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Mondial 2021 - Avant France-Angola, Estelle Nze Minko : "C’est une drogue, finalement !"

Vincent Roussel

Mis à jour 03/12/2021 à 16:33 GMT+1

MONDIAL 2021 – A 30 ans, Estelle Nze Minko a tout gagné avec les Bleues (Mondial en 2017, Euro en 2018, l’or olympique à Tokyo). Mais la joueuse de Györ, en Hongrie, continue de courir, comme ses partenaires, après les récompenses, à commencer par un nouveau titre mondial en Espagne. L’arrière gauche raconte ce qui la motive, et les écueils qui attendent les Françaises dans cette compétition.

Estelle Nze Minko, qui a déjà tout gagné avec l'équipe de France, est à la poursuite d'une nouvelle médaille d'or en Espagne, lors du Mondial

Crédit: Getty Images

Comment se sont passées vos premières heures à Barcelone depuis votre atterrissage mardi ?
Estelle Nze Minko : Ça s’est bien passé, on a eu un voyage court, pour une fois, c’est agréable ! On est arrivé à Barcelone en fin de journée, le temps de s’installer, la soirée est passée assez vite. Mercredi on a eu un peu de temps libre pour prendre nos marques, découvrir l’hôtel où on va séjourner tout au long de la compétition, qui est superbe et bien placé dans le centre, puis on est parties à l’entraînement en fin de journée. On a pu découvrir la salle où on jouera tous nos matches (au Palau d'Esports de Granollers, à 30 kilomètres au nord de Barcelone, NDLR).
Le 8 août dernier, vous décrochiez la médaille d’or à Tokyo. Vous revoilà à la lutte pour un nouveau titre, dans quel état d’esprit se trouve le groupe ?
E. N. M. : L’état d’esprit est le même que pour chaque compétition en décembre. On a de l’envie, de la détermination, on se prépare à vivre une compétition internationale qui est tout aussi importante que les autres. Si on est là, c’est qu’on a envie de faire un résultat et de montrer que, même après avoir décroché le Graal - si on peut dire ça - il y a 4 mois, on est une équipe qui sait se remobiliser et performer quand il le faut.
C'était plus dur de relancer la machine en club. (...) Là, dans quinze jours, on peut avoir une médaille, donc ce genre de challenge reste excitant
L’euphorie est un peu retombée ? Vous avez eu le temps de savourer ?
E. N. M. : Franchement, c’est allé vite, on n’a pas eu beaucoup de temps pour en profiter. On a eu à peine une semaine de vacances après les Jeux et ensuite on a très vite enchaîné en club, avec d’autres objectifs forts pour la plupart d’entre nous, notamment la ligue des champions qui a repris tôt cette année. Mais au final, ce titre olympique se savoure au quotidien. C’est là, ça fait partie de nous, on capitalise sur plein de petits secteurs.
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Historique, les bleues sont championnes olympiques : danse de joie des françaises

