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Formule 1 - Ricciardo (Renault), la dimension d'un champion et la perspective d'un gâchis

Julien Pereira

Mis à jour 06/03/2022 à 17:55 GMT+1

SAISON 2021 – Ex-futur champion du monde, Daniel Ricciardo a gaspillé une saison – peut-être deux chez Renault – et tentera un nouveau pari à risque chez McLaren dès 2021. Preuve que le choix de carrière qu'il a fait en 2018 l'a peut-être condamné à devenir l'un des grands gâchis de l'ère moderne.

Daniel Ricciardo (Renault) au Grand Prix de Russie 2019

Crédit: Getty Images

La Formule 1 est un sport animé par les vingt meilleurs pilotes du monde - à quelques exceptions près. Parmi eux, certains se feront une petite place au palmarès ou une grande dans l'Histoire, offrant à leur nom une part d'éternité. Les autres ? Ils sont comme condamnés à l'oubli, à moyen ou long terme, même si Internet et les nouveaux modes de consommation leur offriront des chances de survie éphémère que leurs prédécesseurs n'ont pas eues.
On vous l'accorde, la démonstration est quelque peu schématique, voire incomplète et, fort heureusement, les souvenirs ne se forgent pas uniquement sur des chiffres. Disons simplement que les titres constituent, presque toujours, une garantie. Dans dix ou vingt ans, on se souviendra par exemple de Nico Rosberg, bien plus que s'il n'avait pas accompli la saison d'une vie, en 2016, pour coiffer la couronne.
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Daniel Ricciardo

Crédit: Eurosport

Pour l'heure, il est difficile de deviner quelle place aura Daniel Ricciardo dans notre mémoire d'ici une décennie, deux, ou plus encore. Après tout, peut-être coulera-t-il sa retraite en contemplant une poignée de trophées de champion du monde rangés dans l'armoire. Nul ne peut affirmer le contraire avec certitude. Mais, à l'instant où vous lisez ces lignes, il existe, pour ce pilote en particulier plus que pour tous les autres encore en activité, le risque que l'on ne garde qu'un sentiment de gâchis.

Un talent, un personnage, des faits d'armes

Car, au contraire de Lewis Hamilton, Sebastian Vettel ou Kimi Raïkkönen, l'Australien ne s'est pas encore fait une place au chaud. Et à désormais 30 ans, il n'a plus une dizaine de saisons devant lui pour y parvenir, à la différence de Charles Leclerc ou Max Verstappen. Pourtant, il a tout le reste. Le talent, bien sûr. Sans cela, il n'aurait pu convaincre une écurie de mettre son quadruple champion du monde à la porte, comme l'avait fait Red Bull en 2014, au bout d'une saison où le pilote de Perth avait glané 71 points de plus que Vettel.
Depuis, Ricciardo n'a cessé d'être le garant d'un spectacle à une époque où cela n'a jamais été aussi difficile. Son sens du dépassement hors norme lui a permis, par intermittence, de donner une dimension particulière à certains Grands Prix dont il n'est pourtant pas ressorti vainqueur : en Hongrie ou en Chine en 2018, au Japon en 2019... "Honey Badger" est un personnage charismatique qui a été capable de créer des symboles dont le grand public et les médias raffolent. Son sourire est une vraie marque de fabrique, son "Shoey" est maintenant une marque déposée.
L'Australien est donc unique en son genre mais tout ce qu'il a bâti, sur la piste ou en dehors, demeurera inachevé tant qu'il n'y aura pas ajouté la valeur inestimable qu'offre un titre. Il s'en est pourtant détourné le jour où il a décidé de tenter le pari risqué de gagner avec Renault. Il l'avait concédé à demi-mot, la réussite d'Hamilton avec Mercedes lui avait laissé penser que le jeu en valait la chandelle. C'était oublier que ce succès-là tenait à un changement de réglementation unique dans l'Histoire - le passage aux motorisations hybrides - et que, de toute façon, s'investir dans un projet de fond ne garantit jamais un tel aboutissement.

McLaren, déjà la dernière chance ?

Après s'être éloigné du Graal une première fois, il lui sera maintenant plus difficile de s'en rapprocher. C'est là un pan cruel de la F1 et, pour lui, il s'est déjà matérialisé. Lors d'une récente interview qu'il a accordée à CNN, Ricciardo a confirmé avoir entretenu des contacts avec Ferrari avant de s'engager avec McLaren. "Comme vous pouvez le constater, ils n’ont pas abouti, a-t-il confié. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je préfère ne pas trop m’attarder là-dessus."
Sans faire injure à la légendaire écurie britannique, le pilote de Perth n'y repart pas de zéro mais de très loin, alors que ses 7 victoires, 13 poles et 29 podiums en carrière avaient plutôt tendance à le tirer vers le haut. McLaren a considérablement progressé la saison dernière. Un peu, d'ailleurs comme l'avait fait Renault avant que l'Australien ne s'y engage.
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Daniel Ricciardo (Renault) lors des essais de pré-saison, à Barcelone, le 19 février 2020

Crédit: Getty Images

Mais il est encore difficile de l'imaginer retrouver les sommets tant l'écart la séparant de Red Bull, Ferrari et Mercedes est important. Le nouveau règlement technique, effectif à partir de 2022, pourrait rebattre les cartes. Ricciardo aura lors 33 ans. Autrefois, c'était encore un âge où l'on devenait champion du monde pour la première fois. Aujourd'hui, c'est un âge où l'on envisage la retraite. Ce n'est pas son ancien coéquipier qui dira le contraire.
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