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Handball – Euro 2022 : Avant France-Pays-Bas, chez les Bleus, parole à la défense

Vincent Roussel

Mis à jour 20/01/2022 à 14:46 GMT+1

EURO 2022 – Qualifiés pour le tour principal, qu’ils aborderont ce jeudi (18h00) face aux Pays-Bas, les Bleus s’appuient, depuis le début de la compétition, sur une défense ultra-solide qui leur a permis de dégoûter les attaquants adverses. Mais le forfait de Karl Konan (positif au Covid-19) pourrait venir perturber les solides fondations rapidement installées depuis 3 semaines.

Vincent Gérard, ici en plein "High Five" avec Dika Mem, symbolise la solidité tricolore depuis le début de l'Euro 2022

Crédit: Getty Images

Ils y sont habitués, puisque c’est le lot de ces compétitions internationales du début d’année. Mais les Bleus entament un nouveau chapitre de leur aventure dans cet Euro 2022. Exit Szeged, les joueurs de Guillaume Gille se retrouvent désormais dans la capitale hongroise, à Budapest. Nouvel hôtel, nouveaux adversaires, et nouveaux challenges sont au programme. L’équipe de France voudra, en revanche, poursuivre sur sa dynamique du tour préliminaire, avec trois victoires en trois matches, qui lui a donné le statut de prétendant sérieux aux demi-finales, après les doutes qui ont pu escorter son entrée dans la compétition du fait d’une préparation cauchemardesque.

Konan absent, de nouvelles pistes à explorer en défense

"On est très content d’avoir obtenu notre qualification avec la manière, on a rempli le contrat. Maintenant, une nouvelle compétition commence", s’est réjoui, lundi soir au micro de beIN Sports, le demi-centre des Bleus Kentin Mahé, auteur d’une prestation remarquable avec six réalisations, dans un collectif qui a livré un récital offensif. Mais les sextuples champions du monde se sont surtout, une nouvelle fois, illustrés en défense, où ils ont concassé des Serbes qui, longtemps bloqués à 5 buts, ont rejoint les vestiaires à la mi-temps à 16-7.
Cette assise défensive - symbolisée par l’entrée réussie dans l’équipe de Karl Konan qui a complété avec brio Ludovic Fabregas dans l’axe central de la défense tricolore en remplacement de Luka Karabatic, l’habituel titulaire absent pour cause de blessure - pourrait être mise à mal par le compagnon non désiré des champions olympiques depuis la fin décembre : le Covid-19. Alors qu’ils organisaient leur déménagement du sud vers le nord de la Hongrie, les Bleus ont appris mardi que le joueur d’Aix n’aurait pas l’occasion de confirmer ses bonnes performances au moins lors des deux premiers matches du tour principal, après que son test effectué lundi soir s’est révélé positif.
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Ludovic Fabregas (à gauche) et Karl Konan en plein travail défensif lors du match de l'Euro 2022 face à la Serbie

Crédit: Getty Images

Alors que d’autres sélections, à l’instar de la Croatie, premier adversaire des Tricolores dans cet Euro, ou l’Allemagne, pour ne citer qu’eux, ont également vu leur compétition perturbée par le coronavirus, cela ne risque pas de réconcilier Nikola Karabatic et ses coéquipiers avec l’EHF. D’entrée de compétition, les Français n’avaient pas manqué de pointer du doigt le manque de cohérence entre un protocole sanitaire très strict suivi par les Bleus, et l’organisation en dilettante de l’organisation européenne, qui a logé les participants dans des hôtels où ils croisaient des clients souvent peu scrupuleux quant au respect des gestes barrières.
Ça va compliquer la tâche des Bleus, puisque l’équilibre qui avait été trouvé jusqu’à maintenant était parfait
"Honnêtement on se doutait bien que cela allait nous tomber dessus un jour, a réagi, fataliste, le capitaine Valentin Porte en conférence de presse ce mercredi. La tuile est qu’en effet cela tombe sur Karl qui depuis le début de la compétition est une pièce maîtresse du collectif et de la défense. Il commençait à faire peur à tous les adversaires. Sans lui, on va devoir repenser certaines choses", a reconnu le Montpelliérain. Après avoir déjà dû monter à la hâte une animation défensive pendant la préparation, les Bleus retournent quasiment à la case départ.
Si le pivot nantais Théo Monar, 20 ans, qui évoluait jusqu’ici en réserve, a été appelé par Guillaume Gille, le sélectionneur tricolore devrait choisir un joueur déjà en Hongrie depuis le début de la compétition pour remplacer Konan. L’autre pivot du groupe, Nicolas Tournat, pourrait légitimement postuler à cet intérim. Le technicien français a aussi évoqué les piges réalisées à ce poste par Dika Mem et Nikola Karabatic, faisant de ces deux joueurs une solution au problème. Jérôme Fernandez, consultant pour Eurosport, a une préférence pour ce dernier : "Je pense que Niko (Karabatic) peut aider en se mettant dans le secteur central avec Ludovic Fabregas, pose le recordman de buts marqués en équipe de France. Ce sera plus solide qu’avec Tournat ou même Théo (Monar), qui va découvrir ce niveau et qui est très agressif dans ses défenses, ce qui fait que, souvent, il se fait sanctionner".
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Nikola Karabatic (à droite), est une des solutions avancée par Guillaume Gille pour remplacer Karl Konan (à gauche)

