Neuville met les formes

"Pour gagner un rallye, il faut d'abord le finir." Avant le départ du Tour de Corse, Marc Van Dalen, le directeur de Kronos Racing, avait mis en garde Thierry Neuville, trop souvent coupable de sorties de route mémorables. Cette fois-ci, son protégé n'a pas craqué. A 21 ans, il a remporté son premier succès en Intercontinental Rally Challenge (IRC). Une victoire qui est venue récompenser son beau parcours depuis le départ à Calvi, jeudi après-midi. En tête dès la première spéciale, Neuville a signé huit des treize temps scratches de l'épreuve insulaire, l'ES6 ayant été annulée après la sortie de route d'Ari Vatanen dans une voiture ouvreuse.

Jamais vraiment inquiété par la concurrence, en premier lieu de laquelle celles des pilotes Skoda, il a géré sa course de bout en bout, sans trembler. Et même lorsqu'il a été coupable d'un tête à queue dans la première spéciale de l'étape 2, puis a cédé le leadership dans la suivante, il a réagi en reprenant la tête dans la foulée. Samedi, dans l'étape 3, le scenario a semblé un instant bégayer lorsque Jan Kopecky (Skoda Fabia) s'est rapproché dans la première spéciale de la journée. Neuville a alors montré au pilote tchèque qu'il n'avait pas l'intention de céder en signant un scratch juste après. "On a voulu montrer à Kopecky qu'on était bien là, qu'il n'arriverait pas à venir nous chercher", a lâché Nicolas Gilsoul, son copilote, au regroupement de mi-journée. Un vrai comportement de pilote conscient de ses forces.

Après sa troisième place au Rallyes des Canaries, mi-avril, Neuville a donc réussi à confirmer les nombreux espoirs placés en lui. Si sa pointe de vitesse ne faisait aucun doute, sa capacité à rester concentré sur la longueur d'un rallye faisait encore défaut quelque fois. Depuis qu'il a changé d'approche (voir par ailleurs), le Belge semble emprunter la bonne trajectoire, celle qui mène au plus haut niveau. Reste à confirmer dans les rallyes suivants avant d'envisager une suite glorieuse. "Pour l'instant, je suis bien dans ce championnat. Il y a une grosse concurrence, on se bagarre, a-t-il expliqué. Pour le futur, bien sûr que je voudrais rouler en WRC, mais on n'en est pas encore là.""Il a gagné une bataille pas la guerre", a conclu Marc van Dalen. La leçon n'a plus qu'à être appliquée.