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Guerre Ukraine - Russie : Quelles conséquences pour le monde du sport après l'invasion russe?

Glenn Ceillier

Mis à jour 24/02/2022 à 17:33 GMT+1

Alors que la Russie a envahi l'Ukraine jeudi matin, le monde du sport va aussi se retrouver confronté à cette situation dramatique. Entre les risques d'annulations d'événements, de reports et les questions d'engagements des sportifs, il va y avoir des conséquences multiples sur la planète sport, comme nous l'explique Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport.

"Nous ne pouvons pas partir" : L'appel à l'aide des Brésiliens du Shakhtar Donetsk et du Dynamo Kiev

Personne dans les instances ne voulait envisager cette situation. Mais l'offensive militaire russe lancée jeudi en Ukraine pousse toute l'Europe et le monde en général à se positionner. Si les univers politiques et économiques sont concernés en premier lieu, la planète sport ne pourra évidemment y échapper. Elle se retrouve même sur le devant de la scène sur beaucoup d'aspects. "Le sport va vraiment être aux avant-postes, avance Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport. Les premières manifestations concrètes de la dégradation des relations et des conséquences de la guerre vont avoir lieu dans le sport. Avant tout le reste puisqu’il y a des événements récurrents".
S'il est difficile de se projeter sur le long terme tant que les velléités belliqueuses de Vladimir Poutine ne sont pas totalement définies, la décision du président russe de "lancer une opération miliaire spéciale" selon ses dires va évidemment provoquer de nombreux remous dans l'univers sportif. "C'est une première depuis 1945, hors guerre froide, souligne Jean-Baptiste Guégan. On va devoir inventer quelque chose. A court terme, les instances vont devoir se positionner sur la tenue de différents événements."

Quid de la finale de la C1 et des clubs en Coupe d'Europe ?

La finale de la Ligue des champions se retrouve ainsi déjà au cœur des discussions. Le 28 mai prochain, elle est prévue à Saint-Pétersbourg, ce qui devient très improbable. L'UEFA a d'ailleurs déjà annoncé la convocation d'une réunion extraordinaire vendredi pour "évaluer la situation" et "prendre toutes les décisions nécessaires". Mais si des rumeurs sur sa délocalisation à Wembley circulent depuis quelques jours, il y a d'autres questions qui vont se poser dans les prochains jours.
Et quid des clubs engagés en Coupe d'Europe cette saison ? Si les formations ukrainiennes sont toutes éliminées, deux clubs russes sont encore en Ligue Europa, le Spartak Moscou - déjà qualifié pour les huitièmes en Ligue Europa - et le Zenit Saint-Pétersbourg - qui est en ballotage défavorable face au Bétis Séville en barrages -. Et en Youth League, il reste un club ukrainien, le Dynamo Kiev qui devait jouer son huitième de finale début mars… Leur situation va devoir être étudiée par l'UEFA.

