Les Bleus crèvent l'abcès

Ils s'étaient éparpillés, chacun dans leur club respectif, à l'issue d'un Euro 2012 catastrophique dont ils n'avaient même pas vu les demi-finales. Cette semaine, les Bleus se retrouvent enfin. Rassemblés dès lundi à Paris, les hommes de Claude Onesta ont deux matches amicaux de prévus face à la Suisse pour se remettre dans le bon sens à quatre mois des Jeux Olympiques. Première manche jeudi, 19h15, à Chambéry. Deuxième samedi, 20h45, à Montbéliard. Mais l'objectif de la semaine est de parler. Crever l'abcès et se remettre en question.

C'est cette semaine que les Bleus vont définitivement ranger la mésaventure serbe au rayon des mauvais souvenirs. "On s'était quitté très vite après l'Euro et tout le monde a digéré ça dans son coin, regrettait le pivot Cédric Sorhaindo le week-end dernier. Ce stage nous fera du bien car on a besoin de se dire les choses pour aller dans une nouvelle direction. Il faudra se dire les quatre vérités et voir les choses en face, sans hypocrisie, même si ça fait mal." Didier Dinart, le plus capé des Bleus, abonde : "Cette semaine va servir à faire le point, à mettre les choses au clair pour repartir d'un bon pas dès maintenant et se projeter dans l'optique d'une médaille aux Jeux Olympiques."

La question peut se poser. Des cadres comme Didier Dinart et Nikola Karabatic sont passés au travers de leur Euro 2012 et quelques joueurs l'ont mal vécu. L'éloignement des uns et des autres, dû à leur retour en club, n'a pas permis de crever l'abcès et de mettre un peu d'eau dans le verre de vin collectif. Pour autant, le groupe, quasiment inchangé par rapport au séjour en Serbie, attendait impatiemment ce stage et l'union bâtie durant plusieurs années n'a pas pu voler en éclats d'un coup. "On est toujours aussi content de se retrouver en équipe de France, assure Didier Dinart. Notre harmonie fait notre force et ce n'est pas parce qu'il y a eu un échec qu'il y a des mésententes."

Pas vraiment. Les Bleus ont l'occasion de se rassurer sur la fluidité de leur jeu et leur puissance offensive, mais ne pourront pas projeter les conclusions de ce double affrontement sur les matches-couperet qui les attendent aux Jeux Olympiques. Car la Suisse n'a évidemment rien de l'Espagne ou du Danemark. Elle n'est pas parvenue à se qualifier pour une compétition majeure depuis l'Euro 2006, épreuve où elle était... qualifiée d'office car organisatrice (élimination au premier tour avec un nul et deux défaites en trois matches).

En partie. Mais il est toujours hors de question pour lui de donner un nom, alors qu'il avait avoué qu'il pourrait laisser sa place à un cadre de son équipe actuelle. Dans les colonnes de l'Equipe, Claude Onesta a écarté le sujet d'un revers de main : "On sait que je vais continuer [après les JO], pourquoi faudrait-il évoquer ma succession ? On verra plus tard. Franchement, je le répète, on a autre chose à penser aujourd'hui."

Il faut retrouver l'esprit qui animait les Experts depuis les Jeux Olympiques 2008. Celui d'une équipe imprévisible, qui avait un temps d'avance sur le reste du monde. Aujourd'hui, les autres nations comme l'Espagne et le Danemark ont fini par s'adapter. Pour Claude Onesta, c'est en défense que les Bleus peuvent reprendre une longueur d'avance. L'idée est de la renforcer pour se projeter plus vite vers l'avant et fluidifier le jeu. Concernant d'autres matches amicaux à venir, les Bleus n'en ont prévu aucun mais ont d'ores et déjà bloqué le week-end du 13 au 15 juillet pour l'Eurotournoi de Strasbourg et la date du 22 juillet pour un amical (adversaire encore inconnu). Mais c'est au cours des stages (quatre sont prévus après cette semaine, à la Toussuire, à Andorre, à Strasbourg puis à Dunkerque) que les Bleus peaufineront leur préparation pour les JO. Le chantier n'est pas démesuré. Mais il y a un paramètre avec lequel les Bleus n'ont plus composé depuis longtemps : retrouver leur fierté.