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2021 ou la lueur de l'espérance

Laurent Vergne

Mis à jour 01/01/2021 à 09:19 GMT+1

Il y a un an, c'était "le monde d'avant". Un monde normal, très imparfaitement satisfaisant, mais qui manque à chacun aujourd'hui. Le monde du sport n'échappe pas à ce constat. 2020 ne lui a fait aucune faveur. La nouvelle année qui s'annonce porte son lot de craintes et d'incertitudes, mais aussi l'espérance d'un retour prochain à la normalité.

A quoi ressembleront les tribunes des stades en 2021 ?

Crédit: Getty Images

Voilà, c'est fait. Nous avons tourné le dos à cette année 2020 qu'a priori pas grand-monde ne regrettera. Malheureusement, il ne suffit pas de changer d'année pour que tous les emmerdements qui ont volé en escadrilles ces derniers mois volent à leur tour en éclat.
Passée la satisfaction, à défaut d'une euphorie peu de circonstance, d'avoir tourné cette page temporelle, reste une réalité : le coronavirus se fout pas mal d'être le 1er janvier 2021 ou le 31 décembre 2020. Il est toujours là et, au moins à court et moyen terme, n'a pas fini de nous compliquer la vie, quand il ne la pourrit pas.
Dans ce bien peu joyeux bazar, le sport, composante à la fois dérisoire à l'échelle des malheurs du monde et essentielle dans nos vies de passionnés, fait comme tout le monde. Il essaie de s'en tirer le moins mal possible. Ce fut son credo en 2020 et ce sera sans doute celui de 2021, dans le meilleur des cas dans sa partie initiale seulement.
La nouvelle année n'avait pas encore débuté que, du point de vue du sport, elle s'était déjà heurtée au principe de réalité : l'Open d'Australie de tennis, premier rendez-vous majeur, a dû être repoussé de trois semaines. Par un jeu de dominos, ce report a entrainé le remodelage des calendrier ATP et WTA sur l'ensemble du premier trimestre. Plus près de nous, la Coupe de France, synonyme de reprise du football le premier week-end de janvier, est, elle aussi, en suspens. Deux symboles pour un rappel : le pénible n'est pas derrière nous et le calendrier sportif n'en a pas fini avec sa tendance à la procrastination.
Mais pour nombre d'évènements, le report n'est plus à l'ordre du jour. Ce sera en 2021 ou jamais. On songe avant tout aux deux mastodontes de 2020, l'Euro de football et les Jeux Olympiques de Tokyo. Ils sont en appel. Pour eux, il n'y a plus d'après. S'ils ne peuvent se tenir en 2021, ils seront définitivement rayés des livres d'Histoire.
A un peu plus de cinq mois du coup d'envoi présumé de l'Euro, il semble raisonnable d'être prudent, la plupart des pays concernés par l'organisation du tournoi se trouvant dans une situation sanitaire que l'on qualifiera de précaire vis-à-vis du coronavirus. Quant aux Jeux, si le Japon est actuellement peu touché, le contexte local a encore le temps d'évoluer défavorablement. Reste aussi la question de l'accès simultané de plusieurs milliers de personnes (athlètes, encadrement, médias, etc.), comme le cas australien vient de le rappeler.
Cette normalité retrouvée dont nous rêvons tous a donc encore quelque chose d'insaisissable. Les termes Covid-19, positif, cas contact, quarantaine, isolement, report, annulation ont toutes les chances d'accompagner le champ lexical du sport dans les mois à venir.
Même le maintien de certaines épreuves, championnats, rencontres, reste lié à un vide insupportable. Ce qui manque le plus ? Vous. Le huis-clos étant devenu la norme, la passion a déserté les enceintes sportives. La perspective d'un Euro ou de J.O. sans public est presque aussi effrayante que leur annulation.
Ce vide, celui des stades, est le plus nocif qui soit. Economiquement, d'abord, puisqu'il prive évènements et clubs d'une manne financière indispensable. Emotionnellement, aussi, et, serait-on tenté de dire, surtout.
Tout le monde le savait, mais la pandémie a matérialisé le fait que le spectateur est une composante du spectacle sportif presque aussi indispensable que l'acteur. L'acteur est à la base de tout, bien sûr, mais sans la passion qu'il reçoit en écho de celle qu'il génère, ses accomplissements perdent une part de leur sens. Le sport de haut niveau a largement repris depuis cet été. Mais le vrai retour à la normalité s'accompagnera de la rumeur et de la clameur de la foule, ou ne sera pas. C'est d'abord à cela que nous avons envie de croire aujourd'hui.
C'est bien connu, "pas d'espoir sans crainte, pas de crainte sans espoir". La phrase de Spinoza pourrait avoir été pensée pour la situation qui nous occupe. Celle de De Gaulle, issue de ses Mémoires pour résumer son état d'esprit pendant la Guerre, nous guide un peu fébrilement à l'aube de cette nouvelle : "Ne jamais être las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance." Ce n'est encore que ça, une lueur, mais c'est à elle que le monde du sport, comme le reste, doit s'accrocher.
En attendant, nous vous souhaitons à tous la meilleure année possible, pour vous et vos proches.
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Reverra-t-on du public dans les stades en 2021 ?

Crédit: Getty Images

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