Franky Zapata échoue à traverser la Manche, sa traversée tombe à l'eau

L'exploit aurait été retentissant. La date était symbolique. 110 ans après Louis Blériot, premier aviateur à avoir traversé la Manche, Franky Zapata voulait devenir le premier homme à franchir le détroit sur son "Flyboard", une machine volante autonome alimentée en kérosène stocké dans son sac à dos, et dotée de cinq mini-turboréacteurs qui lui permettent de décoller et d'évoluer jusqu'à 190 km/h debout dans les airs, avec une autonomie d'une dizaine de minutes. Parti à 9h05 de Sangatte, dans le Pas-de-Calais, l'homme volant est tombé à l'eau au moment de son ravitaillement qu'il devait effectuer sur un bateau dans les eaux territoriales britanniques.

Tout semblait pourtant aller pour le mieux au moment de son départ sous les yeux de centaines de curieux venus encourager une dernière fois le champion d'Europe et du monde de jet-ski dans son défi un peu fou. Parti depuis une plateforme de la plage de Sangatte, il avait ensuite disparu petit à petit des images diffusées en direct sur les chaines de télévision. L'attente débutait alors. C'est seulement 10 minutes plus tard, alors qu'on attendait côté anglais l'arrivée du Marseillais de 40 ans, qu'on a appris la mauvaise nouvelle.

A cause des vagues, lors de la difficile manœuvre de ravitaillement, Franky Zapata a heurté la plateforme positionnée sur le bateau qui devait l'accueillir. Il a immédiatement été projeté dans l'eau, avant d'être récupéré indemne quelques instants plus tard par son équipe technique. Mais son exploit du jeudi 25 juillet 2019 s'est terminé en désillusion. "Cette maudite plateforme a touché le Flyboard. C'est terrible" déclarait, à chaud, un membre de son équipe qui attendait Zapata à St Margaret's Bay, près de Douvres en Angleterre.

Encore plus rageant quand on sait que cette solution du ravitaillement à bord d'un bateau n'était pas l'option privilégié par l'inventeur marseillais. Ce dernier souhaitait dans un premier temps pouvoir se réapprovisionner en kérosène en vol stationnaire, en restant à quelques mètres au-dessus de la Manche. Mais si les autorités britanniques avaient accepté cette solution, la préfecture maritime de la Manche l'avait jugé trop risqué, préférant que l'homme volant se pose sur un bateau pour recharger son sac à dos des 40 litres de kérosène dont il avait besoin pour finir la traversée.

Avant de créer son "Flyboard Air", le Marseillais, très bon ami de Vincent Lagaf, "volait" déjà sur l'eau avec son premier Flyboard aquatique. La planche était alors "propulsée au-dessus d'un plan d'eau par le jet de la turbine d'une moto marine". Zapata avait fait sensation le 14 juillet dernier sur les Champs-Elysées en offrant un épatant spectacle futuriste : fusil en main, il avait volé à plusieurs dizaines de mètres du sol sur son invention "100% développée en France" dans les ateliers de son entreprise au Rove, dans les Bouches-du-Rhône. Cette plateforme volante propulsée par cinq réacteurs à jet d'air intéresse les forces spéciales françaises, qui y voient du "potentiel pour un emploi dans les opérations spéciales en zone urbaine".

Initialement prévue d'une vingtaine de minutes, à environ 140 km/h et à 15 ou 20 mètres au-dessus de l'eau, la traversée n'aura finalement duré qu'une dizaine de minute. "C'est sur qu'on va le retenter. Il en est largement capable" affirmait son équipe après ce premier essai infructueux. La deuxième sera peut être la bonne pour "l'homme volant", très énervé par son échec.