Pole et crash : Leclerc refuse la théorie du complot, Verstappen enrage à la radio et Sainz au micro

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 23/05/2021 à 12:56 GMT+2

GRAND PRIX DE MONACO - Charles Leclerc (Ferrari) a redit après sa pole position validée par un drapeau rouge qu'il n'avait pas provoqué son accident, samedi en Principauté. Ce que Max Verstappen (Red Bull) et Carlos Sainz (Ferrari) ont plus ou moins bien encaissé.

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Deux façons différentes de gérer la frustration. En fracassant sa Ferrari contre le rail en sortant du esse de la piscine, à la dernière minute de la qualification samedi, Charles Leclerc a privé Max Verstappen et Carlos Sainz de l'opportunité de contester la pole position du Grand Prix de Monaco en déclenchant un drapeau rouge, synonyme de fin prématurée des essais. A chaud, le Néerlandais et l'Espagnol ont eu des réactions diamétralement opposées. Si le pilote de Red Bull a pris acte de l'incident en regrettant la chance manquée, le second pilote Ferrari n'a pas caché son agacement.
"Ce n'était bien sûr pas fait exprès. Ce sont des choses qui arrivent sur un circuit urbain", a argumenté le natif de Monte-Carlo, qui n'a jamais vu l'arrivée d'une course à domicile en deux tentatives en Formule 2 et deux autres en Formule 1. Et qui s'était maudit en tapant en arrivant sur une chicane en plein money time, à Bakou en 2019.
Bien sûr, cet épisode a fait penser au coup de Jarnac de Michael Schumacher en 2006. Détenteur du meilleur temps, l'Allemand avait garé sa Ferrari à la Rascasse, stoppant le tour prometteur de son rival Fernando Alonso (Renault). Confondu par la télémétrie de sa 248 F1, le septuple champion du monde avait été rétrogradé en dernière position. En revanche, Nico Rosberg était parvenu à conserver sa pole position en 2014, malgré une manœuvre au minimum litigieuse pour certains, et confondantes pour d'autres. Dont son coéquipier Lewis Hamilton. Mais l'étude des données de la Flèche d'argent n'avait pu établir de caractère intentionnel.
"Si je l'avais fait exprès, j'y serais allé un peu moins fort !", a insisté Charles Leclerc.

"Cela aurait été un putain de tour !"

Bien sûr, Max Verstappen l'a mal pris sur le coup. Son ingénieur, Gianpiero Lambiase l'a appelé en plein tour chrono pour lui indiquer que c'était fini. "Leclerc s'est mis dans le mur", lui a-t-il expliqué. Pour évacuer sa frustration, le pilote de la RB16B n°16 a lancé une bordée de jurons à la radio. "Cela aurait été un putain de tour !", a ajouté le Batave. "Cela pourrait être un changement de châssis, et nous avons Lewis P7", a ajouté le technicien italien. Sans calmer son pilote. "Ça m'énerve !", a conclu Max Verstappen, en rentrant au ralenti.
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En passant à la pesée, le n°2 mondial a laissé paraître un petit sourire forcé qui cachait mal ses états d'âme. Mais il a ensuite répondu avec calme au micro de Paul di Resta pour les interviews à chaud. Il a trop souvent répété cette saison qu'il ne voulait pas perdre d'énergie dans des luttes inutiles. "Ce drapeau rouge est une malchance, a-t-il déclaré. J'étais confortable, je montais en cadence progressivement, et personne n'était en mesure de signer un temps dès son premier tour lancé et on avait tout planifié. Après deux tours de lancement (pour chauffer les pneus), le troisième devait être le plus rapide. Tout se déroulait très bien. Le drapeau rouge a tout ruiné."
Et de confirmer que pour lui tout cela n'était qu'un incident, que passer en toute fin session comportait un risque. "Ça signifie que c'est facile de prendre un drapeau rouge, mais on ne s'y attend pas", a reconnu Max Verstappen, qui avait commis exactement la même erreur que le Monégasque en 2016 et en 2018.
Néanmoins, MV33 n'avait pas renoncé sur le coup à l'éventualité d'un retournement de situation : "L'arrière de la monoplace de Charles Leclerc n'a pas l'air au mieux. Si c'était notre voiture, nous remplacerions assurément la boîte de vitesses à 100%."
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"J'avais beaucoup de potentiel dans les mains"

Deuxième au départ, Max Verstappen a de quoi relativiser car Lewis Hamilton est passé complètement à côté en qualifiant sa Mercedes au septième rang. En revanche, Carlos Sainz a mal pris ce coup de théâtre. En verve jeudi et positionné à seulement 0"047 de Max Verstappen lors des derniers essais libres, l'Espagnol a connu une explicable baisse de régime en Q1 et en Q2 et comptait se refaire en Q3. Malgré son quatrième temps, à 0"265, il a livré son analyse dans une colère froide, en visant sans le dire son coéquipier à l'origine de ses déboires.
"On aurait dû être premier et deuxième, a-t-il dit à Canal+. Je ne suis pas heureux parce que j'ai eu très peu de chances dans ma vie d'être en pole position et aujourd'hui j'ai manqué cette chance. J'avais beaucoup de potentiel dans les mains. Je faisais des 1'10"1, 1'10"2 (ndlr : Charles Leclerc a fait la pole en 1'10"346) et je n'ai pas eu cette chance d'aller chercher cette pole. Je m'en fiche des jours précédents, c'est aujourd'hui qui comptait pour être en pole. C'est donc difficile à accepter."
"Extraordinairement déçu" comme il l'a dit par ailleurs, la recrue de Maranello, ex-McLaren, voit son coéquipier prendre le dessus chez Ferrari, week-end après week-end. Battu quatre fois en cinq confrontations directes en qualifications, il n'affiche que 20 points au Championnat du monde contre 40 à son voisin de stand.
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