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Grand Prix d'Italie - Malchance ou incompétence ? Mythe ou réalité ? La vérité sur le Ferrari bashing

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 09/09/2022 à 12:11 GMT+2

GRAND PRIX D'ITALIE - Pression maximale ce week-end sur la Scuderia Ferrari. Pas juste parce qu'elle se produit devant son public, mais parce qu'elle reste sur une série de mauvaises courses, plombées par des errances, des choix hasardeux voire irrationnels en termes de stratégies, ou des casses mécaniques.

"Ferrari ne peut pas continuer à être la risée du paddock"

Du Ferrari Bashing dans l'air ? C'est ce que sous-entendait Mattia Binotto, le directeur de la Scuderia Ferrari, après le Grand Prix de Belgique. A Spa, son équipe avait fait rentrer Charles Leclerc dans l'avant-dernier tour pour prendre des pneus "tendre" afin de chasser le point bonus appartenant à Max Verstappen (Red Bull). Un peu dérisoire face à la démonstration livrée ce jour-là par le Néerlandais, parti 14e, mais il n'y a pas de petit profit.
Le Monégasque avait dû doubler Fernando Alonso (Alpine) dans le dernier tour, qui devait être le plus rapide enregistré depuis le départ. La mission avait logiquement échoué et le manager italien s'était plaint de certains jugements sur ce pari, pas si risqué que ça selon lui.
"Si on regarde plus tôt dans la saison, je pense qu'il y a une perception à l'extérieur (de l'équipe) de la vérité et de la réalité : parfois, nous ne faisons pas les erreurs qui sont perçues comme telles", s'était ému le patron des Rouges.
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Ferrari et le fiasco de ses voitures commémoratives

En clair, certains observateurs seraient devenus des critiques faciles, par plaisir ou amalgame - ou les deux - en regard des trop nombreuses fautes commises par l'écurie italienne depuis le début de la saison.
A y regarder de plus près quand même, la saison 2022 de la Scuderia est un enchevêtrement d'erreurs, de défaillances, de manques à des niveaux différents en termes de préparation et d'exécutif, dont elle ne peut fuir la responsabilité. Même si, au milieu de tout cela, des jugements rapides ont été émis, sans le recul suffisant.
Depuis l'ouverture du championnat, le 20 mars à Sahir, jusqu'à la 15e course de 2022, dimanche à Zandvoort, l'équipe Ferrari - on ne parle pas des pilotes - a cumulé pas moins de six situations embarrassantes pour elle, qui explique qu'elle a perdu pied, autant dans la course au titre Pilotes que Constructeurs.

Grand Prix d'Espagne

Domaine en cause : Moteur
27e tour, la chevauchée de Charles Leclerc prend fin, turbo et MGU-H out. Premier abandon mécanique de la saison. Il était leader, 13 secondes devant sur George Russell (Mercedes), et détenait à cet instant le meilleur tour en course. "Sans cette casse, les Red Bull ne m'auraient pas revu", assure "Charlot". 26 points se sont envolés et son rival Max Verstappen l'emporte. Le Monégasque et Ferrari perdent la tête aux championnats, au profit du Néerlandais et de RBR.
Ferrari responsable ? Evidemment. "C'est assurément un grave problème de fiabilité, avoue Mattia Binotto, à Sky Sports. Nous trouverons le problème et nous le stopperons."
"J'ai dit qu'après six courses nous serions en mesure d'évaluer les niveaux de performance et la hiérarchie dans les équipes, et aujourd'hui nous pouvons dire que nous avons construit une bonne voiture, et mené un travail précis pour la développer", ajoute-t-il.
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Leclerc, beaucoup plus que 25 points perdus : "Les pénalités finiront par tomber"

Grand Prix de Monaco

Domaine en cause : Stratégie
Charles Leclerc est en tête sur une piste mouillée, mais perd la main quand Red Bull fait rentrer Sergio Pérez au 16e tour. C'est une provocation à laquelle il faut répondre de suite, ou pas du tout. La Scuderia choisit la solution du pire en coupant la poire en deux. Elle rappelle son pilote local au 18e tour pour des "intermédiaires", alors que la piste sèche. Et le renvoie derrière Albon (Williams), sur presque un tour ; un désastre. Puis elle appelle Carlos Sainz au 21e passage, pour lui passer directement des "dur".

Charles Leclerc ? Il boit le calice jusqu'à la lie. Son ingénieur lui demande de rentrer dans ce même 21e tour, puis change d'avis. Trop tard, le pilote de la Principauté a pris s'est engouffré dans la voie des stands, et est condamné à attendre qu'on serve son coéquipier. Il crie de rage son désespoir dans la radio. De P1 à P4 et 13 points perdus…
Ferrari responsable ? Totalement, et Mattia Binotto le reconnaît volontiers. "Il (Leclerc) n'est pas content, c'est normal, confie-t-il. On a fait une erreur de stratégie qui nous a coûté une victoire. Quand tu es premier et que tu te retrouves quatrième, il est évident que quelque chose n'a pas fonctionné. Ceci dit (…) la vitesse des pneus "intermédiaire" nous a surpris. On aurait sûrement dû rentrer un tour avant avec Charles, ou rester dehors pour protéger la position sur Max (avec Sainz). Et à la limite aller directement sur les pneus pour conditions sèches. On va revoir pourquoi on a mal jugé à ce moment-là."

