Le sans-faute d'Alonso

Fernando Alonso reste un "racer" hors pair. L'Espagnol l'a démontré en remportant le Grand Prix de Malaisie, deuxième des vingt manches du Mondial 2012, dimanche à Sepang. Qualifié 8e à 1.3 sec la pole au volant d'une F2012 notoirement ratée, le double champion du monde a tiré tout le parti des variables à sa disposition en course, à savoir des conditions météo changeantes imposant des décisions stratégiques cruciales et un pilotage sûr. Lancé sur un revêtement mouillé, sous une légère pluie, le Grand Prix a dû être neutralisé en raison d'une piste impraticable au 7e passage, et stoppé après le 8e des 56 tours prévus.

Cinquième à l'issue du 1er tour suite à l'accrochage entre le Français Romain Grosjean (Lotus, contraint à l'abandon), et l'Allemand Michael Schumacher, "Nando" s'est retrouvé en embuscade derrière les McLaren du poleman Lewis Hamilton et de Jenson Button, et les Red Bull de Mark Webber et Sebastian Vettel. A la suspension de la course, il figurait toujours derrière le quatuor de tête, Sergio Pérez (Sauber) occupant la 3e place derrière les MP4 et devant la RB8 de Webber, pour avoir troqué ses gommes "intermédiaires" contre des "pluie" dès le 2e tour, soit quatre boucles avant les ténors.

A la reprise, Alonso et Ferrari ont preuve d'une sacrée "vista" pour mettre en échec leurs adversaires. Au 14e tour, l'Ibère a rangé Webber dans ses rétroviseurs pour la 3e place, puis il a pris le pouvoir lorsque les McLaren boys sont rentrés, un tour après lui. Hamilton retardé par un souci à l'avant droit, le sort s'est aussi rapidement abattu sur Button, victime d'une incompréhension dans le trafic avec l'Indien Narain Karthikeyan (HRT). Un accrochage plus tard, le champion du monde 2009, vainqueur de la première course à Melbourne, reprenait un aileron avant et sombrait au classement.

Aux commandes de la 860e course du Mondial, Alonso distancait alors Pérez et Hamilton, faisant un usage particulièrement précautionneux de ses pneus "medium". Il connaissait une petite alerte à mi-course avant de signifier à ses poursuivants qu'il entendait rester le patron. Derrière, Sauber ne s'avouait pourtant pas vaincu, autorisant Pérez à "taper" dans ses pneus pour réduire l'écart. Le Mexicain volant presque revenu au contact, la Scuderia prenait alors la bonne décision de faire rentrer Alonso au 41e tour, une boucle avant Pérez. L'opération permettait à l'as d'Oviedo de gagner quatre secondes et de remettre son rival à 7.1 secondes. Mais, encore une fois, l'espoir de l'écurie suisse reprenait son rythme endiablé pour rétablir le contact avec la "rossa" n°5. Il cherchait depuis quelques temps l'ouverture lorsqu'une incursion hors piste, au virage n°14, le remit définitivement à bonne distance. Alonso pouvait alors contrôler et filer vers son 28e succès en Mondial. "Je savais qu'il fallait le dépasser le plus vite possible, car mes pneus avant se dégradaient de plus en plus", a expliqué "Checo". "A un moment, je suis sorti trop large du premier virage, je suis passé dans la partie mouillée, j'ai eu de la chance de pouvoir revenir sur la piste mais j'avais perdu la bataille pour la victoire."

"C'est la grosse surprise, notre victoire", a résumé Alonso. "Nous n'étions pas compétitifs en Australie, nous ne l'étions pas ici. Nous avons maximisé le potentiel qui était entre nos mains. Félicitations à l'équipe. Ils le méritent en ces temps rudes pour eux. C'est un dimanche dont nous nous souviendrons."

Lewis Hamilton (McLaren), Mark Webber (Red Bull) et Kimi Räikkönen (Lotus) ont complété le Top 5 devant les outsiders Bruno Senna (Williams), Paul di Resta (Force India) et Jean-Eric Vergne (Toro Rosso). Les champions du monde Sebastian Vettel (Red bull) et Jenson Button (McLaren) ont fini 11e et 14e.