Ça n’est pas trop dur de devoir repartir de zéro, sur une nouvelle mission ?
E. N. M. : Pour moi, c’était plus dur de relancer la machine en club, parce que, même si on joue des compétitions importantes comme la Ligue des champions, les matches commencent mais la partie la plus charnière a lieu en avril-mai (avec le début des quarts de finale, et donc des matches couperets, NDLR). C’est dur de se relancer sur des objectifs à long terme. Mais pour le coup, en équipe de France, ça commence demain (l’entretien a eu lieu jeudi), et dans quinze jours on peut avoir une médaille, donc ce genre de challenges sur 2 semaines, avec un tel aboutissement à la clé, ça reste excitant.
Qu’est ce qui continue à vous pousser à aller chercher toujours plus de titres ?
E. N. M. : Il y a le fait d’être ensemble. Quand on vit des émotions fortes avec un groupe, on a envie de recréer ou de revivre certaines choses, c’est un peu une drogue, finalement ! On a envie de regagner ensemble, de se recréer une nouvelle histoire avec plein de souvenirs.
On a fait deux bons matches [de préparation]. On arrive avec toutes nos capacités dans ce Mondial et c’est très précieux
Du groupe des championnes olympiques, Amandine Leynaud et Alexandra Lacrabère ne sont plus là (elles ont pris leur retraite internationale), ça vous fait bizarre de ne plus vivre ces moments avec elles ?
E. N. M. : Ouais, bien sûr, on peut aussi inclure Siraba Dembélé ! Ça fait bizarre, surtout que maintenant, je fais partie des plus anciennes de l’équipe, et c’était des filles avec qui j’étais et dont je suis toujours très proche, donc ça fait un vide, clairement. Mais c’est comme ça, c’est une histoire qui doit se réécrire, elles l’ont fait avant nous. Moi je me souviens de ce que me disait "Doudou" (le surnom d’Amandine Leynaud) avec qui je suis toujours très proche, puisqu’on joue aussi ensemble en club : "Mais tu crois quoi, quand t’es arrivée, pour moi t’étais un bébé, je ne pensais pas qu’on allait lier une amitié comme celle-là".
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Estelle Nze Minko et Amandine Leynaud avec leur médaille d'or

Crédit: Getty Images

Cinq joueuses présentes avec vous à Barcelone n’étaient pas de l’aventure à Tokyo, dont trois vont disputer leur première compétition internationale (Granier, Toublanc, Ondono), c’est aussi important pour apporter de la niaque ?
E. N. M. : Ça nous donne de la fraîcheur, oui. Ce sont des filles qui ont des étoiles dans les yeux, comme nous sauf qu’on a plus d’expérience. Ce sont des nanas qui rêvent de gagner un titre, de vivre ça avec l’équipe de France, qui veulent partager une grande compétition, créer quelque chose et faire partie à 100% de cette aventure-là, donc ça fait du bien.
Vous sortez de deux matches de préparation victorieux face à la Hongrie (33-28 et 29-28). Quels enseignements vous en tirez ?
E. N. M. : On est contentes de nos prestations. Un peu moins sur le deuxième (où elles ont été menées 18-14 à la pause, NDLR) que sur le premier, forcément, même si finalement, bien qu’en étant en difficulté, on a réussi à le gagner à l’expérience, sur la fin de la rencontre. On a joué une équipe hyper sérieuse, je pense d’ailleurs que la Hongrie fera un bon parcours pendant la compétition. Le principal c’est qu’on ait pu faire deux bons matches sans blessure, sans Covid… On arrive avec toutes nos capacités dans ce Mondial et c’est très précieux.
Il y a 2 ans, à Kumamoto, vous aviez vécu une grosse désillusion (l’équipe de France était sortie dès le tour préliminaire, notamment après une défaire face à la Corée du Sud et un nul contre le Brésil). Y’a-t-il aussi un sentiment de revanche par rapport à ce Mondial raté ?
E. N. M. : On n’est pas dans la revanche, chaque compétition est différente. On a vécu de belles choses entre temps, que ce soit la médaille d’argent à l’Euro ou les Jeux cet été, donc on a plus envie de capitaliser sur nos deux dernières compétitions, plutôt que sur Kumamoto, qui commence à se faire un peu vieux au final. L’équipe a encore plus changé depuis cette compétition, je ne sais même pas combien de joueuses qui étaient là-bas ne sont plus là aujourd’hui (9), mais ce n’est plus du tout la même équipe. Ça ne veut pas dire que ça ne peut pas se reproduire, mais ce n’est pas quelque chose qui nous motive plus que ça.
L’Angola, c’est une équipe réputée pour sa force physique. (...) On s'attend à être bousculées
Ce Mondial s’annonce corsé également, un gros premier tour vous attend. Que savez-vous des trois premiers adversaires que vous allez affronter, et notamment de l’Angola, que vous jouerez en ouverture ce vendredi (18h) ?
E. N. M. : C’est sûr que c’est un premier groupe un peu "bâtard" pour un championnat du monde. On a deux équipes qui sont dans le Top 10 européen, plus la meilleure équipe africaine, donc c’est un premier tour relevé. On connaît bien la Slovénie et le Monténégro, puisque ce sont deux équipes qu’on joue très souvent. On sait que ce sont toujours des combats engagés, que ça peut aller dans un sens comme dans l’autre et qu’il faut donc être vigilantes. L’Angola, c’est une équipe réputée pour sa force physique, ses qualités individuelles de débordement, de vitesse, de puissance. Donc ça va être un match très intense pour commencer la compétition, avec beaucoup d’engagement et de coups. On s’attend clairement à être bousculées.
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Estelle Nze Minko (Frankreich)

