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Sports d'hiver : en France, pas de conflit entre les anciens et les modernes à Sotchi 2014

Patrick LAFAYETTE

Publié 21/02/2014 à 21:10 GMT+1

L’enthousiasmant triplé du skicross et quelques autres réussites dans les disciplines nouvelles ouvrent de belles perspectives à l'équipe de France.

Arnaud BOVOLENTA (FRA) - Brady LEMAN (CAN) - Jean Frederic CHAPUIS (FRA) - Jonathan MIDOL (FRA), Sotchi 2014, skicross

Crédit: Panoramic

Evidemment, la France est soudain tombée amoureuse du skicross ! Avec ce triplé jamais réalisé dans les annales olympiques hivernales ! Qu’Ophélie David ne complètera hélas jamais d’un titre que son formidable parcours aurait mérité. Et, pour couronner cette révélation, un spectacle prenant, à couper le souffle, avec ses rebondissements, ses chutes, sa dramatique, ses aspects de combat et de rollerball dans des descentes échevelées, des sauts impressionnants.
Sur une piste dessinée pour créer des émotions, la France du freestyle s’en est offert de belles, et ce n’est surtout pas un hasard.
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skicross sotchi 2014 jeux olympiques

Crédit: AFP



Dans ce panier à médailles qu’a progressivement tressé l’apparition des disciplines du ski acrobatique aux Jeux, entamée à Albertville (et là aussi, ce n’est pas un hasard…), les Bleus, à commencer par l’or d’Edgar Grospiron dès la première sur les bosses, en 1992, se sont souvent offert de bonnes pioches. Et, puisque la glace s’effritait lentement sous les patins des nôtres, ces disciplines jeunes ont vite compensé ce manque à gagner au classement des nations. Depuis qu’elles sont nées, les unes après les autres, ces pratiques ludiques ont toujours séduit les gamins de nos stations alpines. Et très vite, les ados les ont annexées à leurs jeux et leurs codes. Toujours en pointe sur l’innovation, le ski et le snowboard français n’ont jamais boudé ces nouveaux plaisirs.
Leur introduction au programme olympique a été facilitée par la volonté du CIO d’étoffer ses Jeux d’Hiver, passés en vingt ans de 61 à 98 épreuves, de les féminiser aussi, et d’y agréger le plus de nations possibles. Et les émergentes y ont vu des débouchés possibles, quand elles pouvaient ainsi partir –presque- sur un pied d’égalité avec les pays à forte tradition, et ne pas s’infliger l’insurmontable handicap du poids de l’histoire et de leur absence de passé et d’expérience dans les disciplines ancestrales de la neige, ski alpin et ski nordique.
Depuis qu’elles sont nées, les unes après les autres, ces pratiques ludiques ont toujours séduit les gamins de nos stations alpines.
Malgré ses crises internes dans un passé encore récent, malgré le tumultueux mariage de raison avec l’AFS (Association française du snowboard), la FFS a conservé assez de lucidité et d’intelligence pour ne pas rater le train de ces ouvertures régulières, jusqu’à celles du ski halfpipe (argent de Marie Martinod, bronze de Kevin Rolland) et du slopestyle cette année. En s’appuyant sur quelques structures et initiatives privées, comme le « Freeski Project » de Greg Guenet, en matière de halfpipe, et de salutaires prises de conscience, comme lorsque les garçons du skicross sont rentrés bredouilles de Vancouver 2010 et que Michel Lucatelli, leur patron, a décidé de professionnaliser un groupe jusque-là plus fêtard que rigoureux : "Je ne crois ni au hasard ni à la chance mais à la force du travail", dit ce coach au discours affirmé et tranchant. Et c’est ainsi que, dans un secteur qui joue à la passerelle avec l’alpin, il est allé recruter des jeunes motivés pour les lancer dans un projet de préparation original et pointu sur quatre ans. Finie l’époque où les descendeurs en bout de course pouvaient espérer être tout de suite performants en skicross : l’Américain Daron Rahlves, pourtant vainqueur des plus belles classiques du circuit, à Kitzbühel, Bormio ou Wengen, qui y voyait une tranquille reconversion de trentenaire, en a fait l’amère expérience…
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Chapuis Bovolenta Midol sotchi 2014 skicross

Crédit: AFP

Il faut faire du spécifique maintenant, le niveau et la concurrence sont élevés. La France y tient la route, avec des moyens, qui relèvent souvent du système D, qu’elle s’ingénie à trouver.
Reste que le zapping, signe des temps et des générations d’aujourd’hui, risque de nuire à un développement cohérent : les bosses ou le snowboard parallèle, accueillis il y a respectivement vingt-deux et seize ans seulement, sont déjà presque désuets, délaissés par la relève… Ce qui laisse un bel avantage et leur domination, dans leur perception par l’opinion, aux sports "installés", qui capitalisent en se remettant régulièrement en question, inspirés par les formats et l’attractivité de ces nouveaux venus. Un triplé en skicross n’est pas près de valoir un podium en descente ou au 50 kilomètres des fondeurs.
Quand Michel Vion, le président de la FFS, nous confiait l’autre soir au Club France, qu’il préférait "son" doublé argent-bronze (Missillier-Pinturault) en géant à la rafle canadienne sur les bosses (4 médailles sur 6), il n’y avait personne à table pour le contredire. Et même à la Maison du Canada, beaucoup se rangeraient à cet avis…
N’empêche, la France est tombée amoureuse du skicross. Et tout le ski acro vaudra encore son pesant d’or à l’avenir.
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2014 JO Sotchi Kevin Rolland

Crédit: AFP

Trois chiffres pour comprendre

  • 4 - Avec quatre médailles en une journée, jeudi, le ski acrobatique a permis à la France de battre son record absolu, portant le total à 15. Symbolique.
    7 – 7 médailles françaises sur 15, à Sotchi, ont, pour l’instant, été obtenues dans des sports modernes ou extrêmes. Soit 46%. Et Sylvain Dufour, en snowboard slalom parallèle, ce samedi, peut en apporter une huitième...
    60 – Quand le ski de bosses, première des disciplines du ski acro, est apparu en 1992 au programme olympique, le freestyle distribuait six médailles. Le total est passé à soixante aujourd’hui.
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