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Faute de Rosberg, accusation de Hamilton, colère de Mercedes : récit d'un dimanche auto-destructeur

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 25/08/2014 à 09:17 GMT+2

Minute par minute, le film d'une journée où la rivalité entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton a atteint le point de non retour. Un dimanche qui va faire date, et que Mercedes va devoir traîner comme un boulet jusqu'à la fin de la saison.

Lewis Hamilton devant Nico Rosberg (Mercedes), au 2e tour du Grand Prix de Belgique 2014

Crédit: AFP

  • 14h03. Rosberg, en pole position, manque son départ. Hamilton vire en tête. Derrière, Rosberg perd aussi la 2e place place mais redouble vite Vettel pour se mettre en chasse de son coéquipier.
  • 14h07. 2e tour. Rosberg attaque dans Kemmel, Hamilton résiste, l'Allemand culmine à la mi-hauteur du leader de la course et insiste au freinage, puis dans le virage à droite, aux Combes. Il freine trop tard et provoque le contact entre l'aileron avant de sa W05 n°6 et le pneu arrière gauche de la n°44. Hamilton perd le contrôle de sa machine, crève, sort. Rosberg s'échappe en tête.
  • "Nico m'a touché. Nico m'a touché", crie Hamilton à la radio. Le pire endroit pour ça : Spa-Francorchamps est le plus long circuit du Mondial et il va bien faire 5km au ralenti pour rentrer. A part une averse ou une voiture de sécurité, C'en est fini de ses chances.
  • Rosberg interroge son équipe pour savoir à quel point sa voiture est endommagée.
  • 14h14. Hamilton ressort des stands 19e, à 20 secondes du 18e, mais sent sa W05 moins efficace au plan aérodynamique. "Mon fond plat est endommagé, c'est ça ?", demande-t-il. Manifestement, oui.
  • 14h18. Mercedes demande à Hamilton de rester 15 tours avec ses pneus. "Ils ne vont jamais tenir 15 tours", répond-t-il.
  • 14h22. Tour 9 : Rosberg profite de son premier pit stop pour faire changer son aileron avant. Au tour suivant, il ramasse un débris de pneus dans son antenne radio qui fouette constamment son casque. Très inconfortable ! Il va mettre quelques tours à s'en débarrasser. Il poursuit une remontée qui va le mener jusqu'au 2e rang.
  • 14h40. Tour 17. Attaque mal préparée de Rosberg sur Vettel au freinage de la dernière chicane. Nervosité palpable à bord de la Mercedes. Plats à l'avant. Il va rentrer et les vibrations dont il se plaint vont disparaître.
  • 14h48. Tour 21. Hamilton 17e et moralement atteint. "Les gars, ne devrait-on pas économiser le moteur ?", demande-t-il. En clair, il réclame d'abandonner. Son équipe refuse : "On regarde les possibilités et on te rappelle mais ton rythme est bon."
  • 15h03. Tour 29. Hamilton revient à la charge : "Je n'ai absolument pas d'appui." Velléité d'abandon encore refusée.
  • 15h12. Tour 36 : Räikkönen se loupe dans le raidillon d'Eau rouge, Rosberg le gobe pour la 2e place.
  • 15h21. Tour 39. Hamilton au garage. Mercedes a accepté son abandon.
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39e tour du Grand Prix de Belgique 2014 : abandon de Lewis Hamilton (Mercedes)

Crédit: AFP

  • 15h28. Tour 44 : Rosberg deuxième de la course.
  • 15h44. Rosberg est hué plusieurs fois sur le podium. Eddie Jordan, un ancien directeur d'équipe chargé des interviews, vole à son secours. L'Allemand est crispé et visiblement affecté par la réaction du public. "J'ai essayé de le passer à l'extérieur", dit-il.
  • Assaillis par les médias, Niki Lauda et Toto Wolff livrent leurs verdicts. "Lewis était en tête et sur la bonne trajectoire, c'est donc Nico qui est en faute", juge Niki Lauda, le président non exécutif de l'écurie. Son avis est aussi celui du champion du monde en 1975, 1977 et 1984. "Au deuxième tour du grand prix, c'est impardonnable. En fin de course, en plein duel, on pourrait le comprendre, mais là c'était inutile. Le résultat final est très mauvais pour Mercedes."
  • "C'est inacceptable", estime Toto Wolff, directeur de l'équipe et directeur de Mercedes Motorsport. "Nos pilotes ont le droit de se battre entre eux, mais il y a une règle qu'il leur faut respecter, c'est de ne pas se rentrer dedans ! Nous allons régler cela entre nous, mais Nico a commis une grave erreur de jugement." Après la polémique du Grand Prix de Hongrie, où Lewis Hamilton avait refusé d'obéir à la consigne de laisser passer Rosberg, Wolff avait indiqué permettre dorénavant à ses pilotes de se battre, à la seule condition de ne pas se heurter.
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Toto Wolff (Mercedes) en conférence de presse FIA au Grand Prix de Monaco 2014

