Un dimanche de folie

Si vous aimez le hockey sur glace, alors ce dimanche marquera pour vous une journée mémorable. Une journée de folie, avec trois affiches de rêve qui pourraient très bien faire office de finale, trois remakes des trois dernières finales olympiques, et les trois plus grosses rivalités de la planète hockey en ce qui concerne les sélections. Un menu trois étoiles. Jugez plutôt: Russie-République tchèque en entrée, Canada-Etats-Unis en plat de résistance, et un petit Suède-Finlande en guise de dessert. N'en jetez plus.

Comme les choses sont bien faites, cette orgie tombe donc un dimanche. C'est dire si les télés canadiennes et américaines se frottent les mains. "Vous trouvez ça étonnant, vous? Il doit bien y avoir quelqu'un derrière tout ça", s'amuse Henrik Zetterberg, la star de l'équipe de Suède et des Red Wings de Detroit. Hasard ou pas, il n'y a aucune raison de bouder son plaisir. Zetterberg en convient d'ailleurs."C'est bien pour les Jeux, c'est bien pour les télés, c'est bien pour les fans et, croyez-moi, c'est bien aussi pour nous. On adore jouer ce genre de match, c'est pour cela que nous sommes aux Jeux. C'est comme dans toute rivalité. Tout le monde se donne à fond sans calculer quand on s'affronte."

La plupart de ces joueurs se connaissent parfaitement, beaucoup jouent ensemble dans les divers clubs de NHL, certains sont proches. Mais dimanche, tout cela sera laissé de côté. Surtout quand, par-delà les rivalités sportives, l'histoire vient les renforcer. C'est le cas entre Tchèques et Russes. "Ils ont occupé notre pays, nous leur appartenions et nous avons lutté pour jouir pleinement de notre indépendance. Il n'y a pas une équipe contre laquelle nous sommes plus motivés que contre les Russes", rappelle l'attaquant tchèque Thomas Fleischman. Si Jaromir Jagr porte le numéro 68, c'est en référence au Printemps de Prague, célèbre épisode de l'histoire tchèque, qui s'est produit en 1968. C'est aussi cette année-là que le grand-père de Jaromir est mort, après avoir été emprisonné par les Soviétiques. De l'eau a coulé depuis, mais certaines choses ne s'oublient pas.

Il n'y a certes rien d'aussi pesant entre Suédois et Finlandais, ou entre Canadiens et Américains. Mais dès lors qu'il s'agit de hockey, la rivalité entre ces pays devient exacerbée. C'est dire si tout le monde a hâte d'en découdre. D'autant que l'atmosphère canadienne, terre de hockey par excellence, donne un relief encore plus particulier à ces rencontres. "Ici, c'est vraiment fabuleux. Il y a une telle passion, souligne Tomas Vokoun, le gardien de la République tchèque. Pour moi qui joue dans le sud des Etats-Unis (NDLR: chez les FloridaPanthers), je dois dire que ça n'a rien à voir avec ce que j'ai l'habitude de connaitre tout au long de la saison NHL. Franchement, je savoure chaque minute."

De ce dominical triptyque magique, c'est sans doute le duel entre le Team Canada et le Team USA qui est le plus attendu. Même si l'enjeu est moins fort, les Américains rêvent de rendre à leurs voisins la pièce de l'amère défaite en finale du tournoi olympique de 2002 à Salt Lake City. Ils rêvent aussi de prouver que l'écart entre les deux équipes n'est pas aussi grand que ce que certains prédisaient avant le tournoi. La très laborieuse victoire du Canada face à la Suisse, aux tirs au but, aura-t-elle servi d'avertissement salutaire aux hommes de Mike Babcock? Sidney Crosby le croit. "C'est le match qu'il nous fallait pour nous bouger et nous lancer dans ce tournoi. Nous serons prêts contre les Etats-Unis", jure le capitaine de Pittsburgh. Il nous tarde d'être à dimanche soir pour vérifier tout ça sur la glace...