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Grace Zaadi avant de retrouver Metz avec Rostov : "C'est sur le terrain qu'on va se chambrer !"

Vincent Roussel

Mis à jour 16/10/2020 à 20:02 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - En déplacement ce samedi (16h) à Rostov lors de la 5e journée, dans un choc entre les Russes deuxièmes, et les Françaises, troisièmes, Metz va retrouver une vieille connaissance : Grace Zaadi. L'internationale française a quitté la Moselle cet été pour atterrir chez un des favoris au titre. Elle revient sur son arrivée en Russie et son duel à venir contre ses "amies".

Grace Zaadi sous le maillot de Rostov, en Ligue des champions face à Bietigheim, le 11 octobre 2020 (Rostov-Don)

Crédit: From Official Website

Grace Zaadi, vous avez annoncé votre départ de Metz en début d’année. Le covid-19, qui a provoqué l’interruption des compétitions, a finalement précipité la fin de votre aventure en Moselle. Cela a été frustrant, on l’imagine...
Grace Zaadi : Forcément, j’aurais aimé finir la saison autrement, sur des belles notes, des titres, de bons souvenirs avec l’équipe et le staff du Metz-Handball. J’ai passé dix ans là-bas et j’aurais aimé partir de la plus belle des manières donc je regrette que ça se soit passé ainsi... Mais c’est pareil pour tous ceux qui ont changé de clubs, ils ont vécu la même chose que moi.
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Grace Zaadi a déjà joué avec Metz contre Rostov en Ligue des champions. Désormais, elle va affronter son "club de coeur".

Crédit: Getty Images

Avec toutes les restrictions imposées dans cette période de pandémie, comment s’est passé votre déménagement en Russie, à Rostov-sur-Don, à 3000 kilomètres de Metz ?
G.Z. : En fait, dès que le déconfinement a été annoncé, il était prévu que je parte début juin en Russie. Donc j’ai commencé à organiser mon déménagement, mais je ne savais pas vraiment quand j’allais pouvoir partir car le Final Four (de la Ligue des champions) était encore maintenu (d’abord prévu en juin, repoussé en septembre, il a finalement été annulé, NDLR). Au 1er juin, toutes mes affaires étaient déjà emballées, j’avais presque rendu les clés de mon appartement ! Mais avec toutes les procédures de visa, qui étaient en stand-by à cause du covid, je n’ai pas pu me rendre à temps à la reprise de l’entraînement avec Rostov, fin juin. Finalement, je suis restée tout le mois de juillet et je ne suis arrivée en Russie qu’au début du mois d’août ! J’avais énormément de choses à déménager, mais je ne suis venue à Rostov qu’avec des vêtements, ce qui faisait pas mal de cartons car j’en ai beaucoup (rires) !
Bien sûr que je continue de suivre Metz, ça reste mon club de cœur
Avez-vous eu le temps de visiter la ville ? Comment vit-on au temps du covid-19 en Russie ?
G.Z. : J’ai eu un peu l’occasion de découvrir Rostov oui, enfin surtout les restaurants (rires) ! Il y en a beaucoup ici, avec des cafés et des bars. C’est une ville agréable, on est au sud de la Russie donc il fait encore bon actuellement, on a 24, 25 degrés aujourd’hui par exemple (l’interview a eu lieu jeudi, NDLR) ! Quand je suis arrivée, je faisais partie des seules personnes qui mettaient le masque dans les lieux publics. Mais depuis que je suis rentrée de notre semaine internationale (avec l’équipe de France) début octobre, j’ai vraiment l’impression qu’il y a une deuxième vague. Je ne suis pas trop les infos ici, je suis surtout mise au courant par mes coéquipières, mais je vois plus de personnes avec des masques. C’est un peu partout pareil dans le monde. Pour l’instant, il n’y a pas de couvre-feu mais des rumeurs disent qu’ils vont peut-être en instaurer un la semaine prochaine !
Vous n’avez pas eu besoin de beaucoup de temps avant de remporter vos premiers trophées dans votre nouvelle équipe, avec la coupe du Russie le 20 août et la Supercoupe, le 2 septembre !
G.Z. : Pour la Coupe de Russie, au départ, je n’étais pas censée être sur la feuille de match car je venais d’arriver, que je n’avais pu faire que deux entraînements avec l’équipe et, qu’en plus, je n’avais pas encore passé ma visite médicale. Mais au dernier moment, j’ai été inscrite, et j’ai pris la décision, avec le coach, de ne pas entrer en jeu car c’était trop risqué, même si j’étais prête physiquement. Cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas fait de hand, et avec tous les coups qu’on peut prendre et la charge physique que cela demande, je trouvais ça dangereux. En revanche pour la Supercoupe, qui était en plus organisée à Rostov, j’ai pu jouer quelques minutes. C’était très cool mais aussi bizarre puisque, ça ne faisait que quelques jours que j’étais là, je ne connaissais pas bien tout le monde, et tout le monde était heureux parce qu’on venait de gagner un titre, donc quand tout le monde sautait je suivais mais c’est comme si on m’avait déposée là, je n’ai pas vécu le titre comme toutes les filles !
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En quelques semaines seulement, Grace Zaadi a déjà remporté la Coupe de Russie et la Supercoupe, avec Rostov (Rostov-Don)

