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Les JO de Rio éclaboussés par les crises à répétition du Brésil ?

ParAFP

Mis à jour 26/04/2016 à 23:34 GMT+2

Crise politique autour de la destitution de la présidente Dilma Rousseff, scandale de corruption, récession économique, mouvements sociaux : l'orage gronde au Brésil. Va-t-il s'abattre sur les JO-2016 de Rio dans 100 jours ?

Le parc Madureira de Rio de Janeiro, le 1er juillet 2015

Crédit: AFP

Qui inaugurera les JO ?

C'est traditionnellement le chef de l'Etat hôte qui déclare les Jeux ouverts, comme Elizabeth II à Londres en 2012. Mais le trône de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, est bien moins stable que celui de la reine d'Angleterre. La procédure de destitution à son encontre va vraisemblablement déboucher en mai sur sa mise à l'écart du pouvoir pour 180 jours maximum, en attendant un jugement final, au profit de son vice-président, Michel Temer.
Ironie du sort, celui qu'elle dénonce comme "traître" et "conspirateur" pourrait ainsi inaugurer un événement planétaire décroché en 2009 par l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, icône de la gauche brésilienne. Mme Rousseff fut huée lors de l'inauguration de la Coupe des Confédérations 2013 et du Mondial 2014. Michel Temer, tout aussi impopulaire, pourrait subir la même bronca.
"Il y a eu des critiques du côté de l'Organisation des Etats américains (OEA), de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), certains pays voient la procédure (en destitution) avec circonspection. De nombreux dirigeants renonceront probablement à participer" à la cérémonie d'ouverture, a commenté pour l'AFP Michael Mohallen, professeur en droit public à la Fondation Getulio Vargas (FGV).

La crise économique aura-t-elle un impact ?

Le Brésil est loin d'être la puissance émergente dynamique qui a décroché en 2009 les premiers JO en terre sud-américaine. Oublié le boom socio-économique des années 2000. Son PIB a chuté de 3,8% en 2015 et 2016 se présente sous les mêmes auspices: la pire récession depuis les années 1930.
Certes, les stades et travaux d'infrastructures sont presque achevés et payés. Mais les sponsors font grise mine. Le Comité d'organisation Rio 2016 a dû tailler jusqu'à 20% dans son budget opérationnel, réduisant le nombre de volontaires, supprimant des projets de tribunes provisoires. Depuis janvier, l'Etat régional de Rio paye en retard ses fonctionnaires, policiers, enseignants et même les retraités de la fonction publique. D'où grèves et manifestations, pour le moment limitées. Les finances de l'Etat de Rio sont dans une situation "tragique", selon son gouverneur par intérim, Francisco Dornelles.
Rio n'échappe pas à la crise du Brésil et paye cash la chute des prix du pétrole et la paralysie de l'industrie consécutive au scandale de corruption autour du géant étatique Petrobras et de ses sous-traitants, dont dépendent une grande partie de ses revenus. Bientôt, la plupart des 30.000 ouvriers employés aux travaux des JO vont se retrouver sur le carreau.
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The Velodrome, under construction, at the Olympic Village in Rio de Janeiro, Brazil, on February 3, 2016.

Crédit: AFP

Le spectre de la corruption

L'affaire Petrobras implique les plus grandes compagnies de BTP du pays, qui ont versé des pots-de-vin au groupe pétrolier en échange de contrats surfacturés. Une partie des commissions étaient reversée à des partis politiques de la coalition au pouvoir, dont le PMDB du vice-président Temer. Or, beaucoup de ces entreprises, dont le numéro 1 Odebrecht, qui a promis de collaborer avec la justice, ont oeuvré sur les travaux des JO : construction des enceintes sportives, infrastructures de transports.
Les enquêteurs ont ainsi révélé fin mars des soupçons de corruption autour du réaménagement de la zone portuaire de Rio, convertie en pôle touristique et culturel, et de la construction de la Ligne 4 du métro. Mais les autorités nient toute irrégularité. Le conseil municipal de Rio va ouvrir une commission d'enquête sur ces fraudes présumées, y compris sur la piste cyclable inaugurée il y a trois mois en vue des JO et dont un tronçon s'est effondré jeudi, faisant deux morts et un disparu.
"Le CIO ne doit pas faire la sourde oreille, car il est le gardien des valeurs éthiques et morales que le sport doit véhiculer", estime Pedro Trengrouse, conseiller de l'ONU durant le Mondial 2014 et professeur universitaire en droit du sport.

Risque de manifestations ?

Le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir martèle que si Dilma Rousseff est écartée du pouvoir, il poursuivra "la lutte dans la rue" contre ce qu'il considère comme un coup d'Etat institutionnel. Il agite le spectre des manifestations massives de juin 2013 contre le coût de la Coupe du monde de foot et pour de meilleurs services publics. Michael Mohallen juge "peu probables" des manifestations à l'appel du PT contre les JO légués au Brésil par Lula. Le parti de Mme Rousseff est discrédité par le scandale Petrobras et ne mobilise guère beaucoup au-delà de sa base militante.
Les JO, financés en très grande partie par des fonds privés, ne suscitent pas la même hostilité que le Mondial, dont la préparation avait été aussi chaotique que sa facture publique salée. Mais d'ici 100 jours, la crise politique, économique et l'enquête Petrobras peuvent encore obscurcir de nuages le ciel des JO, parfaite caisse de résonance pour les mécontents.
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