Une piqûre de rappel

Il y a des statuts qui ne donnent droit à aucun privilège. La France a beau être championne d'Europe en titre, les Bleus ne doivent pas pour autant s'attendre à une promenade de santé en Norvège, même en phase de poule face à des équipes supposées plus faibles. Le match face à la Slovaquie et son score étriqué en faveur des hommes d'Onesta (32-31) l'ont bien démontré. Les coéquipiers de Frantisek Sluc ne font pourtant pas figure de grand d'Europe. Aucune participation aux Jeux Olympiques ou aux Mondiaux, les Slovaques ont signé leur meilleur résultat en compétition internationale lors de l'Euro 2006 en terminant...16e.

Rien de grandiose. Faut-il alors s'inquiéter de l'entame poussive des Bleus ? "Au début des compétitions, on a toujours cette inconstance qui fait que de temps en temps, on se fait piéger. Inconsciemment, les joueurs ont deux guerres à préparer dans les jours à venir", analysait Claude Onesta à l'issue de la rencontre en faisant référence aux matchs face à la Suède et à l'Islande. Le sélectionneur français plaide pour la simple saute de concentration voire pour la thèse, classique dans pareil cas, de l'adversaire sous estimé.

Bertrand Gille n'est pas de cet avis. Sans verser dans l'alarmisme, le pivot tricolore ne pouvait dissimuler ses craintes : " Cela m'inquiète un peu. On savait qu'on devait s'attendre à ce genre de match, qu'il fallait mettre les gaz et à la fin, le constat est mitigé. A notre prochaine sortie, il ne faudra certainement pas jouer comme ça." C'est une certitude : si la défense montre autant de fébrilité, si Nikola Karabatic ne sort pas de sa léthargie, si Thierry Omeyer ne redresse pas la barre, la France n'aura pas grand chose à espérer de son match face à la Suède, un poids lourd du handball mondial. "On sait tous que la Suède est en passe de redevenir l'équipe qu'elle a été, avec des joueurs exceptionnels", se méfie ainsi Onesta. Contrairement aux Slovaques, les Nordiques présentent en tout cas un effectif taillé pour briller à l'Euro, comme en témoigne leur victoire face à l'Islande (24-19).

Les Français ont donc frisé la correctionnelle, un moyen peut-être de les rappeler à leurs devoirs. Un moyen aussi de les mettre face à la réalité d'une compétition intense et ô combien relevée. "J'espère que ce match va nous inquiéter. On a eu quelques galères pendant la préparation, on n'est pas tous très en forme. Il va falloir bien récupérer, se reconcentrer et faire une bonne entame au prochain match. C'est un peu un mal pour un bien, un bon avertissement. A nous de bien en prendre note et de revenir samedi dans d'autres conditions", concluait Jérôme Fernandez, l'un des seuls à avoir tenu son rang. Cette entame aura au moins cette vertu : celle d'une piqûre de rappel.