Crédit: Getty Images

Est-ce que ce que vous avez vécu au Japon cet été (au bord de l’élimination face au Brésil lors de la phase de groupe), va vous servir ?
E. N. M. : C’est sûr, après on parle beaucoup de ce début de compétition aux Jeux, mais il faut savoir qu’on avait une nouvelle fois la plus grosse poule de notre côté. On avait un groupe relevé, donc ce n’est pas qu’on a "chillé" les trois premiers matches, jusqu’au match couperet face au Brésil. Tout était dur, on s’est données à fond, donc on fera pareil là. Ça nous servira dans le sens où on sait ce que c’est de se retrouver au pied du mur et qu’on n’a pas envie de se retrouver dans cette situation, du moins pas aussi tôt.
Sur quoi le sélectionneur insiste à l’approche de ce tournoi ?
E. N. M. : Rien de particulier encore, cela dépendra au fil des matches, pendant la compétition. Mais sinon, il nous demande toujours la même chose, de reproduire les efforts. Il nous dit que, si on est là, c’est pour faire un résultat, qu’il faut être prêtes à s’engager, à retrouver notre défense… On a fait un point statistique sur les Jeux, donc on sait vers quoi il faut tendre pour produire un tel résultat.
On était déjà redoutées depuis un moment, ça n'amuse personne de jouer contre la France
Vous vous sentez particulièrement attendues, avec ce statut de championnes olympiques ?
E. N. M. : Je ne sais pas si on est plus redoutées depuis qu’on est championnes olympiques, je pense qu’on l’était déjà depuis un moment et qu’on fait partie des équipes où l’adversaire sait que ça va être dur. Ça n’amuse personne de jouer contre la France, tout comme ça n’amuse personne de jouer contre les trois ou quatre équipes qui dominent ces dernières années, comme la Russie, la Norvège, la Suède et le Danemark, qui n’était pas là aux JO et qui va revenir avec de la pêche puisqu’elles ont une compétition de moins dans les jambes, et qu’elles ont, à mon avis, bien les boules de ne pas avoir participé aux Jeux. Elles vont donc avoir envie de montrer qu’elles sont encore là. Et puis il y a aussi l’Espagne, qui est à domicile, qui peut être porté par ça. Nous on a joué un Euro en France et je sais que c’est une chance exceptionnelle dans un carrière que de pouvoir jouer une compétition à la maison. Les équipes qui reçoivent finissent souvent loin, donc il faudra se méfier
E. N. M. : C’est une question de point de vue. Personnellement, je ne pense pas du tout aux Jeux de Paris 2024. J’ai envie d’y être, bien sûr, mais c’est tellement difficile de se projeter. Là, il y a le Mondial, ensuite il y aura la Ligue des champions avec Györ, ensuite il y aura un Euro… Il y a mille trucs entre temps, ce n’est pas comme si on disputait une compétition tous les 4 ans. Donc pour l’instant, dans ma tête, il n’y a que le Mondial.
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Estelle Nze Minko arrête le temps à la guitare

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