Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Francis Ngannou accueilli en héros au Cameroun, où il est investi dans le développement du sport

ParAFP

Mis à jour 05/05/2021 à 14:30 GMT+2

Le Camerounais Francis Ngannou, premier Africain à obtenir la consécration mondiale en UFC, plus prestigieuse des ligues de MMA, a été célébré le week-end dernier dans son pays. Ce pratiquant d'art martiaux mixtes de 34 ans, poids lourds par sa catégorie et de son sport, est par ailleurs à l'initiative de la création d'un centre d'entraînement au Cameroun. Il ambitionne d'en ouvrir d'autres.

Francis Ngannou (à droite), présente sa ceinture UFC à Bafié, au Cameroun - 01/05/2021

Crédit: Getty Images

Un concert de klaxons accueille l'enfant du pays : Francis Ngannou, champion du monde des poids lourds d'arts martiaux mixtes (MMA), a fait le week-end dernier un retour triomphal dans son village natal de Batié, dans l'ouest du Cameroun. Le colosse d'1m93 pour 113 kilos, surnommé "The Predator", a battu à Las Vegas le 28 mars par KO l'Américain Stipe Miocic, tenant du titre, devenant ainsi le premier Africain à obtenir cette consécration mondiale dans la plus prestigieuses des ligues, l'Ultimate Fighting Championship (UFC) américaine.
Debout à l'arrière d'un pick-up, Francis Ngannou, sourire aux lèvres et ceinture de champion dorée devant lui, salue les supporters de sa petite ville venus l'acclamer. Alors que l'interminable convoi de véhicules qui accompagne le champion de 34 ans traverse l'axe principal desservant cette commune d'environ 20 000 personnes, une myriade d'enfants, de femmes et de vieillards sortent à mesure que le cortège avance.
Sur l'esplanade de la fondation créée par Francis Ngannou à Batié pour encadrer de jeunes sportifs, près de 2 000 personnes ont pris place pour une cérémonie d'accueil. Le champion du monde, admirateur de Mike Tyson, parle d'une voix posée et calme. Bien loin de l'image du "Predator" sur les rings, lui qui s'adonne à un sport de combat extrême qui permet coups de pied, poing, genou, coude et passages au sol.
picture

Un homme brandit un poster à l'effigie de Francis Ngannou, dans une rue de Bafoussam au Cameroun - 01/05/21

Crédit: Getty Images

"La fierté du Cameroun"

"Voici la ceinture", lance-t-il en ghomala, une langue de l'ouest du Cameroun, devant une foule en liesse. "Cette ceinture est très belle, mais ce n'est qu'un bout de métal. Pour moi, le plus important, c'est ce qu'elle véhicule, elle représente la foi et la détermination", enchaîne M. Ngannou.
"Ngannou Champion", lit-on sur une pancarte portée, au milieu de la foule, par un jeune fan, Armand Teguia, parti de Yaoundé, la capitale, à près de 300 km, pour célébrer celui qu'il considère comme un "modèle". "Je suis tellement ému, content, fier d'avoir un grand frère qui est champion du monde et qui fait la fierté du Cameroun", s'enthousiasme-t-il. "Il me donne de l'espoir, l'envie de travailler. C'est le meilleur, il n'y en a pas deux", poursuit-il.

"Je ne suis pas une légende"

Francis Ngannou, né en 1986, a passé son enfance à Batié. Il abandonne ses études au collège et enchaîne les petits boulots pour survivre, travaillant successivement dans une carrière de sable ou comme conducteur de moto-taxi. Il découvre sur le tard les sports de combat. Mais l'absence de perspectives au Cameroun le pousse à l'exil. En 2013, il arrive clandestinement en France, où il dort un temps dans la rue à Paris avant de faire des rencontres qui lui permettent de poursuivre sa carrière dans les arts martiaux.
"Je ne suis pas une légende. Je suis juste un enfant du village qui a cru en ses rêves", assure-t-il. "Ce que je retiens de mon parcours c'est que c'est possible tant qu'on y croit, c'est possible tant qu'on s'accroche", indique-t-il. "Lorsqu'il était tout petit, je percevais déjà en lui beaucoup de détermination. J'avais compris qu'il avait un objectif très précis à atteindre dans la vie, mais il ne l'avait jamais révélé à qui que ce soit", témoigne Ferdinand Kamga, qui a côtoyé le "predator" quand il travaillait à la carrière de sable.
picture

Il a dormi dans la rue, il est au sommet du MMA : l'incroyable histoire de Ngannou

L'objectif de "couvrir tout le territoire national avec (des centres d'entraînement)"

En 2019, Francis Ngannou a ouvert dans son village un centre multisports pour former des jeunes aux arts martiaux. Huit fois champion d'Angleterre de jiu-jitsu brésilien, Sam Michael Crook s'est installé en 2019 à Batié pour encadrer des jeunes du centre de Ngannou. Plusieurs dizaines de jeunes s'y entraînent. "Tout est gratuit", souligne le Britannique.
"C'est un premier centre. Nous avons prévu une deuxième salle à Buéa dans la région du Sud-Ouest, mais on ne s'arrêtera pas là", promet Francis Ngannou. "Le projet est immense et vise à couvrir tout le territoire national avec (...) des opportunités données aux jeunes de pouvoir s'entraîner au plan sportif et de favoriser leur développement personnel ; ce qui permettra aux enfants de croire en leurs rêves", avance-t-il.
"Francis m'a récupéré dans la rue pour me mettre où je suis actuellement. Je n'avais rien à manger. Aujourd'hui, j'ai un bon cadre pour m'entraîner à tout moment", témoigne Desmond Tamungang, champion du Cameroun de MMA de 28 ans. Il doit participer à la mi-mai au championnat d'Afrique de MMA, avec pour objectif d'avoir le même palmarès que son mentor.
"Je bosse dur pour que ce titre de champion du monde reste ici. Rien ne m'empêchera d'avoir cette ceinture. Je veux en avoir plus que Francis Ngannou", ambitionne-t-il. A Batié, il n'est pas le seul à caresser ce rêve.
picture

Un homme fait du sac de frappe dans un centre d'entraînement créé à l'initiative de Francis Ngannou à Batié, au Cameroun

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité