dépassé 240km/h en vitesse de pointe, qui n'a jamais eu à gérer la dégradation des pneus, un arrêt au stand, une course de plus de 40 minutes... Maintenant, c'était une opportunité à laquelle il ne pouvait dire non. Ça reste de la Formule 1, quelque chose d'extraordinaire, mais un gros challenge.
C'est quand même bizarre de ne plus justifier l'arrivée d'un pilote en F1 par un titre ou des victoires en GP2 ou en FR 3.5.
R.G. : Il y a des gens qui savent à peu près ce qu'ils font. Quand Kvyat est arrivé, tout le monde s'est posé des questions. On voit qu'il s'en sort extrêmement bien. Chaque cas est unique.
Venons-en justement aux aides. Les pilotes reçoivent beaucoup d'informations de leurs ingénieurs. N'auraient-ils pas besoin de prendre eux-mêmes leurs décisions pour montrer une certaine maturité ?
R.G. : Mais on les prend les décisions ! Ce que montre la télé est loin d'être la réalité. On n'a pas capteur d'essence dans la voiture, on a donc besoin de savoir où on en est au niveau de la consommation, et donc à quel moment économiser de l'essence. On ne sait pas non plus où on en est au niveau de la batterie, et là encore on a besoin d'informations. Les pneus sont également extrêmement compliqués à conduire cette année. On entend souvent les pilotes demander la température des pneus pour savoir s'il faut attaquer. On nous donne toutes ces informations mais il nous revient de savoir les traiter nous-mêmes. Les gens répètent qu'on nous dit tout ce qu'il faut faire, mais non ! Si on nous indique que les pneus sont trop froids, on est les seuls à savoir comment les remonter en température.
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Romain Grosjean (Lotus) en compagnie de son ingénieur Ayao Komatsu au Grand Prix de Belgique 2014

Crédit: Lotus F1 Team

Un grand prix sans radio, ça ressemblerait à quoi ?
R.G. : Une panne d'essence et de batterie assez rapidement, c'est une certitude !
Sur quels circuits restant au calendrier pourriez-vous marquer des points ?
R.G. : A la régulière, on sera entre la 12e et la 15e place, mais à Suzuka on ne sait jamais. Le tracé comporte deux passages lents, l'épingle et la chicane, et le reste est sur du milieu-haute vitesse. On pourra d'une façon ou d'une autre essayer de régler notre voiture dans cette zone-là. Autrement, on sait aussi qu'à Sao Paulo tout est possible (ndlr : avec la météo).
Un moteur Mercedes vous rassurerait déjà pour 2015…
R.G. : Non. Ce qui me rassurerait, c'est le fait que l'on comprenne nos problèmes et qu'on ait mis le doigt sur ce qui n'allait pas.
Avez-vous vu le nez de la Lotus de 2015 en soufflerie, et, si oui, est-il conforme à l'esthétique souhaitée ?
R.G. : Je l'ai vu, oui, mais je ne peux rien dire. Si ce n'est qu'il y a toujours moyen de faire différemment que ce que suggère le règlement...
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Romain Grosjean (Lotus) au Grand Prix de Belgique

Crédit: Lotus F1 Team

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