Lewis Hamilton (Mercedes) : "La victoire dont je suis le moins fier"

Lewis Hamilton s'est répandu en explications gênées, dimanche à Sotchi. Pas facile d'hériter d'une victoire illégitime dont il n'avait en plus pas forcément besoin. Défait en qualification par son coéquipier de Mercedes, Valtteri Bottas, le Britannique aurait fini deuxième derrière le Finlandais sans une intervention de l'équipe Mercedes pour inverser les positions, au 25e des 53 tours du Grand Prix de Russie.

A l'arrivée de la 16e manche du Mondial, il a tenté de réconforter le Finlandais, reconnu le mérite de son partenaire et l'anomalie d'un résultat justifié seulement par les 50 points d'avance qu'il compte désormais au championnat du monde sur Sebastian Vettel (Ferrari). Sur le podium, il a même proposé à son coéquipier d'échanger les trophées...

"Je ne me souviens pas avoir fini premier et ressentir ça, a-t-il confié. Nous, les pilotes, existons pour gagner. Ce n'est pas comme cela que je voulais gagner, mais l'équipe a pris la décision. C'est important de reconnaitre que Valtteri a été un absolu gentleman. Nous devons vivre ce moment, mais sur la liste de mes victoires c'est celle dont je suis le moins fier."

"Il n'y a pas tant de coéquipiers qui feraient ça, a-t-il complété. J'ai assuré à Valtteri que ce n'est pas quelque chose que j'ai demandé, mais c'est ce que le team a senti bien de faire. C'est étrange de se trouver dans cette position."

"Nous avons fait rentrer Lewis avec un tour de retard et j'en assume la responsabilité, a expliqué Toto Wolff, le directeur d'équipe. J'étais en discussion au moment où il fallait l'appeler et j'ai laissé passer la bonne fenêtre. L'objectif à ce moment-là était de préserver sa deuxième place et non de sacrifier Valtteri. Avec ce tour de retard, Lewis est ressorti derrière Sebastian et, en se bagarrant pour le doubler, il a cloqué ses pneus. On prenait un risque en le laissant sous la menace de Vettel avec des gommes endommagées. On a donc décidé de changer les positions. C'était le choix le plus rationnel. Mon coeur de sportif, comme le vôtre, dit non à cette décision. Ma raison oui. A cinq courses de la fin, on ne pouvait pas se permettre de rendre la position de leader à Valtteri. Il y avait sept points en jeu. En compter 43 ou 50 d'avance, ce n'est pas la même chose. Imaginez que Lewis fasse zéro au Japon. D'un coup, l'écart deviendrait bien plus difficile à gérer. Nous devons privilégier la course au titre."

"Quand ils m'ont prévenu qu'ils avaient demandé ça à Valtteri, je ne sais pas si vous m'avez entendu, mais j'ai répondu: 'Dites-lui juste d'accélérer', parce que j'avais Sebastian à mes trousses, tout près. Ça n'est pas ce que je voulais donc, oui, naturellement, je ne me sentais pas bien en le doublant. Je ne savais pas ce qui était prévu pour la fin. J'attendais d'avoir des nouvelles, mais je me doutais que l'équipe voulait que ça se termine comme ça", a-t-il conclu.

"C'était une journée difficile, a concédé Bottas. C'est évidemment un bon résultat pour l'équipe, nous avons obtenu le maximum de points, mais pour moi, comme tout le monde l'a vu, la course a été assez difficile. Lewis se bat pour le championnat des pilotes et moi non. L'ordre dans lequel nous avons terminé, par rapport à nos positions de départ, ne fait aucune différence pour les points des constructeurs. (...) Du point de vue de l'équipe, le résultat est idéal. Peut-être pas pour moi mais pour l'équipe, oui !"