Crédit: Getty Images

"On est en train d’échafauder un plan", a pudiquement indiqué Gille, qui comptait sur la séance de ce mercredi après-midi pour régler les derniers détails. Quel que soit ses choix, cette absence va, dans tous les cas, entraîner un jeu de domino au sein de l’effectif et possiblement perturber la machine tricolore, qui a fait preuve d’une maîtrise remarquable lors de ses trois premiers matches. "Ça va compliquer la tâche des Bleus, puisque l’équilibre qui avait été trouvé jusqu’à maintenant était parfait", commente Fernandez. Des joueurs comme Thibaud Briet, l’arrière gauche de Nantes qui fait ses débuts en équipe nationale, auteur d’une bonne performance face à l’Ukraine (3/3 au tir), devraient, si Karabatic est plus sollicité en défense, avoir plus de temps de jeu, et donc de responsabilités au sein de l’attaque française.
Les Pays-Bas ? C'est une équipe très joueuse, qui met beaucoup de rythme et d’intensité dans tout ce qu’elle fait et pratique un handball total
Romain Lagarde, peu en vue lors du premier tour, devra lui hausser son niveau pour permettre aux Bleus de faire face à une adversité qui s’annonce relevée, notamment l'Islande et les double champions du monde en titre danois. Tout comme Melvyn Richardson, fils de la légende tricolore Jackson Richardson, qui a paru inhibé lors de cette première semaine : "Je ne suis pas inquiet parce qu’il va y avoir un déclic à un moment. Pour l’instant il était en rodage, il sort d’une demi-saison où il a eu très peu de temps de jeu avec le Barça, il a besoin d’un match référence pour se lâcher, il faut espérer que ce soir le prochain", positive Jérôme Fernandez.
S’ils ont bénéficié de deux jours de repos, les quatrièmes du dernier Mondial s’apprêtent à disputer quatre matches en 6 jours, à commencer, ce jeudi, par les Pays-Bas d’un certain Luc Steins, l’actuel joueur du PSG, qui évolue en France depuis bientôt six ans et qui a régalé les siens de ses passes magiques et ses fulgurances dans les défenses, faisant par exemple tomber les Hongrois à domicile. "C’est une équipe bien rôdée avec des joueurs de grande qualité, l’a décrypté Guillaume Gille, qui a aussi évoqué "une équipe très joueuse, qui met beaucoup de rythme et d’intensité dans tout ce qu’elle fait et pratique un handball total, fait de beaucoup de mouvements. Ça nous oblige à être vigilants".
S’ils s’articulent le plus souvent autour d’une 0-6 à plat, les Français savent aussi évoluer dans une défense plus étagée, en 5-1, où Benoit Kounkoud, loin de la zone tricolore, vient harceler haut le porteur de balle pour gêner les offensives adverses. Ce qui pourrait aider à dérégler jeudi la troupe du serial buteur Kay Smits (32 buts à 78% de réussite), meilleur marqueur de l’Euro, et dont la sélection va disputer le premier tour principal de son histoire. Parmi toutes ces hypothèses, une seule certitude se dégage côté français : elle peut compter sur un gardien en lévitation depuis le début de la compétition.
Depuis les Jeux, Vincent Gérard se lâche, il a trouvé la confiance, ses repères, et ça fait six mois qu’il est excellent, tant en club qu’en équipe nationale
Lundi, face à la Serbie, Vincent Gérard a crevé l’écran, auteur de 10 arrêts, à 62% de réussite lors des 30 premières minutes (13 parades au final). Déjà bien entré dans son Euro face aux Croates (14 arrêts), le gardien du PSG semble sur la lancée des Jeux de Tokyo où il avait grandement contribué à ramener la médaille d’or. Régulièrement tancé jusqu’à il y un an, où ses performances trop neutres en Egypte avaient suscité quelques critiques, Gérard rassure grandement le collectif tricolore. "Il faisait quelques belles prestations mais ce n’était pas assez régulier, rembobine Fernandez. Là, depuis les Jeux, il se lâche, il a trouvé la confiance, ses repères, et ça fait six mois qu’il est excellent, tant en club qu’en équipe nationale. Si les Jeux ont été un déclic ? Oui, et puis il arrive à un âge où il est à maturité. Il a 35 ans, il connaît ses adversaires par cœur... Je pense que (les Jeux) lui ont donné de la confiance, et maintenant il est à la plénitude de ses moyens et qu’il est parti pour trois ou quatre saisons sur cette lancée", pronostique l’ancien entraîneur du PAUC handball.
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Vincent Gérard lors de l'Euro 2022 avec l'équipe de France

Crédit: Getty Images

Pourtant, après avoir manqué une partie de la préparation en raison d’un drame familial qui l’a touché fin décembre, le portier ne semblait pas arriver dans les meilleures dispositions. Mais il a parfaitement répondu présent : "Ce n’est pas un gardien qui joue sur ses qualités physiques et sur l’explosivité. C’est un gardien joueur, piégeur, qui n’a pas besoin d’être à 100% physiquement, on le voit bien. C’est mentalement qu’il a passé un cap, et qu’il a retrouvé le niveau qu’il avait à Montpellier avant d’arriver à Paris", le complimente Jérôme Fernandez.
"Il est, pour nous, un rempart essentiel, s’est enthousiasmé, de son côté, Guillaume Gille. On a besoin de performances de gardien pour pouvoir de grandir et avancer dans cette compétition". Gérard tentera, dès ce jeudi, de continuer à rentrer dans les têtes des tireurs adverses. Et ainsi de poursuivre la tradition qui veut que, chez les handballeurs français, une défense infranchissable, c'est le début du bonheur.
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