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ENTRE NOUS - Estelle Nze Minko : "Avant je me posais plein de questions, la médaille d’or c’est ma réponse"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 07/10/2021 à 18:26 GMT+2

HANDBALL - Championne olympique à Tokyo en 2021, Estelle Nze Minko est la première invitée d’"Entre Nous", une série d’entretiens menée par Géraldine Weber. A cette occasion, la demi-centre de l’équipe de France et de Györ revient sur sa médaille d’or mais évoque également son rapport à la douleur, aussi bien mentale que physique.

Nze Minko : "Meuf, t’es championne olympique. Il y a des questions qu’il ne faut plus se poser"

La médaille d’or aux JO de Tokyo a-t-elle changé ta vie ?
Estelle Nze Minko : Oui, franchement oui. Ça change ma vie sur des aspects différents, il y a plein de questions que je me posais avant, et la médaille d’or c’est ma réponse. A chaque fois je me dis : "Tu es championne olympique en fait. Fin du débat !"
Peux-tu nous expliquer cette remise de médailles à Tokyo par Amandine Leynaud ?
E.N.M. : Ce n’était pas prévu comme ça… C’est une image que j’aime beaucoup. C’est très symbolique pour moi. Je suis amie avec "Doudou" depuis longtemps. C’était sa dernière compétition avec l’équipe de France. Finir comme ça avec elle, c’était vraiment spécial pour moi… C’était fort que je sois la dernière sur ce podium.
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Nze Minko : "La remise de médaille, c’est une image que j’aime beaucoup. C’est très symbolique"

Pourquoi as-tu choisi le handball ?
E.N.M. : C’est un hasard. La plupart de mes copines faisaient du hand. Il se trouve que je n’étais pas trop mal. J’aimais le fait de courir avec la balle, le contact, la dimension de combat.
Parlons de ton rapport à la douleur et au sacrifice du corps : où as-tu mal aujourd’hui ?
E.N.M. : J’ai des courbatures de malade. Je viens de reprendre. Première séance ce matin et j’ai mal partout. Rien de grave. Je suis hyper chanceuse, j’ai été épargnée par les blessures. Je ne fais pas partie de ces joueuses qui ont des pathologies qui reviennent régulièrement, je ne pense pas que je ferai partie des nanas qu’il faudra opérer de la hanche ou du genou, à condition que j’arrête à temps. J’ai un corps solide. J’ai de la chance.
Y a-t-il un jour où tu as voulu tout arrêter ?
E.N.M. : Tous les quatre jours ! Moi ce n’est pas le corps qui me traumatise le plus. C’est toute la dimension mentale, la pression, ce besoin de performer au quotidien, ça me rend "ouf", c’est avec ça que je galère le plus. Je suis déterminée, ambitieuse et il faut que je sois bonne tout le temps.
Je suis hyper exigeante, c’est une bonne chose parce que c’est ce qui m’a permis d’avoir les opportunités que j’ai eues ces dernières années et d’avoir ces titres et cette carrière, mais c’est archi-destructeur. Pour moi c’est ce qu’il y a de plus dur dans le sport, mais cette médaille va changer ma vie par rapport à ça….
Estimes-tu être une athlète torturée ?
E.N.M. : Oui, peut-être, mais je pense qu’on est tous un peu torturés. A partir du moment où tu dois être performant quoi qu’il arrive et que tu es ambitieux, que tu veux gagner des choses, qu’en plus tu veux exister à l’intérieur, et que quelque part on te juge sur cela, alors que tu as aussi ta personnalité, tes doutes, ta vie, ton quotidien, ce n’est pas toujours simple.
Les médias et la façon dont sont faites les choses, mettent vraiment en avant cette espèce de héros sportif qui a confiance en lui en permanence, qui n’a peur de rien, qui est déterminé tout le temps, qui n’est jamais fatigué…Et puis il y a aussi nous, en tant qu’athlètes : ne pas montrer tes doutes, tes ressentis, c’est quelque part une façon de te protéger.
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Estelle Nze Minko arrête le temps à la guitare

Il y a eu cette tribune que tu as faite avec Règles Elémentaires, par rapport au fait qu’on ne parle pas des règles des femmes dans le sport de haut niveau.
E.N.M. : C’était une super opportunité pour moi de parler de ça, c’est vrai qu’on n’en parle pas beaucoup. En gros j’ai commencé à réfléchir à ça il y a trois, quatre ans lorsque je jouais dans un autre club hongrois. Un jour, je suis arrivée à l’entraînement et mon préparateur physique m’a dit : "Estelle est-ce que tu as tes règles en ce moment ?" Je l’ai regardé et je me suis dit : "Il est fou, il veut quoi ?" Et en fait, j’en ai discuté avec lui quelques jours après et il m’a expliqué que c’était important pour lui de savoir, parce qu’en fonction de mon cycle, il y a des adaptations possibles à faire en musculation ou des périodes où il faut me laisser tranquille.
Je me suis dit : "C’est quoi ce délire ? On ne m’a jamais posé cette question-là !" C’était plutôt : "J’ai mes règles et je galère en silence et c’est la normalité en fait." Donc j’ai commencé à me renseigner sur la question et à en parler autour de moi et il se trouve que j’ai trouvé très peu d‘infos sur le sujet. Après, il y a eu un élément déclencheur de fou pour moi. J’ai arrêté la pilule, et là j’ai vraiment capté ce que c’était d’avoir ses règles quand tu n’es pas sous contrôle hormonal.
Là je me suis dit : "Ce n’est pas possible." J’ai vu qu’il y avait des risques de blessures et de blessures graves. Ça fait quatre ans maintenant que dès le premier jour des règles, je suis en stress de fou. Ça ne me quitte pas.
L'intégralité de l'entretien avec Estelle Nze Minko est à retrouver ci-dessous en vidéo. Découvrez les questions de nos consultants Nodjialem Myaro et Laurent Chambertin ainsi qu’une séquence avec Estelle à la guitare et au chant. Ecoutez enfin son morceau favori avant de pénétrer sur les terrains de handball.
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Nze Minko : "Meuf, t’es championne olympique. Il y a des questions qu’il ne faut plus se poser"

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