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L'intuition de Karabatic, le bras de Narcisse : la petite histoire d'un but déjà mythique

Laurent Vergne

Mis à jour 20/08/2016 à 03:54 GMT+2

JO RIO 2016 – Pour la troisième fois consécutive, l'équipe de France est en finale des Jeux Olympiques. Mais il lui a fallu attendre la dernière seconde pour s'imposer face à une redoutable Allemagne (29-28) sur un but de Daniel Narcisse. Une réalisation dont on reparlera longtemps...

Daniel Narcisse

Crédit: AFP

Que peut-il y avoir de plus jouissif que de se qualifier pour une troisième finale olympique consécutive ? Sans doute se qualifier pour une troisième finale consécutive en marquant le but victorieux à l'ultime seconde. Ce dénouement hitchcockien, dignes des Bleues d'Olivier Krumbholz, ceux de Claude Onesta auraient sans doute aimé s'en passer.
Après avoir mené de sept buts (23-16), il leur a donc fallu arracher cette place en finale sur une dernière séquence brûlante, alors que les Allemands venaient de les rejoindre au score (28-28) pour la première fois depuis les toutes premières minutes de la rencontre. Puis le bras de Daniel Narcisse a parlé, et le banc tricolore a explosé. Ce but, à l'instar de celui de Jackson Richardson pour arracher la prolongation contre… l'Allemagne lors du Mondial 2001, et comme quelques autres, est de ceux dont on recausera pour se réchauffer durant les veillées d'hiver.
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Daniel Narcisse lors de France-Allemagne (JO 2016)

Crédit: AFP

Mais d'où est venu ce but dans un angle, sinon impossible, en tout cas bien fermé ? "De nulle part", sourit Valentin Porte. C'est un peu vrai. Mais pas totalement. L'histoire de ce but, c'est un savant dosage entre préparation et... improvisation. La priorité, d'abord, était de ne pas rendre le ballon aux Allemands. Contrairement aux Néerlandaises la veille dans la demi-finale face aux Françaises, les doubles tenants du titre ne jouaient pas leur survie sur cette ultime action. "Dans le pire des cas, il y avait prolongation", rappelle Mickael Guigou. "Il restait du temps, ajoute Daniel Narcisse. Les Allemands avaient montré qu'ils étaient précis sur leurs montées de balle. Il fallait vraiment attendre les dernières secondes avant de tirer."

Narcisse: "Si Niko dit ça, c'est qu'il a vu quelque chose"

Après un temps mort, au cours duquel les Français ont essayé de mettre un système en place, tout en prenant donc bien soin de ne surtout pas rendre le ballon à l'adversaire, les Bleus ont obtenu une faute, stoppant le chrono. Tout s'est alors joué là, en une poignée de secondes. Dans le feu de l'action, c'est Nikola Karabatic qui va décider de la combinaison décisive. Daniel Narcisse raconte : "Il y a un premier mouvement où on enclenche à moitié, puis, sur le deuxième, Niko a annoncé un truc qu'on n'a pas fait depuis très longtemps. Je le regarde l'air de dire 'ouais, OK, wouah'. Mais tu ne cherches pas. Parce que si Niko dit ça, c'est qu'il a vu quelque chose."
Voilà pour la décision. Restait le plus compliqué, le plus important : l'exécution. Car, comme le dit Claude Onesta, "ils sont partis sur un mouvement qu’ils connaissaient bien, sauf que tu peux faire tous les mouvements de la terre, il y a un moment où le mec qui a le ballon en main doit le mettre dans le but, et là tu espères que personne ne va trembler." La personne, en l'occurrence, c'est dont Daniel Narcisse, pourtant pas au mieux dans cette fin de match. "Les 3-4 dernières minutes, j'ai manqué de lucidité. J'étais fracassé", avoue le demi-centre du PSG.

Omeyer : "Marquer dans sa position, c'est énorme"


C'est pourtant lui qui va donc prendre le destin de cette demi-finale en charge. "C’est aussi ce qu’on attend de joueurs très expérimentés", commente Claude Onesta. Là encore, malgré l'urgence, penser à mettre au mieux en application la combinaison choisie. "On savait qu'il fallait les attaquer sur des un contre un larges, qu'il auraient du mal à suivre, explique Guigou, avant de sourire : Bon, Daniel est allé chercher un un contre un vraiment très, très large avec un tir très externe. Mais il le met, bravo à lui." "Je regarde où est le gardien, reprend le buteur, je pars vraiment du côté droit, je sais que le gardien va sûrement venir de ce côté-là. Je tire, et ça rentre..."
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Nikola Karabatic (France) en demi-finale des JO face à l'Allemagne - 2016 Rio

Crédit: AFP

Ce but, ces deux secondes qui durent une éternité, chacun les a vécues à sa façon. "Tout va tellement vite, souligne Mickael Guigou. Vous, vous voyez le chrono, vous avez la télé, mais nous, avec la fatigue, on ne voit pas forcément ça. Mais on a toujours gardé suffisamment de lucidité quand même, surtout Daniel. Mais j'ai du mal à y croire, pour tout vous dire". Puis il y a Thierry Omeyer, qui lui n'a pas douté une seconde : "Franchement, quand je le vois là-bas, je vois qu'il va tirer je me dis 'il a de grandes chances de marquer', assure le portier, auteur d'un match monumental. Marquer dans sa position, c'est énorme, bravo et merci à lui."
Bravo et merci, oui, même si évidemment, jamais Daniel Narcisse ne tirera la couverture à lui. Ce n'est ni le genre du bonhomme ni, encore moins, celui de cette équipe. Et puis si jamais l'envie lui venait d'arriver au repas du soir en héros, Claude Onesta, génial pince sans-rire, a déjà prévu la réplique : "on va lui dire que s’il avait marqué sur les actions précédentes, on se serait fait moins peur."
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