Moto GP: Rossi a toujours écrasé ses coéquipiers sauf Lorenzo, qui continue de magnifier sa carrière

Pour faire une grande carrière, il faut avoir de grands rivaux. Pour l'agrémenter de records, il ne faut pas piloter à la même époque qu'un autre extraterrestre, sans quoi on partage les victoires et les titres.

Arrivé sur la scène des Grand Prix de vitesse en 2000 après la retraite du quintuple champion du monde australien Mick Doohan, Valentino Rossi a combiné ces deux facteurs pour se constituer un palmarès hors norme qui le placera dimanche au Grand Prix de Malaisie en position d'acquérir un 8e titre majeur.

Novice dans l'élite en 2000, l'Italien a immédiatement pris ses marques en montrant à l'usine Honda - le HRC - qu'il valait mieux que les pilotes officiels, le champion du monde en titre Alex Crivillé et Sete Gibernau. Puis en dominant les deux saisons suivantes avant de rejoindre l'usine Yamaha. Où il a signifié de la même façon sa suprématie à des adversaires déboussolés pendant trois saisons, avant de connaître une baisse de régime les deux années suivantes.

Pendant cette première période de grande réussite (2000-2005), l'as de Tavullia a surtout eu des adversaires extérieurs, nommés Max Biaggi (2001-2002), Sete Gibernau (2003-2004) et Marco Melandri (2005). Qui n'ont jamais été champions du monde.

Reconnu comme le meilleur par les légendes Giacomo Agostini et Mick Doohan, "Vale" n'a pas non plus trouvé de réelle concurrence en interne avec Torhu Ukawa, Nick Hayden (quand même champion du monde en 2006), Carlos Checa ou encore Colin Edwards. Parce que c'est vrai, il s'occupait de tout et qu'il n'y avait pas besoin de deux grands prédateurs dans le même garage.

Cependant, l'arrivée à maturité de Casey Stoner (Ducati Team) en 2007 et la promotion de Jorge Lorenzo à la Yamaha Factory en 2008 ont incontestablement donné un autre relief à sa carrière - en même temps qu'un nouveau souffle - en lui offrant deux rivaux dont les noms resteront plus sûrement dans l'histoire de la catégorie.

Sans réponse face à la Desmosedici de l'Australien en 2007, Valentino Rossi (Yamaha Factory) a obtenu une splendide sixième consécration en 2008, à renfort de batailles rageuses, tout en éclipsant l'Espagnol. Avant de remporter un septième titre au métier en 2009 contre le pilote de Palma de Majorque. Après avoir retardé l'échéance, le Transalpin a fini par s'incliner à l'issue d'une saison 2010 tendue. Puis filer sans succès chez Ducati avant de revenir en homme de challenge chez Yamaha en 2013 pour une cohabitation apaisée. Stoner ayant boudé le monde des Grands Prix, Lorenzo est resté son meilleur ennemi. Etant donné qu'il n'y a pas eu débat avec Marc Marquez en 2013 et encore moins en 2014.

Au regard des statistiques, il est assez saisissant de constater que les coéquipiers de Rossi n'ont totalisé que deux victoires sur la période 2000-2007 (contre 62 pour sa majesté !) et qu'ensuite Lorenzo a rempli son rôle de contradicteur en s'octroyant 30 succès (contre 15).

Il faut donc particulièrement se réjouir d'assister à ce duel pour le titre entre Rossi et Lorenzo cette saison. Dimanche, à Sepang, Rossi aura une balle de match. S'il ne conclut pas, Lorenzo aura sa chance à Cheste. Et peut-être le suprême plaisir de coiffer au poteau l'icone des circuits. Pour donner lui aussi une dimension extraordinaire à sa nouvelle gloire.