Les barrages de la Coupe du monde en question tout comme le Mondial de volley…

Sur le plan international, la FIFA va aussi être mise à contribution. En mars, l'Ukraine, opposée à l'Ecosse, et la Russie, qui doit recevoir la Pologne, sont en effet présentes dans les barrages pour la Coupe du monde 2022. Une exclusion de la Russie est-elle possible ? "Quand un pays déclare une guerre, il est persona grata", rappelle Jean-Baptiste Guégan qui se montre cependant sceptique sur cette éventualité étant donné le passé entre la Russie et la FIFA.
"Il est presque impensable que nous jouions un match de football en Russie dans quelques semaines", a toutefois prévenu sur Reuters Karl-Erik Nilsson, président de la fédération suédoise dont la sélection pourrait affronter la Russie en finale de la voie B de ces barrages. La Pologne, qui doit jouer en Russie le 23 mars, et la République Tchèque ont rejoint la Suède via un communiqué commun. De son côté, l'Ukraine va-t-elle pouvoir s'aligner alors que la guerre fait rage sur ses terres et que son championnat vient d'être suspendu ? "Je doute que les joueurs ukrainiens aient la tête à jouer", lance l'auteur de 'Géologique du sport : une autre explication du monde'
En attendant de connaître les décisions de l'UEFA et de la FIFA, cette situation ne se limitera évidemment pas au football. "Tous les événements sportifs qui devaient se tenir en Russie, il y a fort à parier qu'ils soient annulés ou reportés sur d'autres sites", lance Jean-Baptiste Guégan. Il faudra ainsi attendre de voir ce qui sera décidé pour les championnats du monde de volley qui devaient se dérouler en Russie fin août. Tout comme pour les tournois ATP et WTA organisés en terres russes. Et si le FC Barcelone s'interroge sur son déplacement à Saint-Pétersbourg en Euroligue de basket ou que Sebastian Vettel (Aston Martin) ne compte pas se rendre au GP de Russie, la possibilité de voir la revanche tant attendue entre Oleksandr Usyk et Anthony Joshua à Kiev comme l'espérait un temps le champion ukrainien s'est en revanche définitivement envolée, alors que le Moyen-Orient est maintenant évoqué.
Les joueurs vont servir de porte-parole et de porte-drapeau
Comme souvent dans ce genre de contexte dramatique, certains évènements vont donc sortir de l'enjeu purement sportif. Et s'inviter sur la scène géopolitique. "Les joueurs vont servir de porte-parole et de porte-drapeau, remarque encore Jean-Baptiste Guégan. Il va probablement y avoir des sportifs qui vont s'engager et porter l'uniforme." Nombre de sportifs ont ainsi déjà pris la parole pour soutenir l'Ukraine. Mercredi soir, l'attaquant ukrainien Roman Yaremchuk a ainsi montré un maillot portant un symbole destiné à soutenir son pays après son but lors de Benfica et l'Ajax Amsterdam (2-2). "J'ai beaucoup réfléchi à ce sujet et j'ai peur de cette situation. Le club me soutient, ils m'ont parlé et ont voulu tout faire pour m'aider", a déclaré Roman Yaremchuk.
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Roman Yaremchuk avec Benfica

Crédit: Getty Images

La question des sponsors avec le cas de "Schalke 04"

Certains sportifs vont également songer à changer d'air aussi bien en Ukraine où les joueurs Brésiliens du Shakhtar et du Dynamo Kiev ont demandé à pouvoir quitter le pays ou que des sportifs étrangers pourraient envisager de s'en aller de Russie si la guerre perdure. De leurs côtés, les champions russes vont eux se retrouver dans une situation délicate car "ils vont être regardés comme les incarnations de Poutine", dixit Jean-Baptiste Guégan. Enfin, il y aura la question des sponsors qui va se poser. "Que vont-ils faire ? Vont-ils lâcher les équipes russes?", se demande Jean-Baptiste Guégan. "Pour un sponsor non russe, ça va être compliqué. Et l'autre problème va être de savoir ce que les sponsors russes vont faire".
Le cas de Schalke 04 illustre bien ce dilemme. Le partenariat avec Gazprom, sponsor du club depuis 15 ans, faisait jaser depuis quelques jours en Allemagne. Et si en début de semaine, le club de Gelsenkirchen a été obligé de communiquer à ce sujet pour exprimer son désir de poursuivre sa collaboration avec la société énergétique russe, l'invasion russe a tout changé. Jeudi matin, Matthias Warnig, qui était membre du board du club délégué par Gazprom et est un proche de Poutine, a présenté sa démission alors que sa présence faisait réagir certains supporters. Et quelques heures après, le club allemand a annoncé sa décision d'enlever Gazprom sur ses maillots et de le remplacer par "Schalke 04". Une conséquence du conflit en Ukraine. Et ce n'est qu'un début dans le monde du sport.
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