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Honda, l'auto-destruction

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ParEurosport

Publié 06/12/2008 à 20:00 GMT+1

Touché de plein fouet par la crise industrielle, Honda arrête les frais en F1. L'écurie aura surtout été mal dirigée ses dernières années.

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Crédit: Eurosport

Fernando Alonso ne regrette pas le choix de la fidélité car il serait peut-être à pied aujourd'hui. Dans un moment d'égarement, il aurait pu opter pour de la Formule 0 en 2009, chez Honda. L'écurie a rêvé du double champion du monde de Renault jusqu'à l'automne, un signe parmi d'autres de sa déconnexion de la réalité. Victorieuse en Hongrie en 2006 pour son retour officiel en Formule 1, Honda Racing F1 Team, sous l'emprise de Brackley, aura ensuite multiplié les erreurs jusqu'à sa disparition annoncée jeudi ; un sacrifice pour sauver les intérêts sportifs de la marque dans le deux-roues.
A l'origine de la fatale dégringolade, il y eut d'abord la décision de courir en 2007 pour la cause environnementale sous la bannière "My earth dream", c'est-à-dire sans sponsors, suite au bannissement des cigarettiers gros pourvoyeurs de fonds. L'entreprise en soi louable, en phase avec les préoccupations de notre temps, a alors habitué l'équipe à vivre en dehors de toute logique économique, et donc quasi exclusivement des yens de la maison mère. Une erreur passe d'être réparée : la décoration planétaire, édulcorée en 2008 devait s'effacer sur la prochaine RA109 au profit de stickers moins écolo.
Vision de mécénat surréaliste et direction hasardeuse aussi, car dans le temps le management peu visionnaire de Nick Fry accélère la chute. Dans la maison depuis 2001 du temps de BAR, aux manettes depuis 2004, le directeur général britannique multiplie en effet les décisions contestables : Takuma Sato est évincé contre l'avis du Japon fin 2005 pour faire place à Rubens Barrichello, ex-Ferrari, et le designer Geoff Willis est licencié courant 2006.
Maladroitement privée d'un pilote adulé en son pays, l'écurie connaît alors une nette dégradation de son image, le Japon se prenant d'affection pour la petite dernière Super Aguri-Honda et sa star… Takuma Sato. En 2007, la situation se détériore aussi en piste car les RA107 au rendement aéro désastreux roulent les trois-quarts de la saison derrière les RA106 recyclées par Super Aguri avec beaucoup de malice et des moyens dérisoires. Malheureusement, Nick Fry ne trouve pas mieux pour défendre sa paroisse qu'intriguer en coulisses pour déménager les gêneurs. Après quatre Grands Prix en 2008, Super Aguri est bizarrement interdite de paddock. Mais Fry ignore que le sprectre du chômage l'attend, le 5 décembre.
Et c'est aujourd'hui avec un formidable aplomb que le Britannique tente de garder le sourire de façade qui cache ses méthodes de grand carnassier. Sans le moindre recul ni assurance sur la crédibilité de ses contacts -qui en a par les temps qui courent ?-, Fry a carrément annoncé le jour même du retrait de Honda : "Dans les 12 dernières heures, trois personnes sérieuses nous ont approchés pour racheter l'équipe".
"Je pense que nous avons des arguments attrayants", a ajouté Fry. "Nous avons donc beaucoup d'espoir, comme de nombreux observateurs de la Formule 1, que notre équipe réussisse un grand pas en avant. Il me semble que ce serait donc une belle opportunité pour qui serait intéressé".
"Ils ont dépensé beaucoup d'argent pour en arriver là, donc, si quelqu'un veut investir en Formule 1, c'est forcément une belle opportunité à étudier", a renchéri Bernie Ecclestone, gestionnaire intéressé des droits commerciaux de la discipline. Avant de s'aventurer en rajoutant : "C'est dommage. Je pense qu'ils auraient figuré dans le quatuor de tête en 2009 sans aucun problème". C'est à peu près ce que Nick Fry avait promis pour 2007 et 2008.
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