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Riner, Mayer, Federer, Duplantis... : pour eux, un an de plus peut changer beaucoup de choses

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 24/03/2020 à 22:14 GMT+1

JEUX OLYMPIQUES TOKYO 2021 - Tous les sportifs n'ont pas accueilli de la même façon le report d'un an des JO, officialisé mardi, pour des raisons différentes. Pour Teddy Riner ou Kevin Mayer, le délai peut être utile. C'est bien moins évident pour Roger Federer, Et pour Renaud Lavillenie ou Jason Kenny, ce décalage est plus synonyme de course contre-la-montre.

Mayer, Riner, Federer - Tokyo 2021

Crédit: Eurosport

Teddy Riner - Judo

Le Français l'a toujours dit : il vise un troisième titre olympique chez les lourds à Tokyo, une forme d'apothéose dans le pays qui a inventé le judo, plutôt qu'à Paris, en 2024. Mais aussi parce qu'il ignore ce que son corps pourra lui permettre de supporter dans quatre ans. A 31 ans (il les aura en avril), il est conscient de cette possible limite et sait que son prédécesseur français dans les palmarès, David Douillet, a stoppé justement sa carrière à l'âge qu'il a, sur un titre olympique. Sensible au fait que Paris aura les JO dans quatre ans, il se voit plus viser une médaille par équipes.
A six mois des Jeux, il avait un gros défi devant lui et ce report l'arrange plutôt. Car sa défaite contre le Japonais Kokoro Kageura, le 9 février au Tournoi de Paris, a sonné comme un avertissement à moindre frais. Rarement on l'a vu si peu dans le rythme. Et puis, il était engagé dans une course contre-la-montre pour remonter au classement international de sa catégorie (il est actuellement 29e), afin d'éviter des gros clients dans les premiers tours.
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Teddy Riner contre Kokoro Kageura au Grand Slam de Paris 2020

Crédit: Getty Images

Roger Federer - Tennis

Si une star doit se sentir partagée aujourd'hui, c'est bien "Rodger". Opéré le 20 février du genou droit, le Suisse avait planifié une impasse sur la tournée US et la saison de terre battue afin de faire son comeback sur herbe. Un agenda qui restait terriblement serré pour revenir au top de sa forme mais qui lui permettait de fonder des espoirs pour Tokyo, à partir de la dernière semaine de juillet.
Médaillé d'argent en simple en 2012 à Londres, Roger Federer n'avait pas perdu de vue ce rêve olympique, dernier oubli autant qu'incroyable anomalie dans un palmarès XX(XXX)L. A Tokyo en 2021, Roger pourrait bien fêter ses 40 ans sur un court. On se garde de penser que ce n'est pas un défi à sa taille, qui pourrait magnifier une carrière hors-normes. Mais au Japon, la chaleur sera aussi une difficulté supplémentaire.

Florent Manaudou - Natation

Le champion olympique 2012 du 50m libre, argenté quatre ans plus tard à Rio ainsi que sur 4x100m, est à 29 ans dans le "money time" de sa carrière. Après une pause de deux ans et demi, l'ex-handballeur a repris la compétition avec Tokyo 2020 dans le viseur, et de façon plus lointaine Paris 2024.
Dans son esprit, les choses sont claires : 2020 n'est pas une fin en soi, et ce report à 2021 peut lui permettre de s'affûter. Ce, alors que ses dernières performances étaient déjà porteuses de promesses.

Armand Duplantis - Saut à la perche

Comment ne pas imaginer que le Suédois soit l'un des plus grands déçus de ce report des Jeux à 2021 ? A 20 ans, il vient de se révéler comme la nouvelle superstar de son sport en battant deux fois coup sur coup le record du monde de la spécialité, à 6,17m le 8 février à Torun, puis à 6,18 m le 15 février à Glasgow.
Sur une courbe ascendante, avec une marge de progression prometteuse, - on parle de quelques centimètres ce qui est déjà énorme à de pareilles hauteurs - "Mondo" peut sûrement se sentir freiné dans son irrésistible élan. Il va devoir être patient et se faire un nouvel échéancier pour être au top de sa forme dans quelques 18 mois.
Armand Duplantis lors du All Star Perche, le 23 février 2020

