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Grand Prix de Belgique - Spa, meilleure chance de Lewis Hamilton (Mercedes) de gagner cette saison ?

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 27/08/2022 à 11:03 GMT+2

GRAND PRIX DE BELGIQUE - C'est l'opportunité de l'année pour Lewis Hamilton (Mercedes), qui n'en aura peut-être pas d'autres. Avec Max Verstappen (Red Bull) et Charles Leclerc (Ferrari) rejetés en fond de grille, la route vers sa première victoire 2022 s'est sacrément dégagée… Reste à se servir des expériences passées et prendre en compte les avertissements de vendredi.

Où classer Sebastian Vettel dans l'histoire de la Formule 1 ?

Lewis Hamilton est revenu tout revigoré de son break estival. Fort de cinq podium consécutifs au compteur, une série à peine imaginable au vu des difficultés éprouvées jusqu'alors par son équipe pour débarrasser sa W13 mal née de son affreux marsouinage, et commencer enfin à en extraire de la performance.
Trois top 3 suivis de deux places de deuxième, cela ressemble même furieusement à une progression irrésistible vers les sommets. Un retour, plus précisément, au bout du long chemin de croix entamé à Abou Dabi, lors de cette "finale" terrible pour lui. Car depuis Djeddah 2021, tout a mal tourné. Et ça fait 14 courses que ça dure. Un fait sans précédent dans sa carrière, une éternité à l'échelle de cet abonné au succès, chaque saison, depuis son entrée en Formule 1, en 2007.
Autre marque de cette montée en gamme, il totalise six top 3 et ne peut qu'envier l'ogre Max Verstappen (Red Bull) et ses dix podiums. C'est même incroyable, Charles Leclerc (Ferrari) ne peut en dire autant. Ni son coéquipier chez Mercedes, George Russell.

Les planètes alignées comme rarement

En regardant bien sa série de podiums entamée au Canada, on peut facilement réaliser cette notion de progression. Impressionnant de régularité, de fiabilité, l'Anglais a bénéficié quatre courses de suite d'un abandon adverse : Sergio Pérez (Red Bull) à Montréal, George Russell (Mercedes) à Silverstone, Sergio Pérez à nouveau à Spielberg et bien sûr Charles Leclerc (Ferrari) au Castellet. Mais à Budapest, sa nouvelle deuxième place, à 7 secondes du vainqueur, n'a résulté d'aucun coup de pouce, comme cela peut être le cas avec une voiture de sécurité.
Bref, il avait un peu tout ça en tête, ainsi que l'agenda des prochaines évolutions apportées à sa monoplace, lorsqu'il a lancé vendredi, au micro de Sky : "Je pense vraiment que la victoire est proche." Un élément de langage repris par son patron, Toto Wolff. Mais pour nourrir cet optimiste, il fallait autre chose de plus consistant encore. Et à quelques heures du début des essais du Grand Prix de Belgique, le pilote avait vent de la rumeur d'un changement complet de moteur pour Max Verstappen (Red Bull) et Charles Leclerc (Ferrari). Sanctionnable d'une relégation en fond de grille, dimanche.
Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Belgique 2022

Le V6 Mercedes, le bon élève

Vendredi, Christian Horner, le patron de Red Bull Racing, a évoqué un choix stratégique autant qu'une nécessité pour expliquer cet état de fait. Max Verstappen mène le championnat du monde avec 80 points de marge sur Charles Leclerc, et il aurait été idiot de se priver d'un tel filet de sécurité. L'an dernier, Max Verstappen l'avait démontré en prenant un joker moteur en Russie pour finir à la deuxième place. C'est surprenant, mais le boss anglais considère Spa-Francorchamps comme un terrain plus favorable pour une remontée. Et plus - cela n'étonnera personne - que tout autre circuit d'ici la fin de la saison.
De son côté, Mercedes peut se réjouir de ce timing choisi par Red Bull comme par Ferrari. Et se féliciter d'être pour l'instant le bon élève du peloton. Les Gris ont monté un troisième V6 dans les W13 de Lewis Hamilton et George Russell vendredi, dans le parfait respect de l'esprit du règlement. Jusqu'au bout ? C'est la question. En somme, on peut soupçonner Toto Wolff de profiter d'une occasion de gagner ce week-end en "l'absence" de Max Verstappen et Charles Leclerc et de se réserver quand même le droit de passer ses quatrièmes moteurs à Monza, dans deux semaines…
Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Belgique 2022

