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Crosby, c'était écrit

Eurosport
ParEurosport

Publié 01/03/2010 à 11:57 GMT+1

Délivrant tout un pays, Sidney Crosby a offert le titre olympique au Canada dimanche en prolongation face aux Etats-Unis (3-2). Dénouement glorieux pour le prodige de Pittsburgh, qui n'avait pourtant pas survolé le tournoi jusqu'ici. Mais Crosby, comme tous les grands, a frappé quand il le fallait.

2010 JO Vancouver Canada Sidney Crosby

Crédit: Reuters

"J'ai marqué ce but, mais ça aurait pu être n'importe qui dans l'équipe." Modeste, Sidney Crosby. Mais en fait, non, ce ne pouvait être n'importe qui d'autre. N'importe qui ne pouvait marquer ce but du titre, ce but qui vaut de l'or, au bout d'une finale d'une invraisemblable intensité face aux Etats-Unis. Ce ne pouvait être que lui. Ce n'était peut-être pas prédestiné, mais c'était au moins très prévisible. A défaut d'en être le capitaine, comme il l'est à Pittsburgh, Crosby est la star et la figure emblématique de cette équipe du Canada. Celui que tout le monde attendait.
Il y a donc une forme de logique à ce que ce soit lui qui fasse penchant l'histoire du bon côté pour les Canadiens. "Avant le début de la prolongation, dans le vestiaire, on se disait que quelqu'un allait devenir le héros de tout un peuple, américain ou canadien. C'est Sidney et franchement, je ne crois pas que ce soit une coïncidence", confie Jonatahn Toews, auteur lui du premier but, ce que beaucoup auront probablement oublié dans quelques années. Dimanche soir, la ligne était extrêmement fine entre jour de gloire et catastrophe nationale. Paradoxalement, Sidney Crosby, attendu comme le personnage central de ce tournoi olympique, n'avait pas franchement donné sa pleine mesure à Vancouver. Certes, il fut souvent précieux, par son abattage, ou son sang froid, comme lors de la série de tirs au but contre la Suisse, au premier tour. Mais il n'avait pas son rayonnement habituel. Nash, Getzlaf ou Toews s'étaient davantage distingués. Même au cours de cette finale, il avait mal négocié un face à face avec Ryan Miller qui aurait pu plier définitivement le match dans le troisième tiers temps, alors que le Canada menait 2-1. Si les Américains avaient fini par l'emporter, on aurait sans doute parlé quelques années à Crosby de ce breakaway balbutié… Mais les grands joueurs trouvent toujours le moyen de remettre l'histoire dans le bon sens. "Je savais que, tôt ou tard, cette ligne avec Jarome et Sid aurait une opportunité", explique Mike Babcock.
Thornton: "Nous avons de la chance qu'il soit né avec un passeport canadien"
En prolongation, à quatre contre quatre, les espaces se libèrent, et les talents aussi, par nature. Le Canada avait dès lors l'ascendant. Et quel plus grand talent que Crosby dans l'effectif à la feuille d'érable? "J'ai vu que j'avais un peu d'espace, j'ai crié pour que Jarome (Iginla) me fasse la passe et j'ai shooté sans réfléchir, raconte le numéro 87. Je n'ai même pas vu le palet entrer dans le but". Vrai. Quand il part derrière le but de Ryan Miller après son tir, Crosby ne réagit pas immédiatement. C'est l'immense clameur de la foule qui matérialise son but. "J'ai entendu un bruit incroyable et j'ai compris. Après avoir marqué il y a eu vraiment beaucoup de bruit et je ne sais pas trop ce qui m'a traversé l'esprit à ce moment-là, il y avait juste la joie d'avoir marqué et beaucoup d'émotion à partager avec les gars et avec tout le Canada. C'est un rêve." Ses rêves, Crosby les vit, et les écrit.
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Crosby Canada

Crédit: AFP

Cette équipe du Canada, c'est évidemment bien plus que Sidney Crosby. Avec du talent, de la puissance et de l'expérience dans toutes les lignes, la sélection de Mike Babcock était, sur le papier, un cran au-dessus de la concurrence. Mais prenez le problème dans n'importe quel sens, dans 10, 20 ou 30 ans, l'histoire retiendra d'abord que si le Canada est devenu champion olympique sur son sol (plus personne n'avait gagné l'or à domicile depuis les Etats-Unis en 1980), c'est sur un but de Sidney Crosby. Un but pour l'histoire, qui se racontera de génération en génération, de Montréal à Vancouver. Le but le plus important de sa carrière. Quoi qu'il puisse accomplir d'ici la fin de sa vie de hockeyeur, Crosby restera associé à jamais à cette 68e minute de la finale des Jeux de Vancouver. "Les grands joueurs réussissent de grandes choses à de grands moments. Le reste ne compte pas", témoigne Ron Wilson, l'entraîneur américain, en guise d'hommage. Invité à raconter ce but victorieux, Joe Thornton lâchera ces mots qui en disent long. "C'est Sidney. On doit juste se dire que nous avons de la chance qu'il soit né avec un passeport canadien. Moi qui joue souvent contre lui en NHL, je peux vous dire que ça fait du bien de jouer avec lui."
En l'espace de huit mois, Sidney Crosby vient de remporter la Coupe Stanley et les Jeux Olympiques. A moins de 23 ans, il a déjà accompli plus que certains en une carrière. Enfant star, annoncé dès 14 ans comme le nouveau Wayne Greztky, scruté comme aucun joueur ne l'a été auparavant dans l'histoire du hockey, Sid the Kid avance comme si de rien n'était. On mesure sans doute mal vu d'ici à quel point les joueurs canadiens se trouvaient sous pression durant ce tournoi, et Crosby l'était plus que tout autre. Des 14 médailles d'or remportées par le Canada à Vancouver, une seule était vraiment indispensable. Celle-ci. Le peuple n'aurait pas toléré autre chose qu'une victoire. Dans ce pays où l'on apprend à patiner avant de marcher, beaucoup auraient été prêts dimanche soir à échanger les 13 premiers titres olympiques de Vancouver pour une victoire en finale face aux Etats-Unis. Ce ne sera donc pas nécessaire, puisque Crosby, suivant son destin tout tracé, est passé par là.
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