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Jeux Paralympiques 2021 : Marie-Amélie Le Fur, une femme pressée

ParAFP

Publié 21/08/2021 à 14:53 GMT+2

TOKYO 2021 - Emploi du temps chargé pour Marie-Amélie Le Fur : à 32 ans, l'athlète va participer à ses quatrièmes et derniers Jeux Paralympiques, en se partageant entre entraînement, vie familiale, vie professionnelle et son rôle de présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF).

Marie-Amélie Le Fur, sacrée sur le 400m T64 aux Paralympiques de Rio en 2016

Crédit: Getty Images

Dans les vestiaires du Stade municipal des Allées de Blois, la championne aux huit médailles olympiques commence toujours sa préparation par le même rituel. Elle remplace sa prothèse de tous les jours par une autre adaptée au sport. "Je change également de manchon, l'ustensile qui tient la prothèse. C'est déjà un premier moment de concentration fort", explique la détentrice du record du monde du 400 m et de la longueur.
L'entraînement peut alors commencer. Après 15 minutes d'échauffement, nouveau changement d'équipement : "Je passe de la lame de footing, dont la semelle est adaptée au tout-terrain, à une autre de compétition, (...) avec une restitution d'énergie plus complète", précise-t-elle, dans un large sourire. A Blois, lors de la séance d'entraînement, la championne enchaîne les sauts. Chaque essai est enregistré sur smartphone et analysé sur place par son préparateur mental Matthieu Benoit et à distance par son entraîneur Jean-Baptiste Souche.
"Elle m'envoie toutes les vidéos sur les exercices les plus techniques. Je lui fais des retours parfois en direct pendant la séance", développe le technicien, dont le travail est de rendre performant le binôme prothèse-athlète. "Je lui apprends à utiliser au mieux ce matériel créé pour elle. La prothèse et l'athlète ne font plus qu'un. Ils doivent être en symbiose", insiste-t-il.
Au stade municipal, Marie-Amélie Le Fur enchaîne les exercices sans temps mort. Avec un minutage précis. L'athlète n'a en effet pas le temps de s'attarder, elle prend un train pour Paris, en vue d'une réunion au ministère des Sports.
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Le Fur : "Changer la perception que l'on a du sport en France"

Nouvelle technique

Si elle s'entraîne régulièrement à Blois, où elle réside, elle se rend également une fois par semaine au CREPS de Bordeaux, pour une séance avec Jean-Baptiste Souche. La quadruple championne du monde est par ailleurs mère d'une petite Anna, qui aura deux ans au début des Jeux Paralympiques. Sans compter que depuis 2018, la jeune maman est devenue présidente du CPSF, l'équivalent du CNOSF pour l'handisport, qui participe au comité d'organisation de Paris-2024.
Un emploi du temps auquel il faut ajouter son mi-temps de pilote d'affaires relations territoriales à l'état-major de la direction du parc nucléaire et thermique d'EDF. Cette vie aux mille facettes a évidemment engendré des choix sportifs. Fini la piste, l'agente EDF se concentrera uniquement sur le saut en longueur à Tokyo. "Cela m'a permis de progresser et de rester au niveau dans un contexte concurrentiel de plus en plus élevé depuis Rio", apprécie l'athlète, qui en a profité pour améliorer sa technique de saut.
Ce saut "en ciseaux" pourrait lui permettre de raccrocher sur une neuvième médaille olympique et enfin prendre un peu le temps de savourer. "Les Jeux paralympiques vont me manquer", se projette l'athlète. "Ce sont des moments uniques. On ne ressent pas les mêmes émotions à des Championnats d'Europe ou du monde. (...) Quand on entend la Marseillaise, on se dit qu'on fait rayonner la France dans le monde entier."
Cette amputation m'a aussi façonnée
A l'aube de ses dernières émotions sportives, Marie-Amélie Le Fur prend quelques secondes pour revenir sur sa carrière... et sa vie. "Le sport m'a permis d'affronter le regard des autres", raconte la jeune femme amputée sous le genou gauche après un accident de scooter à 15 ans. "Cette amputation m'a aussi façonnée", raconte-t-elle. "Pour moi, ce n'est pas quelque chose en moins. C'est même mon petit plus, qui me permet aujourd'hui de rayonner et d'être heureuse."
"Le sport m'a offert des multitudes d'opportunités de vies, j'ai eu la chance de faire du cinéma (NDLR, doublure dans un téléfilm en 2005), j'ai un travail passionnant chez EDF, je préside le CPSF", sourit la Vendômoise. "Sans le handicap, toutes ces portes ne se seraient pas ouvertes."
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