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MOTOGP - Dans sa quête du Graal, KTM progresse avec ses convictions

Julien Pereira

Mis à jour 13/08/2017 à 10:33 GMT+2

GRAND PRIX D'AUTRICHE - A domicile à Spielberg, KTM pourra exposer les nombreux progrès réalisés depuis le début de la saison. Le titre mondial en point de mire, le constructeur autrichien avance pas à pas. Et avec ses idées.

Pol Espargaro (KTM) lors de la qualification du Grand Prix d'Autriche 2017

Crédit: Getty Images

En MotoGP comme ailleurs, les défis les plus fous sont souvent les plus commentés. Le challenge annoncé en 2014 par KTM est en cela un paradoxe : géant européen du marché de série, soutenu qui plus est par l'une des marques les plus puissantes de la planète, à savoir Red Bull, le constructeur autrichien avait agité le Continental Circus autant qu'il érige aujourd'hui le silence en règle. A l'heure d'aborder son Grand Prix national, la firme de Mattighofen entretient sa discrétion, poussé par son exigence et sa quête d'objectifs démentiels, alors qu'elle aurait, déjà, quelques bonnes raisons de rouler des mécaniques.
Stefan Pierer, patron de l'équipe, n'est pas tout à fait un adepte du politiquement correct. En février dernier, un mois à peine avant que KTM n'entame sa première saison pleine en catégorie reine, le boss avait dégainé les fusils et allumé un grand rival. "Honda est le géant. Mais Honda est toujours en train de tricher. Avec eux, c'est toujours la même chose, je ne sais pas pourquoi ils font cela alors qu'ils n'en ont pas besoin. Mais visiblement, c'est leur style, avait-il lâché devant un parterre de dirigeants et de journalistes médusés. Voilà pourquoi nous aimons battre Honda".
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Nouvelle en MotoGP, la KTM est vraiment différente de ses rivales

Officiellement, Pierer maintient que son ennemi a bidouillé la machine de Danny Kent, en 2015, pour lui permettre d'empocher le titre Moto3, six petits points devant Miguel Oliveira, mini-star KTM, en dépassant le seuil maximal autorisé du régime moteur, alors fixé à 13500 tours/minute dans la catégorie. Il n'a pas digéré non plus que Joan Barreda, pilote de la firme japonaise, ne s'offre un ravitaillement interdit au Dakar, en janvier dernier, même s'il avait finalement été lourdement pénalisé. Officieusement, l'idée est plutôt de déclarer publiquement la guerre à la marque à battre, que le constructeur autrichien veut dominer, à terme.

KTM, un mastodonte en quête de l'inaccessible

Peu après la mi-saison, les provocations se sont dissipées. Les objectifs, aussi inaccessibles qu'ils puissent paraître, demeurent : des podiums réguliers dans trois ans, le titre dans cinq. Pour les atteindre, Pierer, seul patron d'équipe également propriétaire de la marque, se donne les moyens. Le budget qu'il alloue au monde des grands prix dépasserait les 30 millions d'euros. Sans surprise, les officiels Pol Espargaro et Bradley Smith plafonnent, cette saison, dans les tréfonds du classement, avec une trentaine de points à eux deux. Mais les progrès sont réels. Et les ambitions intactes.
Dans sa quête de perfectionnement, Pierer rehausse les objectifs régulièrement. Avant la trêve, il avait réclamé un premier Top 10 en deuxième partie de saison, alors que ses pilotes n'étaient entrés dans les points qu'à quatre reprises chacun, et parfois dans des conditions particulières. Mais le patron de KTM n'a pas eu à patienter bien longtemps. A Brno, Espargaro s'est offert le neuvième rang, confirmant ainsi la montée en puissance de la RC16, et récompensant, aussi, le travail acharné des ingénieurs et techniciens de la marque. Les usines du Nord de Salzbourg compteraient parmi les plus actives du Vieux Continent, et produisent un nombre incalculable de pièces pour multiplier les possibilités de réglages.
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Moteur "Big Bang" et cadre tubulaire : les particularités de la KTM RC16

Car KTM ne veut pas seulement gagner. Le constructeur autrichien veut triompher avec ses idées... et ses particularités. Autorisée à poursuivre le développement de ses machines tout au long de la saison, à l'instar d'Aprilia et au contraire de toutes les autres marques, Mattighofen peaufine ses évolutions. De son moteur "Big Bang" tournant dans le sens des roues et permettant une livrée progressive de la puissance au fameux châssis tubulaire en acier, marque de fabrique de la firme, le géant autrichien a débuté d'une page vierge pour relever un défi unique en catégorie reine.

Progresser sans toucher à ses convictions

"Avant notre arrivée, nous ne disposions d'aucune donnée. Nous nous sommes rendus sur des circuits où nous n'avions que quelques informations. Compte-tenu de cela, je suis très impressionné par ce que nous avons fait. Je pensais qu'à ce stade, nous serions beaucoup plus loin, à environ deux secondes des plus rapides", affirmait, récemment, Mike Leitner, directeur de l'équipe, à nos confrères de Motorsport.com. A Spielberg, Espargaro a échoué à moins d'une seconde de la référence fixée par Marc Marquez (Honda HRC) et en moyenne, il a concédé un peu plus d'une seconde par tour à son compatriote. Après Brno, il s'était d'ailleurs dit convaincu de pouvoir régulièrement accéder à la Q2 en qualification.
Malgré ce net progrès, les chantiers sont encore nombreux. Les qualités aérodynamiques et de freinage de la RC16 ne masquent pas encore ses problèmes de mobilité, ni ses difficultés récurrentes pour trouver de l'adhérence. Le compromis doit être trouvé sans renoncer aux certitudes. "Nous devons comprendre ce qui est le mieux pour les pneus, ce qui est le mieux dans cette catégorie, avec des motos très puissantes comparées aux autres catégories où nous avons de l'expérience, et c'est clairement le processus dans lequel nous sommes actuellement engagés. Mais nous pensons clairement que nous pouvons réussir en continuant à travailler avec l'acier", certifiait Sebastian Risse, directeur technique, à Motorsport.com.
A domicile, KTM ne pourra bien évidemment pas disputer une victoire en catégorie reine. Mais ses performances seront scrutées, la marque étant l'un des plus beaux fleurons du pays. "Il a y a énormément de buzz autour du garage et du paddock, et une vraie alchimie entre l'équipe et les fans. De plus en plus de gens nous suivent et portent du orange", glissait Bradley Smith. Une couleur autre que le jaune dominant les tribunes d'un Grand Prix MotoGP, c'est assez rare pour être signalé.
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Mika Kallio, pilote d'essais de KTM, derrière Jorge Lorenzo (Ducati Team) lors de la qualification du Grand Prix d'Autriche 2017

Crédit: Getty Images

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