La loi des champions

Avec tous les sacrifices consentis et la nécessité de remporter cette victoire qui ferait un peu oublier Abou Dabi 2021 (Toto Wolff a avoué qu'il y pensait tous les jours), Lewis Hamilton a tout pour décrocher cette 104e victoire qu'il n'a attendue comme aucune autre, et qui ferait l'effet d'une libération. Bien sûr, il ne peut négliger la concurrence de George Russell, auteur de sa première pole position en Formule 1 à Budapest. Mais pour le reste, les chiffres sont têtus : ça fait cinq fois qu'il reprend des points à son jeune coéquipier. Pour une raison de plus en plus évidente : fatigué mentalement en début de saison par le contre-coup d'Abou Dabi, il est de nouveau la référence de l'équipe, le guide qui montre la lumière au bout du tunnel.
Et puis, c'est peut-être tout simplement une question d'envergure en ce théâtre particulier, extraordinaire, qu'est le circuit de Spa-Francorchamps. Depuis son retour comme site du Grand Prix de Belgique, en 1983, le circuit ardennais n'a célébré que des champions du monde, à l'exception de David Coulthard (McLaren) en 1999, Felipe Massa (Ferrari) en 2008, Daniel Ricciardo (Red Bull) en 2014 et Charles Leclerc (Ferrari) en 2019. Quatre exceptions qui n'en seront peut-être plus que trois un jour. Avec Max Verstappen (Red Bull) - a priori - hors-jeu pour la victoire, Fernando Alonso (Alpine), Sebastian Vettel (Aston Martin) et donc Lewis Hamilton (Mercedes) sont les autres têtes couronnées en lice pour prolonger cette loi statistique, et forcément théorique.
Lewis Hamilton (Mercedes) au Grand Prix de Belgique 2022

La leçon donnée par Ferrari en 2018

Au-delà de cette supputation, Lewis Hamilton a une belle carte à jouer ce week-end, c'est indéniable. On devrait théoriquement le voir batailler pour la victoire contre Carlos Sainz (Ferrari), au vu des difficultés de Sergio Pérez (Red Bull) vendredi. Et ses résultats passés à Spa-Francorchamps témoignent d'une certaine aisance sur ce circuit qui ne s'offre qu'aux grands. Depuis l'édition houleuse de 2014 et la bourde de son coéquipier Nico Rosberg qui l'avait mis hors-jeu, il a invariablement terminé sur le podium.
Et si le circuit a changé sans ses abords cette année, il en connaît les moindres finesses et caractéristiques. En pole position en 2018, il s'est fait gober à l'aspiration par la Ferrari de Sebastian Vettel - dont la puissance moteur était déjà fort suspecte - dès les premiers hectomètres, sans rémission. Une situation qui pourrait se reproduire dans les roues de la "rossa" de Carlos Sainz ; ce à quoi il est prêt, tout comme Mercedes. "L'aspiration à Spa-Francorchamps est très puissante en raison des longues lignes droites, particulièrement la section après le Raidillon d'Eau rouge, rappelle l'équipe de Brackley. Dans le premier tour, elle est encore plus puissante, car les pilotes en chasse peuvent cumuler les aspirations de multiples voitures. Et le l'absence de DRS dans le tour 1 peut aussi accentuer cet effort."

La piège de la cuvette

En 2018 justement, le V6 Mercedes de Lewis Hamilton n'avait franchement rien pu contre le déchaînement de la cavalerie italienne. Et les Gris semblent avoir travaillé pour éviter cet écueil, vendredi. En déchargeant les appuis pour les secteurs rapides 1 et 2, elle a sacrifié la performance dans la portion du milieu. Est-ce viable ? C'est la question à laquelle les derniers essais et la qualification répondront. Car c'est peut-être la seule façon de compenser le déficit de puissance qui risque de se payer au prix fort, longtemps. "De la sortie de La Source au freinage des Combes, les pilotes restent pied au plancher pendant environ 23 secondes, soit 1,875 mètres", indique Mercedes…
Conséquence peut-être de ce parti pris risqué - mais c'est souvent comme ça à Spa - Lewis Hamilton s'est quand même fait une belle frayeur en perdant un court instant l'arrière de sa Flèche d'argent en bas du raidillon d'Eau rouge, lors des essais libres 2. Une véritable alerte résultante de cet endroit particulier, qui conduit le pilote à manœuvrer sur un fil. Et pour Hamilton comme Russell, ce sera un passage à soigner. "Les pilotes et les voitures subissent généralement une forte compression d'en bas d'Eau Rouge jusqu'en haut de la montée du Raidillon, rapporte Mercedes. Ils passent à peu près à la Vmax enregistrée dans cette section. Cela signifie qu'il y a 3g de compression verticale. Un resurfaçage et un remodelage ont eu lieu dans cette section, ce qui peut avoir éliminé l'une des plus grosses bosses et légèrement adouci les forces de compression."
Bref, Lewis Hamilton est plus que jamais sur le chemin de la victoire à Spa, mais celui-ci est semé d'embûches.
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