MOTOGP - On refait le Grand Prix : Le jour où Dovizioso est devenu le cinquième prétendant

On le concède sans vergogne : ces dernières années, le Continental Circus nous a mal habitués. Dans un autre temps, une course comme celle que nous avons vécue à Montmelo aurait peut-être mérité une notre parfaite, les honneurs et les applaudissements. Le niveau d'exigence s'est élevé. Ce dimanche, on a assez vite compris qu'Andrea Dovizioso (Ducati Team) se mettrait hors d'atteinte. Mais Marc Marquez (Honda HRC), Jorge Lorenzo (Ducati Team) ou encore Johann Zarco (Yamaha Tech3) ont été captivants.

Le Forlimpopoleso avait tout vu avant tout le monde. Après des essais chaotiques pour la plupart des cadors, "Dovi" a vite compris qu'il avait tout pour sortir vainqueur d'une course à élimination. Les Yamaha Boys hors du coup, Dani Pedrosa et Marc Marquez (Honda HRC) incapables de préserver durablement leurs gommes, son coéquipier Jorge Lorenzo trop inconstant pour jouer la gagne, l'Italien a parfaitement géré les temps forts et les périodes creuses de ses adversaires. Il aurait pu, dès le dixième tour, s'emparer du leadership en profitant de la puissance canonique de la GP17 dans la longue ligne droite catalane, mais il a judicieusement patienté jusqu'à la 16e boucle, moment où les RCV ont payé l'embrasement de la piste.

Cette année plus que de coutume, la réalité d'un week-end n'est pas celle du suivant. Maverick Viñales (Yamaha Factory) avait joué des coudes avec les surpuissants prototypes de Borgo Panigale au Mugello ? Il a, cette fois, bataillé avec la Honda satellite de Cal Crutchlow pour accrocher, presque miraculeusement, les six points de la dixième place. Plus habile que tout le monde lorsque sa machine ne lui permet pas de jouer la gagne, Valentino Rossi n'a pu prétendre à mieux qu'une anonyme huitième place, bloqué entre Alvaro Bautista (Ducati Aspar) et Hector Barbera (Ducati Avintia). Cette déception rappelle celle qu'ils ont vécue à Jérez. Et confirme que la version 2017 de la M1 est bien plus capricieuse que ses devancières pour la gestion des pneumatiques.

Le double champion du monde Moto2 a plus d'une corde à son arc. Coutumier des départs explosifs, le Cannois a renversé son approche pour finir en boulet de canon. Appliquer sa recette habituelle aurait été suicidaire. Mais la science tactique du pilote tricolore n'est plus à faire. Sans vulgarité aucune, il fallait les avoir bien accrochées, tant pour sortir vainqueur d'un truel impliquant les expérimentés Bautista et Lorenzo que pour souffler la cinquième place à son voisin de box Jonas Folger sur un dépassement millimétré.

Rebelote. Il y a sept jours, "Por Fuera" avait semé de belles promesses en menant la course avant de dégringoler dans la hiérarchie. A Montmelo, le Majorquin a récidivé. Débordé successivement par Marquez, Pedrosa, Dovizioso, Folger et Petrucci, le triple champion du monde a tiré la langue jusqu'au 18e tour avant de retrouver une verve miraculeuse pour retrouver le 4e rang. Il a subitement repris confiance en son pneumatique arrière qu'il pensait détruit dès la septième boucle. Mais Lorenzo n'a toujours pas trouvé de solution à l'énigme : comment adapter une machine caractérielle à son pilotage cotonneux ? "Je me rapproche des meilleurs, mais je ne parviens pas à le faire naturellement". Malheureusement pour lui, les victoires de son voisin de box attisent l'impatience de ses employeurs.

Soyez-en sûr : les gouttes qui ont perlé sur le front des dirigeants de la HRC n'étaient pas seulement dues à la chaleur étouffante de Montmelo. La performance de funambule de Marquez a aussi donné quelques sueurs froides à l'ensemble des membres du box Honda. Depuis vendredi, le surdoué de Cervera avait chuté 6 fois (!) et rien n'indiquait qu'il en avait tiré les leçons. Bien décidé à l'emporter pour infliger un gigantesque coup de massue aux Yamaha Boys, le champion du monde a joué avec les lois physiques à chaque virage. Face à la toute puissance du moteur italien dans la ligne droite, MM93 a torturé ses freins pour tenter de réduire l'écart à l'entrée de la courbe n°1. L'effort n'a pas été vain. "J'ai eu beaucoup de mal à dormir cette nuit. Et puis je me suis dit : 'si je tombe, je tombe'". Tant mieux pour le spectacle. Tant pis pour ses patrons.

1- Andrea Dovizioso (Ducati Team), 2- Marc Marquez (Honda HRC), 3- Dani Pedrosa (Honda HRC), 4- Jorge Lorenzo (Ducati Team), 5- Johann Zarco (Yamaha Tech3).

"Dovi" n'a pas attendu 2017 pour légitimer son talent. Souvent poursuivi par un chat noir, l'Italien s'épanouit pleinement cette saison, défait de l'encombrant Andrea Iannone et débarrassé d'une pression reposant entièrement sur les épaules de Lorenzo. Au beau milieu de l'inconstance des Yamaha comme des Honda, le pilote de 31 ans a une formidable carte à jouer. Et il l'a bien compris.

La question a pris de l'ampleur dans le paddock : la Yamaha M1 2017 est-elle moins performante que la cuvée 2016 ? Le constat de Rossi est sans appel.

Avant d'accabler sa machine, Viñales préfère entrer en guerre avec Michelin. Dans le tour d'honneur, le leader du championnat a pris soin de descendre de sa machine pour jeter un coup d'oeil sur son pneu arrière et se lamenter. Sur Twitter, la journaliste Natacha Alfageme a relayé la réponse du manufacturier de Clermont Ferrand aux accusations du prodige de Roses : "Les Yamaha souffrent parce qu'elles n'ont pas effectué de tests à Montmelo". Réplique pleine d'ironie de "Top Gun" :

Dovizioso porte le numéro 4, il aurait mieux fait de choisir le 7. L'Italien a patienté 7 ans entre sa première et sa deuxième victoire en MotoGP. Puis 7 mois entre la deuxième et la troisième. Et enfin 7 jours entre la troisième et la quatrième.

1- Maverick Viñales (Yamaha Factory) : 111 points, 2- Andrea Dovizioso (Ducati Team) : 104 pts, 3- Marc Marquez (Honda HRC): 88 pts, 4- Dani Pedrosa (Honda HRC) : 84 pts, 5- Valentino Rossi (Yamaha Factory) : 83 pts.

1- Yamaha Factory : 194 points, 2- Honda HRC : 172 pts, 3- Ducati Team : 163 pts, 4- Yamaha Tech3 : 126 pts, 5- Ducati Pramac : 75 pts.

1- Yamaha : 139 points, 2- Honda : 125 pts, 3- Ducati : 122 pts, 4- Suzuki : 28 pts, 5- Aprilia : 19 pts.

Elle aura lieu les 23, 24, et 25 juin sur le circuit d'Assen.