MOTOGP - Maverick Viñales (Yamaha Factory) à l'heure du révélateur américain

A coup sûr, Maverick Viñales (Yamaha Factory) avait déjà réglé sa montre à l'heure du Grand Prix des Amériques au beau milieu de l'hiver dernier, période où, déjà, il survolait toutes les séances de pré-saison. Le prodige de Roses n'a pourtant aucune attache véritable avec le Nouveau Monde, encore moins avec le Texas, mais il sait depuis trop longtemps que le troisième rendez-vous du Mondial peut prendre des allures de tournant, ou, encore mieux, de tremplin. Pour donner une résonance audible du plus grand nombre aux premiers signaux qu'il a envoyés depuis ses victoires qatarienne et argentine, "Mack" devra s'imposer à Austin, terre de champions, et, plus encore, jardin de son plus sérieux rival pour la couronne, Marc Marquez (Honda HRC).

Aux Etats-Unis, le triple champion du monde est invincible. Il ne s'agit pas ici d'un abus de langage, mais bien d'un constat. Depuis sa première saison en 2013, il a cumulé 9 succès sur 9 possibles Outre-Atlantique et à Austin, il a étendu cette supériorité aux séances de qualification. Ce samedi, le Catalan y a décroché sa cinquième pole position consécutive. La performance constitue -faut-il le rappeler ?- un record et donne encore plus d'épaisseur à la tâche qui attend Viñales. Une victoire de "Top Gun" sur le circuit des Amériques n'infligerait pas seulement un gigantesque coup de massue sur la tête de son ennemi du HRC. Un succès rendrait assurément compte d'une véritable supériorité technique, élément majeur, si ce n'est déterminant, pour la conquête du titre.

Vous vous en doutez bien, la domination texane de Marquez ne doit rien au hasard. Le CotA est un tracé atypique, et se définit comme le circuit "stop-and-go" par excellence. Son rythme, hâché comme aucun autre, est un formidable moyen d'expression pour le surdoué de Cervera et plus particulièrement pour sa principale force. Le fameux n°93 cultive sa différence en retardant ses freinages aux maximum et les nombreux virages (1, 11, 12, 19, 20) abordés aux bouts de lignes droites lui permettant d'atteindre des vitesses folles avant de lâcher la poignée de gaz constituent son terrain de jeu préférentiel. Et ici, le caractère de cochon de sa machine, la RC213V, s'exprime sous sa plus belle facette. Ce qui n'est pas le cas sur de nombreux circuits européens.

Mais alors, comment diable Viñales peut-il bien se défaire d'un homme et d'une machine dont l'alliance ressemble à une superpuissance ? En développant une nouveauté. Un style jamais vu. Une gestuelle qui pourrait l'inscrire, à l'instar des Valentino Rossi, Casey Stoner, Jorge Lorenzo et donc Marc Marquez, dans la droite lignée des pilotes ayant développé une façon bien à eux d'aborder les virages et d'en sortir. Pour déployer sa propre marque, Maverick a pioché dans chacun de ses illustres prédécesseurs. Il n'éprouve aucun mal à réduire ses distances de freinage. Comme Marquez. Il se démarque, aussi, par une étonnante capacité à peser de tout son poids sur l'avant de sa machine, et à atteindre des vitesses ahurissantes en courbe. Comme Lorenzo. Il a cultivé une gestuelle très dynamique pour relever la moto plus tôt en sortie de virage. Comme Rossi. Un mélange parfait ? C'est vous qui le dites. Pour en avoir le coeur net, il faudra patienter jusqu'à l'issue du Grand Prix des Amériques.