Crédit: Panoramic

  • Quelques instants plus tard, Hamilton est en zone d'interview TV. Il a pris soin de revoir l'action sur écran et déclare : "Je suis dégoûté. Ce n'est pas mon boulot de régler ce problème avec Nico. Je suppose que l'équipe, Toto [Wolff] et Paddy [Lowe] s'en chargeront."
  • La conférence de presse FIA commence et Rosberg, toujours embarrassé, précise : "Je n'ai pas encore parlé à Lewis, mais je suis sûr que nous allons en discuter. Je respecte l'opinion des spectateurs, même si ce n'est pas agréable de se faire huer."
  • Ses obligations accomplies, il se rend dans le bureau de son directeur, Toto Wolff, pour prendre une explication de 20 minutes. Devant la presse, il s'appuie sur le verdict des commissaires sportifs. "A partir du moment où ils ont estimé qu'il s'agissait d'un incident de course, c'est la seule façon de décrire ce qui s'est passé. J'étais plus rapide à ce moment de la course et j'ai vu une opportunité, j'ai donc essayé de lui faire l'extérieur puisque ce n'était pas possible de le passer par l'intérieur."
  • 18h32 : notre partenaire F1i rapporte les propos de Hamilton à la réunion de conciliation qui n'en a pas été une. "Rosberg a dit qu'il l'avait fait exprès !", s'indigne le Britannique. "En gros, il a déclaré qu'il l'avait fait exprès. (…) Il a déclaré qu'il aurait pu éviter l'accrochage. Il a dit précisément : 'Je l'ai fait pour prouver quelque chose' (…) Si vous ne me croyez pas, allez voir Toto [Wolff], Paddy [Lowe] et tous les autres membres de l'équipe qui ne sont également pas contents de lui." Il ajoute que, dans un premier temps, Rosberg a même essayé de lui faire porter le chapeau. "Il est arrivé dans la pièce et il a déclaré que j'étais le seul responsable. Dès qu'il est arrivé, c'est ce qu'il a dit…" Et Hamilton de révéler que le contentieux du Grand Prix de Hongrie restait latent. "Nous avions déjà eu une réunion ce jeudi et Nico n'avait pas caché sa colère. Et j'étais assis là en train de me dire : 'Cela fait trois semaines et tu n'es toujours pas passé à autre chose ?!'"
  • 20h02. La BBC indique que Rosberg pourrait être sanctionné par la Fédération internationale de l'automobile. Un officiel de la FIA a déclaré que le résultat du grand prix a été validé. Néanmoins, la FIA a le pouvoir de convoquer les commissaires sportifs si de nouveaux éléments apparaissaient. Reste à savoir comment les propos de Rosberg, Hamilton, et des dirigeants Mercedes peuvent constituer des preuves à charge.
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Nico Rosberg (Mercedes) devant la presse après le Grand Prix de Belgique 2014

Crédit: AFP

  • 20h49. F1i vient de voir Toto Wolff, qui précise que la réunion entre ses pilotes a été "très tendue". Surtout, corrige la version de Lewis Hamilton en affirmant que le Britannique a mal interprété les propos de Nico Rosberg (voir l'article complet), qui s'exprime habituellement dans un anglais parfait. Il refuse la théorie de l'acte délibéré et ajoute : "Nico estimait qu'il devait tenir sa ligne. Il devait prouver quelque chose, et pour Lewis, ce n'était clairement pas lui qui devait faire attention." Pour le reste, rien n'a changé. "Cet accident reste inacceptable à nos yeux", martèle-t-il.
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