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Nodjialem Myaro : "L'égalité femmes-hommes et la médiatisation égale sont inscrites dans l'histoire du hand"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/01/2023 à 12:28 GMT+1

Ancienne internationale, Nodjialem Myaro fait partie de la génération qui a fait émerger le handball féminin au plus haut niveau. En amont du colloque dédié au Sport au Féminin organisé lundi 23 janvier à Nantes, elle nous partage son regard sur les progrès réalisés et le chemin restant à parcourir pour une médiatisation à part égale du handball et du sport.

Nodjialem Myaro

Crédit: Imago

Sur les questions d'égalité entre femmes et hommes dans le sport, le handball français fait office de bon élève. Quel regard portez-vous sur la médiatisation actuelle du handball au féminin en tant qu'ancienne joueuse internationale, désormais Présidente de la LFH et consultante ?
NODJIALEM MYARO : L’égalité femmes-hommes et la médiatisation égale, je pense que c’est quelque chose qui est inscrit dans l’histoire du handball et du handball féminin. Cette histoire a commencé, en 1999, aux Championnats du Monde en Norvège où l’Equipe de France devient vice-championne du monde. Marie-George Buffet, qui était à l’époque notre Ministre aux Sports intervient pour que le match soit diffusé à la télévision. C’est la première finale internationale pour l’Equipe de France et on fait une audience record en France avec près de 12 millions de téléspectateurs ! L’arrivée de l’Equipe de France dans une compétition mondiale a bouleversé le programme TV et on voulait que cette médiatisation perdure et se développe encore davantage.
Depuis des années, il y a d’ailleurs une vraie volonté qui s’est instaurée au sein de la Fédération Française de Handball de diffuser à la même hauteur le handball masculin et féminin. Les contrats qui ont été signés par exemple avec BeInSport ou TF1 pour les garçons sont les mêmes que pour les filles. Défendre une médiatisation à part égale entre équipes féminine et masculines, c’est un réel engagement de la Fédération et c’est très important à mes yeux. Et ce qui est bien c’est que les audiences sont aussi bonnes chez les garçons que chez les filles !
Quels sont vos objectifs à l'avenir pour renforcer encore la visibilité et la médiatisation des championnats féminins ?
N. M. : L’objectif pour la LFH est de couvrir via Handball TV un maximum de matchs des première et seconde divisions. Après 5 mois, nous avons déjà été en mesure de diffuser 56 matches en Ligue Butagaz Energie contre seulement 20 la saison dernière. L’OTT* nous permet aussi d’assurer et renforcer la visibilité de la deuxième division, bien que le cahier des charges et les attentes ne soient évidemment pas les mêmes pour les clubs de première division et ceux de deuxième division. L’objectif de la LFH, pour les clubs D2 est de les accompagner et de leur dispenser une formation pour qu’ils soient en mesure d’auto-produire les matches et d’assurer la réalisation de vidéos de bonne qualité. Grâce à ce dispositif, 12 à 13 clubs de la D2 féminine sont aujourd’hui en mesure de diffuser des matches.
Nous allons poursuivre cette dynamique. L’objectif de la LFH est de montrer davantage de matches des divisions féminines mais ma volonté est également d’élargir et de proposer de nouveaux contenus. Nous devons nous emparer de sujets qui touchent nos sportives de haut-niveau. On doit pouvoir et parler et montrer comment vit une handballeuse, quels sont les freins et les leviers qui conditionnent ses performances.
Plus généralement, la Ligue Féminine de Handball s'engage fortement pour la défense du droit des sportives et de l'accès des femmes à la pratique sportive, quelles formes cela prend-il ?
N. M. : La LFH a soutenu l’adoption de la Convention collective du Handball Professionnel féminin. La Convention a été signé de manière tripartite avec les partenaires sociaux, cela a été un énorme travail qui a été fait entre les syndicats des joueuses, les syndicats des entraîneurs et les clubs pour trouver cet équilibre. Elle permet notamment de garantir le droit à la maternité des joueuses. Elle assure un revenu minimum pour qu’une handballeuse qui aurait un souhait de maternité puisse le vivre sereinement et que cela ne soit pas un frein à sa carrière sportive. In fine, c’est tout simplement rattraper un retard qui est injuste. Il est important que cela puisse inspirer d’autres sports à aller dans ce sens-là.
Au niveau de la LFH, on s’est beaucoup concentré sur la partie terrain, on cherche désormais à penser et voir le handball autrement, comme levier sociétal mais également comme élément pouvant contribuer à meilleure santé, sans oublier les enjeux de performance. Ce sont ces axes là que nous poursuivons et que nous souhaitons aborder de la meilleure des manières. En matière de santé, nous cherchons à nous approprier la problématique et voulons la travailler de manière transversale, dans la pratique pour tous via le développement du handfit par exemple comme dans le haut-niveau, sur les problématiques qui touchent les sportives de haut-niveau à l’image de l’impact des cycles menstruels.
Sur la question des cycles menstruels, c’est le début d’une longue histoire je crois. En France, nous sommes très en retard sur ces sujets, aux Etats-Unis par exemple, l’équipe de football nationale adapte les entraînements aux cycles menstruels depuis plusieurs années. Quand on découvre l’impact du cycle menstruel en matière d’alimentation ou de risque de blessures, on prend conscience que c’est non seulement une question de santé des femmes mais aussi de performance des sportives. Nous sommes heureux de porter ces enjeux tellement forts et de pouvoir bénéficier du soutien et de l’engagement de nos partenaires avec qui nous partageons ces valeurs communes sur ces sujets.
Mobilisés sur la question de l’accès et de la place des femmes dans le sport, le Think Tank Sport et Citoyenneté et les Neptunes de Nantes, club de volleyball et handball féminin de haut niveau et vainqueur de la Ligue Européenne en 2021 organisent un colloque intitulé "Priorité politique, développement économique et médiatique : défis d’aujourd’hui et de demain pour le sport au féminin", lundi 23 janvier à la Cité des Congrès de Nantes. Plus d’informations ici.
*Une plate-forme OTT (over-the-top) est un service qui permet de diffuser des flux vidéo et en direct sur n’importe quel appareil connecté à Internet.
Propos recueillis par Eva Jacomet, chargée de mission du Think Tank Sport et Citoyenneté
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