Ferrari n'a pas non plus bien géré le timing de l'arrêt de Sainz, mais Mattia Binotto évoque la malchance : "Même Carlos a trouvé du trafic avec Latifi. Je crois que ça lui a fait perdre la victoire."
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Essais prometteurs, stratégie foireuse : autopsie d'un fiasco chez Ferrari

Grand Prix d'Azerbaïdjan

Domaine en cause : Moteur et freins
Deux courses après Montmelo, rebelote. En tête au 20e tour, 11 secondes devant Max Verstappen, Charles Leclerc sent son turbo et son MGU-H expirer dans son dos. La fumée bleue lui coûte 25 points. "Les mots sont difficiles à trouver. Ça fait mal, ça fait trois week-ends d'affilée, ça fait mal, très mal", confie-t-il. De son côté, Carlos Sainz abandonne 12 points sur une panne du système de freinage électrique arrière. Au championnat, Leclerc pointe à 34 longueurs de Verstappen et Ferrari à 80 unités de RBR.
Ferrari responsable ? Encore plus que la première fois, car l'avertissement n'a pas servi de leçon. "Nous ne sommes pas totalement fiables mais l'équipe va rester concentrée, essayer de régler les problèmes", tempère Mattia Binotto. "Essayer", le mot est révélateur d'un flottement au département Moteurs de Maranello.

Grand Prix de Grande-Bretagne

Domaine en cause : Stratégie
Charles Leclerc devait aller au bout en vainqueur, avec ses pneus "dur". Au 39e tour, la voiture de sécurité change la donne et les stratèges de Ferrari sombrent dans un monde parallèle. Il ne protège pas leur leader en l'appelant pour chausser des gommes "tendre". Il reste peu de tours et il aurait la possibilité de revenir devant comme un boulet de canon. Ils préfèrent équiper Carlos Sainz, alors deuxième, de gommes fraîches. L'Espagnol n'a pas de mal à tailler dans le peloton et gagne.

Bilan : 13 points perdu pour Leclerc, et bien plus au championnat.
Ferrari responsable ? Totalement. Quelques éminences grises du paddock donnent la leçon aux Rouges en rappelant un principe de base : il faut donner la priorité au pilote le mieux placé de l'équipe. Attaqué, Mattia Binotto livre une explication irrecevable : il pensait que "Charlot" va tenir devant avec ses gommes "dur" à la corde.
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Leclerc sacrifié : "Ferrari a des raisonnements qui échappent même à la concurrence"

Grand Prix de Hongrie

Domaine en cause : Stratégie
"Ils étaient en "dur" ?", demande Lewis Hamilton, dans la cool room, en voyant un replay de Charles Leclerc. "Oui !", lui répondent Max Verstappen et George Russell, amusés. La Scuderia a opté pour les gommes blanches dont personne ne voulait, et a conduit le Monégasque à la 6e place.
Ferrari responsable ? Totalement. Parti en Pirelli "medium", Leclerc a commencé par dérouler un plan parfait, en chassant le leader George Russell (Mercedes) et son coéquipier, Carlos Sainz. En allongeant son premier relais, il a pu passer le Madrilène aux stands.
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"Il faudrait que Ferrari sous-traite ses stratégies à Mercedes"

C'est alors que Ferrari a commencé à sortir du schéma idéal en faisant rentrer le pilote de la Principauté au 40e tour, pourtant très content de ses "medium" et prêt à aller plus loin. Ses chronos étaient là pour l'attester, mais Inaki Rueda, le stratège en chef, avait dans l'idée de finir en gommes blanches, sur une piste où elles pouvaient être difficiles à monter en température.
Sans rythme, "Charlot" est repassé 15 tours plus tard prendre des "tendre". Et finir à une piètre 6e place alors que la victoire lui était presque acquise. Manque à gagner : 17 points…
De son côté, Carlos Sainz perd 4"6 au stand à cause d'une roue arrière gauche récalcitrante…
Ferrari responsable ? Forcément, avec un bémol. Leclerc et Sainz avaient fini en "dur" à Monaco. Le Hungaroring partage beaucoup de caractéristiques avec le circuit princier et les températures ambiante et de piste étaient à 2 degrés près les mêmes que sur le Rocher.
L'option surprenante n'était peut-être pas aberrante, et même si elle n'a pas fonctionné sur les Alpine, McLaren l'a aussi montée pour Lando Norris.

Grand Prix de Belgique

Domaine en cause : Stratégie
Obligé de rentrer dès le 3e tour à cause d'un tear-off de Max Verstappen échoué dans son écope de frein avant droite, Charles Leclerc accepte de jouer à gratte-point en fin de course. Il rentre dans l'avant dernier tour, avec Fernando Alonso (Alpine) aux basques. Et doit doubler l'Espagnol dans le dernier tour, en pleine tentative de meilleur tour. Il réussi son pari, mais échoue pour une autre raison : un excès de vitesse dans la pit lane dû à un limiteur de vitesse défaillant.
Ferrari responsable ? Non. Ne rien faire, c'était être sûr de perdre le point bonus.
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Champion du monde de la malchance, "Leclerc a fait son deuil du championnat"

Grand Prix des Pays-Bas

Domaine en cause : Stratégie
Le plus gros fail de la saison : la roue arrière gauche manque lorsque la F1 75 n°55 de Carlos Sainz s'immobile devant son garage. 12"7 d'un fiasco qui empêche le Madrilène de troubler le plan de course de Max Verstappen. Une affaire qui lui coûte trois positions.
Ferrari responsable ? Oui. Mattia Binotto évoque un ordre tardif passé à Carlos Sainz et un pit crew surpris, mais les autres équipes prennent régulièrement des décisions dans le feu de l'action, sans basculer dans l'improvisation.
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"Ferrari ne peut pas continuer à être la risée du paddock"

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