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Handball - Euro 2022 : La France, chahutée en préparation mais portée par son titre olympique, peut-elle viser haut ?

Vincent Roussel

Mis à jour 13/01/2022 à 10:57 GMT+1

EURO 2022 – Malgré son palmarès et son statut de champion olympique, la France est loin d’arriver en Hongrie en terre conquise. Guillaume Gille et ses hommes sortent d’une préparation grandement perturbée, avant d’aborder deux semaines qui s’annoncent intenses, à commencer par le match face à la Croatie ce jeudi (20h30). Si le dernier carré est dans le viseur, les Bleus s’attendent à en baver.

Les Bleus s'encouragent lors de leur match de préparation à l'Euro perdu face à l'Allemagne

Crédit: Other Agency

C’est une bonne nouvelle qui est tombée à pic. Mardi, la délégation de l’équipe de France a pu annoncer l’arrivée, à la veille du début de l’Euro, ce jeudi (20h30) à Szeged face à la Croatie, de Valentin Porte, le capitaine de la formation tricolore. En isolement depuis près d’une semaine après un test positif, celui-ci est encore incertain pour le premier match des Français, mais l’annonce de son ralliement au reste du groupe après un test négatif mardi a mis un peu de baume au cœur d’un collectif qui a vécu, et c’est peu de le dire, trois dernières semaines cauchemardesques.

Covid, rixe au couteau et blessures : les Bleus ont tout vécu

Ne parlez pas de magie des fêtes de fin d’année au sélectionneur de l’équipe de France, puisque lui n’a cessé de voir les mauvaises nouvelles s’accumuler, depuis la veille de Noël. Il a d’abord perdu l’un de ses piliers, Nedim Remili, essentiel sur la base arrière des Bleus, en raison d’une fracture à un pied survenu à un entraînement le 22 décembre. En plus de ce forfait, c’est le Covid-19 qui a ensuite rattrapé le groupe français, malgré un protocole sanitaire drastique. Le nombre de cas positifs n’a cessé de grimper, et le staff a dû procéder à de nombreux ajustements afin de pouvoir préparer au mieux, avec les quelques joueurs disponibles, "la compétition la moins prestigieuse mais la plus difficile à gagner", comme la qualifie Jérôme Fernandez, recordman de buts inscrits avec le maillot frappé du coq et consultant pour Eurosport.
La donne a changé mais, même avec les absences, on peut prétendre à un très bon résultat
Outre ces péripéties qui leur ont déjà rendu la vie difficile, les champions olympiques de Tokyo ont ensuite appris, avec effroi, l’agression au couteau d’Elohim Prandi lors du réveillon du Nouvel an. Touché à six reprises dans le dos, le joueur du PSG a frôlé le pire, mais il est aujourd’hui hors de danger et vient de sortir de l'hôpital : "Il va bien, ne vous inquiétez pas pour lui, je suis sûr qu’il reviendra très fort", a ainsi tenu à rassurer, à 48 heures du choc face aux Croates, son coéquipier en club et gardien des Bleus Vincent Gérard. Lui aussi a manqué le début de préparation, pour des raisons familiales. Voilà pourquoi, sans forcer, Kentin Mahé a parlé de période "chaotique".
"Je n’ai jamais vu ça. Dans un contexte aussi compliqué, avec des cas de Covid, des forfaits… C’est très compliqué de pouvoir se projeter sur une compétition avec une préparation comme ça, je n’aimerais pas être à la place du staff", dixit Jérôme Fernandez, qui a lui aussi assisté de loin à la difficile mise en place d’un match de préparation pour les Bleus avant le début des choses sérieuses. Alors qu’ils devaient d’abord affronter l’Egypte et la Norvège, la dégradation des conditions sanitaires et les mesures de restrictions ont finalement obligé la fédération à organiser deux matches face à l’Egypte, eux-mêmes reportés en raison des cas de Covid ayant touché la délégation égyptienne. Finalement, les Bleus ont pu se tester face à l’Allemagne ce dimanche, perdant d’un cheveu (35-34).
On porte le maillot de l’équipe de France et il faut le respecter. Ça demande de se surpasser. A chaque fois, l’équipe de France vise le dernier carré
Une belle pagaille, accentuée par les conditions d'accueil en Hongrie, qui met un sérieux coup aux ambitions tricolores, qui arrivaient, avant cela, dans la peau d’un des grands favoris de la compétition après la médaille d’or acquise l’été dernier ? "C’est sûr que la donne a changé, on est un peu moins favoris, parce qu’on n’a pas vraiment l’équipe qu’on avait aux Jeux", concède Nikola Karabatic, l’un des 9 rescapés de l’aventure tokyoïte. "Je pense que même avec ces absences, on peut prétendre à un très bon résultat", nuance toutefois le MVP des Euros 2008 et 2014, le dernier remporté par l’équipe de France.
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L'équipe de France de handball vise le dernier carré à l'Euro 2022