Crédit: From Official Website

Votre adaptation, sur et en dehors du terrain, a-t-elle été plus simple que vous ne le pensiez ?
G.Z. : Je suis quelqu’un de très sociable, donc j’arrive facilement à m’adapter. Après c’est dans le jeu où c’est le plus important. Les filles se connaissent toutes, moi, je suis arrivée après le début de la préparation, je n’avais pas mon bagage handballistique, donc je n’étais pas au même rythme qu’elles. Il fallait que je retrouve mes marques individuellement, le tout dans un projet collectif, donc c’était compliqué pour moi de m’évaluer. Mais finalement ça s’est fait relativement vite, même si on en est encore dans une phase où on apprend à se connaitre. Je pense que j’arrive à les analyser plutôt bien, puisque ce sont des filles contre lesquelles j’ai joué et que je sais ce qu’elles apprécient. Maintenant c’est aussi à elles de s’adapter à mon jeu, savoir quand est-ce que je peux leur faire la passe, quand est-ce que je peux créer, développer mon jeu…
Le fonctionnement du club est-il très différent de ce que vous connaissez à Metz ?
G.Z. : C’est très différent oui ! Après je ne suis là que depuis le mois d’août donc je ne peux pas me permettre de juger, qui plus est avec la barrière de la langue. La première chose qui change, c’est que par exemple à Metz, le président, Thierry Weizman, est très impliqué et très proche du groupe, tandis qu’ici, je n’ai vu le président qu’une fois depuis que je suis arrivée. En termes de fonctionnement, Metz est une association tandis qu’à Rostov, on a plus l’impression d’évoluer dans une entreprise. C’est différent, dans le relationnel. Également, contrairement à Metz, le staff médical, ce sont des salariés qui sont là à plein temps puisque Rostov a un plus gros budget que Metz. Au niveau des médias, cela change aussi, ils sont très présents, tout le temps même, et puis on a un photographe, une personne pour s’occuper des réseaux sociaux… Ce sont les petites différences que je vois, mais qui résultent de la différence de budget, j’imagine.
Trouvez-vous qu’il y a plus de pression au niveau des résultats qu’à Metz ?
G.Z. : Pas forcément. A Metz, on se devait déjà de tout gagner, c’était quelque chose qui était ancré en nous, et ici c’est la même chose, donc pour l’instant, je ne ressens pas de pression. On a pour objectif de gagner la Ligue des champions. Il y a un mois, on a fait match nul chez nous (23-23 contre Krim Mercator) donc forcément, les dirigeants n’étaient pas contents mais ce n’était pas non plus la fin du monde, on n’a pas fait de réunion de crise ou autre… Comme on est encore assez loin des échéances, on est assez tranquilles pour l’instant ! Mais tout le monde sait ici que l’objectif est de remporter la Ligue des champions, et bien entendu le championnat puisqu’il y a une rivalité qui s’est installée ces deux dernières années avec le CSKA Moscou, un peu à l’image du duel Metz-Brest en France !
A Rostov, vous découvrez aussi un nouveau coach, le Suédois Per Johansson…
G.Z. : C’est particulier car il n’est arrivé que la semaine dernière ! C’était quelque chose ce début de saison ! Lorsque j’ai rejoint l’équipe, il y avait toujours Ambros Martin (en place depuis 2018, NDLR), qui avait annoncé son départ. Il était prévu qu’il parte à l’arrivée de Per, mais avec les problèmes de visa, il n’a pas pu venir dès le début de saison, donc Ambros est parti après la coupe de Russie, et c’est l’entraîneur adjoint, Tomas Hlavaty, qui a fait l’intérim ! Je ne le connais donc pas trop, mais de ce que je peux dire, c’est que c’est un coach qui a beaucoup d’énergie et qui est très expressif (sourire). Il vit les matches à fond, il peut crier une heure sur les arbitres, courir le long du banc…
Sur le terrain, vous côtoyez désormais Anna Vyakhireva, nommée meilleure arrière droit du monde la saison passée et avec laquelle vous êtes habituée à croiser le fer en sélection. Est-elle plus impressionnante à voir au jour le jour ?
G.Z. : C’est surtout humainement que j’ai appris à la connaître. C’est une des filles avec laquelle je m’entends le mieux et avec qui je rigole le plus, elle est super cool, très chaleureuse… Quand je suis arrivée, elle a beaucoup contribué à mon intégration. Sur le terrain, elle reste impressionnante, car elle sait tout faire, mais parfois on a l’impression qu’elle n’a pas besoin d’entraînement ! Moi, par exemple, j’ai besoin de m’entraîner dur toute la semaine pour faire de bonnes performances en match. Parfois, Anna, elle est plus relax- parce qu’elle a en plus des douleurs lombaires -et elle peut nous claquer 10 buts sur un match alors qu’elle ne s’était pas entraînée les trois jours d’avant. Elle a une facilité à élever son niveau… Ce n’est pas une joueuse puissante, mais elle est très talentueuse et intelligente dans son jeu, et ce qui me bluffe c’est la facilité qu’elle a de jouer au hand. Elle m’expliquait que son père était entraîneur, et que depuis qu’elles sont très petites, elle et sa sœur (Polina), qui joue ailière gauche, s’entraînaient dur avec lui, donc je pense que le travail, elle l’a effectué dans sa jeunesse et que maintenant elle surfe dessus (rires) !
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A l'image de ce moment de complicité avec Vladlena Bobrovnikova, Grace Zaadi s'est bien intégrée au sein de l'effectif de Rostov (Rostov-Don)

