Gilot: "Marcher sur l'eau"

"Ma qualité principale, c'est ma ligne de flottaison. Les combinaisons ont changé et tronqué notre sport. Un bon nageur, pour simplifier, c'est un bon rapport poids-puissance. Il faut être musclé mais pas trop lourd pour avoir une ligne de flottaison raisonnable et ensuite le gainage de fin de course. Ces combinaisons avantageaient des nageurs plus lourds et plus forts que le mien, qui n'avaient pas la moindre technique. C'était devenu de la puissance et rien d'autre. Elles les mettaient au même niveau de flottaison que moi. A un moment donné, je ne peux pas nager au-dessus de l'eau. Une fois que tu avais fermé la combinaison dans le dos, tu étais raide, tu ne pouvais pratiquement plus bouger. Elle te tenait dans l'axe, te faisait flotter et tu n'avais plus qu'à bourriner dans tous les sports. Ce n'était plus de la natation."

"Je serais peut-être champion d'Europe, champion du monde, champion olympique, mais ce qui me fait de la peine, c'est que pour aller chercher le record du monde, il y a de l'eau qui va couler sous les ponts. Le record du monde (46"91) sans la combinaison, ce n'est pas humain pour l'instant. J'aurais aimé qu'on remette tous les records à zéro après la disparition des combinaisons. Tout du moins qu'on les remette au niveau où ils étaient avant l'arrivée du polyuréthane. Aujourd'hui, il n'y a qu'en dos, où les records du monde sont jouables car la plupart des nageurs nageaient en short. Ensuite, 46"9, c'est 22"5 l'aller, 24'5 au retour. Sur le papier, cela n'a rien d'exceptionnel. Dans l'eau, c'est autre chose.

"Les championnats de France, c'est l'antichambre de la compétition internationale. C'est un super repère pour prendre note de plein de choses : comment tu gères la journée ? Quand tu la découpes, tu peux te rendre compte quand tu as été bon ou pas. Cela permet de prendre des infos pour essayer de ne pas reproduire certaines erreurs. Comme beaucoup de nageurs tricolores, je ressens plus de pression aux "France" qu'aux Mondiaux."

"Aujourd'hui, je suis proche de la vérité. J'ai trouvé les clés de la réussite. Il ne me manque pas grand-chose et ça m'apporte de la stabilité. Les jours où je ne suis pas en grande forme, comme à Strasbourg (lors des derniers Championnats de France), où il n'y a rien de magique dans ma nage, tout cela suffit pour gagner parfois. Cela me permet d'être serein. Je sais que je ne pourrais plus passer à travers comme il y a quelques temps. Il y avait un élément technique qui me faisait mal nager. Aujourd'hui, je sais que je suis tout le temps à la bagarre."

"Je passe en 22"73 aux 50m. Je ne suis pas du tout content de ma course. Mais après, avec mon état de forme qui était bancal à Strasbourg, ça reste un bon chrono. 48"3 avec les erreurs de débutant que je fais, c'est pas mal. Après c'est le contexte qui avait voulu ça. La veille, je ne réussis pas mon 50m. Le matin, lors des séries, je suis toujours dans le doute. J'ai tenté la course suicide. Si elle passe, tu franchis un cap dans ta carrière. Tu te dis : je suis capable de gagner même si je ne suis pas en forme. Cela m'a fait engranger de la confiance. Nager sous les 48 devrait être dans mes cordes dans peu de temps. De toute façon, pour être champion du monde cet été, il faudra nager sous les 48 secondes."