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Championnats d'Europe : Les cinq leçons berlinoises de l'équipe de France

Lucile Alard

Publié 24/08/2014 à 23:50 GMT+2

Si Florent Manaudou et les hommes ont assuré le spectacle, les athlètes féminines n'ont ramené aucune médaille de l'Euro 2014. Une inquiétude pour l’avenir, d'autant que la relève ne semble pas encore arriver.

Stravius, Perez-Dortona, Metella et Gillot à l'Euro de Berlin

Crédit: Panoramic

Manaudou, super-star et leader

Lacourt forfait, Agnel en souffrance, la natation française a trouvé un nouveau meneur en la personne de Florent Manaudou. Et quel meneur ! Le nageur marseillais de 23 ans a dépassé toutes les attentes placées en lui en réalisant un grand chelem historique. Quatre courses, quatre victoires. Une semaine de rêve. Seule sa sœur, Laure, avait réussi à empocher autant de titres lors d’une même édition d’un Championnat d'Europe. Cela donne une idée de la performance accomplie par Manaudou, le géant des Championnats de Berlin. Il y aura un avant et un après Euro 2014 pour lui.
Le Français a su se surpasser après des prestations décevantes lors des Mondiaux 2013 à Barcelone. Auréolé de son titre olympique glané à la surprise générale sur 50m, il n’avait pas réussi à finir sur un podium en individuel. Un échec que Manaudou a magistralement balayé dans la piscine berlinoise. Surtout qu’en plus de ses victoires, l’élève de Romain Barnier a réalisé de remarquables chronos. Son 50m nage libre conclu en 21’’32 est le meilleur temps de l’année sur la distance. Et sa performance sur 100m (47’’98), le place dans les trois premiers de l’épreuve-reine en 2014. Il n’y a pas à chercher, l’an prochain aux Mondiaux de Kazan, ce sera lui le leader de l’Equipe de France.
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Florent Manaudou aux championnats d'Europe de Berlin 2014

Crédit: Panoramic

Même pas au top, les nageurs masculins assurent

Jérémy Stravius l’a dit et répété, il est arrivé sans certitude à Berlin après une saison qu’il qualifiait de difficile. Même combat pour Yannick Agnel qui n’a eu qu’un mot lors de ses passages au micro : "fatigué". Mais malgré la "méforme" de deux des valeurs sures de la natation française, les résultats ont été très corrects pour les athlètes masculins. Un Agnel au bord de l’épuisement physique vaut tout de même le bronze sur 200m nage libre. Et Stravius a fait beaucoup plus que de la figuration sur 50 et 100m dos. Le nageur d’Amiens a agrandi sa large collection de deux médailles d’argent.
L’ancien du groupe Fabien Gillot a lui accroché son premier podium en individuel sur le 100m. Pas forcément attendu à pareille fête, il a profité des circonstances et des grosses déceptions russes, Morozov et Grechin, pour s’offrir l’argent. Une récompense pour le nageur de 30 ans. Dans la dynamique de ces résultats satisfaisants sur les épreuves individuelles, la France est allé chercher deux médailles en relais. En se privant d’Agnel, pilier de l’équipe ces deux dernières années, mais surtout en ayant le privilège de se passer du champion d’Europe du 100m lors du relais 4x100m 4 nages.
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Stravius, Manaudou, Gilot, Metella, champions d'europe du 4x100m

Crédit: AFP

Muffat absente, les filles sont en souffrance

Zéro médaille. Le bilan de la natation féminine à l'Euro est implacable. On n’avait plus vu ça depuis douze ans et les Championnats d’Europe de... Berlin, déjà, en 2002. Pire, seules quatre épreuves féminines ont vu une représentante tricolore en finale : Charlotte Bonnet sur 100m et 200m, Anna Santamans sur 50m et Mélanie Hénique sur 50m papillon. Les chiffres ont beau être faméliques, ils sont tout sauf une surprise. Et c’est surement le constat le plus alarmant : les Françaises sont à leur niveau. Si l’on se fiait aux bilans européens avant la compétition, aucune athlète tricolore n’avait le chrono pour terminer sur le podium. Au révélateur de la compétition, il n’y a pas eu de miracle. 
Les filles n’ont plus de leader. Si après la retraite de Laure Manaudou, Camille Muffat avait remarquablement assuré la relève, personne n’a pu remplacer la nageuse de Nice, partie précocement à la retraite. Leader des relais, championne olympique en titre du 400m, elle était la locomotive de ces Françaises. Une locomotive sans wagon. En individuel, elle était la seule à avoir accroché une médaille lors des JO de Londres et des Mondiaux de Barcelone. Sa retraite prise, elle n’a laissé que le néant – ou presque – derrière elle. Bonnet, septième de ses deux finales, n’a pas encore les épaules pour rivaliser avec les meilleures.
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Charlotte Bonnet

Crédit: AFP

La relève tarde à éclore

Ils sont très exactement neuf Français à avoir été en finale lors de l’Euro 2014. Et pour aucun d’eux ce n’était le frisson de la première fois en compétition majeure en grand bassin. Le brasseur Giacomo Perez-Dortona, le seul à ne pas avoir connu ce privilège en individuel, avait été sacré champion du monde en 2013 grâce au relais 4x100m 4 nages. Malgré leur jeune âge, Anna Santamans (21 ans) et Charlotte Bonnet (19 ans) avaient déjà été dans le top huit européen ou mondial. Il faut vraiment gratter pour trouver une relève crédible. Si l’on en croit les résultats à Berlin, il y en a très peu. Seul Mehdy Metella, sacré avec le relais 4x100m, a émergé mais il a joué de malchance sur 200m papillon et s’est sacrifié sur 100m nage libre. A mi-chemin du cycle olympique, les nouvelles têtes ne sont pas au rendez-vous. Et ceux qui avaient porté la natation française au plus haut aux JO de Londres devront remettre ça à Rio.
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Mehdy Metella lors de l'Euro 2014

Crédit: AFP

De gros points forts et des vides abyssaux

L’autre constat inquiétant est le manque de diversité des courses où les Bleus sont performants. Que des courtes distances chez les hommes, même constat chez les femmes mais sur encore moins de nage (aucune brasseuse ou dossiste n’a accroché la finale). Il n’y avait pas de Français, fille ou garçon, en finale du 400, 800, ou 1500 nage libre. En quatre nages, la faiblesse des Tricolores est aussi impressionnante. Dans cette spécialité, aucun athlète bleu ne sort du lot et aucun n’a atteint ne serait-ce que les demi-finales. Depuis des années, les Bleus ont un niveau hallucinant sur le sprint en nage libre. La qualité est là. La quantité aussi. Et ce n'est pas fini puisque Jérémy Stravius souhaite mettre le paquet sur la nage libre d'ici Rio. Mais derrière cette force, incontestable, remarquable, la natation française est en train d'oublier certaines nages et certaines distances.
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Jérémy Stravius lors de l'Euro 2014 à Berlin

Crédit: AFP

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