Crédit: From Official Website

Vous avez réussi à suivre le parcours de Metz depuis le début de saison ? Qu’en pensez-vous ?
G.Z. : Oui je les ai suivies, car Metz, ça reste mon club de cœur, j’ai encore des amies dans cette équipe… Mais ça reste troublant pour moi de les voir jouer, d’autant plus lorsqu’elles sont aux Arènes de Metz ! Je ne suis pas surprise, quand je les vois jouer, ça reste Metz. En dépit des nouvelles arrivées, je trouve que l’ADN de cette équipe reste le même, les recrues se sont bien intégrées au projet de jeu, parce qu’il n’a pas trop changé.
Vu votre connaissance de l’équipe, votre coach vous a-t-il demandé des conseils avant le match ?
G.Z. : Oui ! D’ailleurs tout à l’heure, avant l’entraînement, j’ai une réunion avec lui à ce sujet ! Mais lui connait bien l’équipe aussi puisqu’il y a deux ans, il était coach à Bucarest, donc on l’avait joué en quart de finale de la Ligue des champions. On avait perdu le premier match (34-21) et gagné le deuxième (27-20). Ce qui me faisait marrer les années précédentes, et un peu moins maintenant que je vais jouer contre, c’est que Metz a un projet de jeu qui peut répondre à tout en fait. Ça veut dire qu’il peut y avoir un enclenchement qui va être fait, selon l’adaptation du défenseur, il y a toujours une réponse tactique qui sera trouvée. J’ai l’impression que ce que je sais, l’Europe entière est au courant, mais Metz arrive toujours à marquer plus de 30 buts !
Avez-vous évoqué ce match à venir lors de votre rassemblement en équipe de France, fin septembre-début novembre, avec vos anciennes coéquipières qui étaient chez les Bleues (Orlane Kanor, Astrid N’Gouan, Meline Nocandy) ?
G.Z. : On était contentes de se retrouver et de se voir, mais pas une fois on a parlé du match ! On n’est pas du tout comme ça. Il n’y a pas eu de chambrage d’avant-match, parce que c’est sur le terrain qu’on va parler ! Quand je ferai une bonne défense sur Orlane (Kanor), je lui dirai : "Je savais que tu allais faire ça", et elle inversement quand elle va bloquer une passe au pivot (sourire) ! On est très compétitrices les unes et les autres et du coup, même si on est très amies dans la vie, sur le terrain, on recherchera toujours le moyen de battre l’autre. C’est là où ça va chambrer, mais avant puis après, on ne parlera même pas du match !
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A son arrivée à Rostov, Grace Zaadi devait "retrouver ses marques" sur le terrain après de longs mois sans handball (Rostov-Don)

Crédit: From Official Website

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