Crédit: Other Agency

"Pour nous ça a été difficile mais pour d’autres équipes aussi, fait valoir Vincent Gérard. Chaque soir on voyait des matches amicaux prévus être finalement reportés, ça ne sert à rien de se lamenter, la situation est ce qu’elle est. On se doit d’être performants, exigeants avec nous même, quand on est en équipe de France, on n’y va pas juste pour participer". "On n’a pas eu de réunion concrète pour se fixer un objectif particulier, raconte Kentin Mahé. On porte le maillot de l’équipe de France et il faut le respecter. Ça demande de se surpasser. A chaque fois, l’équipe de France vise le dernier carré, c’est ce qu’on aimerait atteindre. On sait qu’on a un effectif diminué, mais il reste de grande qualité à mes yeux. Il y a un grand nombre de joueurs qui ont envie de montrer beaucoup de choses", assure celui qui joue presque à domicile en Hongrie, puisqu’il évolue depuis 2018 à Veszprem, l’un des géants du handball en terres magyares.
Même si cette équipe est forte des expériences passées, elle a besoin de construire de nouveaux liens, de nouvelles complémentarités
Les amateurs de handball devraient donc voir beaucoup de nouveaux visages, jeudi face aux vice-champions d’Europe en titre (défaite 20-22 en finale face à l’Espagne) : Dylan Nahi, Thibaud Briet, Karl Konan, Aymeric Minne ou Remi Desbonnet vont ainsi vivre leur première compétition internationale avec les grands. De quoi laisser les observateurs dans le flou quant aux capacités de cette équipe à viser haut. "Le sport collectif, ce n’est pas aussi simple qu’une recette de cuisine, a imagé, un brin taquin, Guillaume Gille, qui a paru détendu en conférence de presse, mardi soir. Ce sont des équilibres à trouver. Le travail, vivre et souffrir ensemble, surmonter des difficultés, ce sont ces facteurs qui forgent un groupe. Même si cette équipe est forte des expériences passées, elle a besoin, à nouveau, de construire de nouveaux liens, de nouvelles complémentarités", a-t-il plaidé, comme pour prévenir que son équipe ne fera pas la même razzia que son homologue féminine, arrivée en finale du Mondial en décembre.
Avec cette équipe rajeunie, les cadres tricolores devraient ainsi être beaucoup plus sollicités : "J’attends beaucoup de Kentin Mahé, expose ainsi Fernandez. Dans son rôle de meneur de jeu, il a été très bon face à l’Allemagne. Je pense qu’il a un vrai rôle de leader à tenir sur cet Euro. J’attends bien évidemment Valentin Porte, quand il aura été testé négatif, et puis Vincent Gérard. Ce sont des joueurs qui doivent amener un plus de par leur expérience, et qui doivent amener du leadership et aider les plus jeunes, comme Fabregas et Mem, et les amener avec eux pour performer".
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Kentin Mahé et Ludovic Fabregas lors du match de préparation à l'Euro 2022 de la France en Allemagne (35-34)

Crédit: Other Agency

Une tâche qui galvanise plus les piliers tricolores qu’autre chose : "C’est la première fois que ça me fait ça, mais j’ai envie de me donner à fond pour que ces joueurs qui n’ont encore rien gagné en équipe de France puissent prétendre à un titre. Je veux partager cette euphorie qui est unique, c’est ce qui me motive", a affirmé Mahé. "Pour moi c’est un plaisir d’être là en tant qu’ancien et de pouvoir apporter toute mon expérience aux plus néophytes", a abondé Nikola Karabatic, dont le frère, Luka, homme de base de la défense tricolore, manquera lui aussi l’Euro pour cause de blessure, et verra son rôle échoir à Karl Konan.
Dans des groupes de cette intensité, il y a toujours de la casse, parce que le niveau entre les équipes est tellement resserré...
Le joueur d’Aix (4 sélections) devrait vivre un baptême du feu à l'Euro aussi crucial que complexe. Alors que seuls les deux premiers du tour préliminaire passeront à la phase suivante, la France, placée dans le groupe C, commencera son long parcours vers une médaille face à une Croatie revancharde, car privée des Jeux de Tokyo par… l’équipe de France, lors du TQO il y a un an. Loin de ses standards du Mondial 2009, où les Bleus l’avaient emporté sur le sol croate en finale, l’équipe désormais entraînée par Hrvoje Horvat a prouvé, il y a deux ans, qu’elle avait de la ressource. "Ils ont de très bons joueurs, même si c’est plutôt une nation qui aime marquer des buts et qui défend histoire de, analyse Jérôme Fernandez. Ils n’ont pas une culture de la défense mais ce sont de super bons joueurs. Ils aiment te piéger, ce sont des joueurs qui te truquent un peu le match, qui te faussent le rythme de la rencontre, donc c’est toujours un peu difficile à jouer".
A un peu plus de 24 heures du match, l’incertitude régnait encore sur la participation de deux des plus beaux joyaux de l’équipe au maillot à damier : Luka Cindric et Domagoj Duvnjak, qui ont eux aussi contractés le Covid-19 et attendent un test négatif pour être autorisés à jouer. "Tous les matches vont être cruciaux, pour la confiance et surtout pour la suite de la compétition", rappelle l’ancien arrière gauche des Bleus, alors que la France enchaînera face à l’Ukraine (18h00), samedi, avant de retrouver, lundi, la Serbie (20h30), qui lui avait infligé une défaite en qualifications, il y a un an (27-24) avant de concéder le nul en fin de match (26-26) lors de la revanche.
Autant dire qu’une défaite d’entrée assombrirait l’horizon des Bleus, qui pourraient retrouver le Portugal, le Danemark ou la Hongrie en cas de qualification au tour principal. Mais Guillaume Gille, passé d’entraineur adjoint à entraîneur principal après l’élimination précoce des Bleus lors du dernier Euro, en remplacement de Didier Dinart, ne se fait pas de mauvais sang : "Quand on regarde l’historique des compétitions européennes, dans des groupes de cette intensité, il y a toujours de la casse, parce que le niveau entre les équipes est tellement resserré qu’un joueur en chauffe peut faire basculer le sort d’un match. Aujourd’hui on n’y pense pas, on se prépare à donner le meilleur". Soulagé que le terrain reprenne ses droits, après être tombé de Charybde en Scylla.
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