Rétro JO: Sarajevo 1984

Pour la première fois de leur histoire, les Jeux olympiques ont lieu dans un pays socialiste. L'accueil réservé par le public yougoslave aux premiers JO de l'ère Samaranch est salué par tous. Le monde olympique découvre que Sarajevo, ville de Bosnie-Herzégovine, compte 40% de musulmans, que la Yougoslavie possède six républiques, cinq nationalités, quatre langues, trois religions et deux alphabets. Rien ne laisse présager alors le conflit qui va dévaster la ville quelques années plus tard.

Guerre-Froide oblige, en 1980, les Etats-Unis et une cinquantaine d'autres pays boycottent les Jeux d'été de Moscou. Quatre ans plus tard, à Sarajevo, les Américains sont bien présents, tout comme 48 autres nations (onze de plus qu'à Lake Placid quatre ans plus tôt). Tout est réuni pour que ces Jeux soient une réussite. A quelques heures de la cérémonie d'ouverture, seul le manque de neige effraie les organisateurs. Mais une tempête rassure tout le monde la veille du jour J. Pour le lancement des Jeux, Sarajevo se réveille couverte du blanc manteau.

Les Jeux sont marqués par de formidables exploits. La reine de Sarajevo reste sans contestation possible la fondeuse finlandaise de 28 ans, Marja-Liisa Hämäläinen (quatre médailles dont trois d'or). Son homologue suédois, Gunde Svan, se pare de tous les métaux à chaque course à laquelle il participe. En patinage artistique, "le plus beau visage du socialisme", l'Allemande de l'Est Katarina Witt, s'illustre tout comme l'Américain Scott Hamilton. Sur le Boléro de Ravel, le couple britannique composé de Jayne Torvill et Christopher Dean brille et donne ses premières lettres de noblesse à la danse sur glace en récoltant douze 6.0, la note parfaite, sur dix-huit possibles. En hockey sur glace, l'URSS remporte son sixième titre olympique en huit participations. Mais pour la première fois au cours de Jeux d'hiver, les Allemands de l'Est devancent les Soviétiques avec 24 médailles dont 9 du plus beau métal (contre 25 et 6 d'or).

Dans le clan français, on triple le total de médailles de Lake Placid. La technicienne Perrine Pelen en rajoute deux à son compteur personnel en slalom spécial (argent) et en slalom géant (bronze). La troisième médaille tricolore revient au slalomeur Didier Bouvet.

Nombre de nations : 49
Nombre de participants : 1272 (274 femmes et 998 hommes)
Nombre d'épreuves : 39
Dates : Du 8 au 19 février 1984
Pays le plus médaillé : Allemagne (24 dont 9 or)
Nombre de médaille française : 3
Ouverture officielle : Mika Spiljak
Serment : Bojan Krizaj

En s'adjugeant le 15km et le relais 4x10 km, le Suédois Gunde Svan devient à 22 ans le plus jeune fondeur champion olympique.

Favori dans de nombreuses épreuves, le ski alpin autrichien déçoit, revenant de Sarajevo avec un triste bilan d'une seule médaille (Anton Steiner décroche le bronze sur la descente).

Le fondeur mongol Purejval Batsukh est contrôlé positif aux anabolisants lors de l'épreuve de relais. La Mongolie s'était classée avant-dernière.

Après sa victoire, Katarina Witt reçoit 35 000 lettres d'amour.

C'est un véritable record de longévité. A 53 ans, le bobeur suédois Carl Erik Eriksson participe à ses sixièmes JO d'hiver.

Dire que la Finlandaise a marqué ces Jeux de Sarajevo est un doux euphémisme. Seule femme à avoir participé à six Olympiades d'hiver (entre 1976 et 1994), Marja-Liisa Kirvesmiemi-Hämäläinen s'adjuge les trois médailles de ski de fond dames, avec, à chaque fois, plus de dix secondes d'avance sur sa dauphine. En plus de ces trois titres olympiques, elle ajoute une quatrième médaille à son palmarès en 1984, le bronze avec le relais finlandais sur le 4 x 7,5 km.

Grâce à un Boléro de Ravel envoûtant, ce couple britannique décroche la médaille d'or de la danse sur glace. Sur les dix-huit notes décernées, les juges accordent à Torvill et Dean douze notes parfaites (6.0), dont neuf pour la présentation artistique, ce qui représente l'unanimité. Sur un programme long de 4 minutes et 28 secondes, alors qu'il était limité à 4 minutes et 10 secondes, les Britanniques se mettent à danser sur l'obsédant Boléro 18 secondes après le début de leur récital.

Trois ans avant Sarajevo, Torvill et Dean sont sacrés champions d'Europe à Innsbruck, mettant fin à onze années de suprématie soviétique puis champions du monde. S'engouffrant dans l'ouverture pratiquée dans les règlements par Irina Moiseeva et Andreï Minenkov, "T and D" opposent à un classicisme russe façonné par le Bolchoï et le Kirov une fantaisie et une inventivité qui feront trembler la discipline sur ses bases. Le public est conquis. Les juges aussi, qui leur décernent douze notes parfaites sur dix-huit possibles.

Championne olympique en 1984, l'Allemande de l'Est, née en 1965, récidive quatre ans plus tard à Calgary. Katarina Witt, le "plus beau visage du socialisme" restera dans les mémoires comme celle qui a amené le patinage artistique dans l'ère moderne et vers une médiatisation au sommet. Sur le podium de Sarajevo, Witt devance deux championnes du monde, Rosalynn Sumners et Elaine Zayak. La compétition fut âpre et disputée. Au programme libre, cinq juges lui donnent la première place contre quatre pour Sumners.

Après sa médaille de bronze en géant à Lake Placid, la seule médaille tricolore aux Etats-Unis, Perrine Pelen remporte deux nouvelles médailles à Sarajevo. L'argent en Slalom et le bronze en géant. Sur celui-ci, elle prive les Américaines d'un retentissant triplé.

Sur l'épreuve de Géant, dans un épais brouillard, à la limite de la régularité, la Grenobloise n'est devancée que par la minuscule Italienne (1,51m) de 19 ans, Paoletta Magoni. La skieuse transalpine donne à l'Italie son premier titre olympique de l'histoire.

Le Français, parti avec le dossard 16, se classe 5e de la première manche. Sur la seconde, il manque de perdre un bâton. A l'arrivée, il est devancé par les jumeaux américains Phil et Steve Mahre, qui font le doublé.