Renaud Lavillenie - Saut à la perche

Pour le Français, ce décalage olympique d'un an ressemble à une mauvaise affaire. Impossible de le voir autrement. Le temps semble jouer contre lui depuis un petit moment et il aura presque 35 ans au moment des Jeux, l'an prochain. Le champion olympique 2012 n'a plus passé une barre à six mètres depuis quatre ans (le 18 mars 2016 à Portland) et ses performances se font plus rares. Même s'il a fait bonne figure à 5,94m pour le All Star Perche qu'il a organisé à Clermont-Ferrand le 23 février, il a bien résumé sa situation en confiant ne plus "trop rêver" de barres à plus de 6 mètres "régulièrement".
Six mètres, le nouvel ordinaire pour Armand Duplantis, son successeur dans le livre des records, et son ambition n'est pas d'aller chercher "Mondo" là où il est perché. S'il pense à Tokyo, même pour 2021, c'est avec l'objectif de faire parler son expérience. Mais si les quatre derniers champions olympiques ont été couronnés à 5,95m, 5,96m, 5,97m et 6,03m, le premier adversaire de Renaud Lavillenie est bien le temps qui passe.

Kevin Mayer - Décathlon

Le recordman du monde du décathlon appelait de ses vœux un report des Jeux devant l'urgence sanitaire auquel le monde faire face. Côté sportif, la décision du CIO et du Comité d'organisation de JO de Tokyo ne peut que nourrir ses espoirs d'une médaille d'or olympique qui paraissait hypothétique cette année.
Le champion français était en proie à un sérieux doute quant à sa présence au Japon. La blessure au tendon d'Achille gauche qui l'avait obligé à abandonner lors des Championnats du monde, l'automne dernier à Doha, ne lui a toujours pas permis de revenir à la compétition. Début février, il avait renoncé par précaution au 60 m haies de la réunion en salle de Paris. Une telle blessure est toujours quelque chose d'extrêmement délicat et fait peser la menace d'une aggravation en cas de retour prématuré. Le temps est désormais devenu un allié pour lui.

Simone Biles - Gymnastique

Annoncée comme la star des JO de Tokyo, l'Américaine aux 29 titres mondiaux va donc devoir attendre un an de plus pour tirer sa révérence devant les cinq anneaux. Elle a révolutionné son sport et elle n'a plus rien à prouver, si ce n'est s'octroyer une place au firmament en visant le plus grand nombre de sacres olympiques pour un ou une gymnaste. La quadruple championne olympique de Rio a de quoi rêver aux neuf consécrations de Larissa Latynina, dans les années 1950-60.
Un an, ça peut compter dans ce sport où il est difficile de rester au top après 20 ans. Elle en aura 24 ans au moment des JO de Tokyo 2021 mais elle a une telle marge !

Jason Kenny - Cyclisme sur piste

Le double champion olympique en titre de la vitesse individuelle et triple champion en titre par équipes avait éprouvé le besoin de souffler pour se lancer un ultime défi : l'or à Tokyo. A 32 ans, ça n'avait rien d'évident dans une discipline exigeant puissance et explosivité.
Si en individuel, le Britannique n'a pas brillé lors des Mondiaux en février, il a accroché l'argent par équipes. De quoi entretenir le rêve pendant 18 mois encore, s'il garde sa place dans une équipe qui doit profiter du délai pour se remettre à niveau (notamment techniquement), après des Mondiaux écrasés par les Pays-Bas.
Jason Kenny et Stefan Botticher en 8e de finale du sprint aux Mondiaux 2020 à Berlin

LeBron James - Basketball

On pourrait croire qu'à 36 ans en 2020 ou à 37 ans en 2021, ça ne change pas énormément de choses pour la star des Lakers, mais on a vu la saison passée que le poids d'une longue saison en NBA se fait un peu plus sentir. Surtout si elle se prolonge par des Playoffs cette saison et par un exercice à rallonge, qui réduirait un peu plus son temps de repos avant Tokyo.
Mais tout ça ne sera pas de nature à remettre en cause sa participation olympique : autant qu'il le voudra, il pourra venir. Par ambition, puisqu'il rêve d'un 3e titre dont seul Carmelo Anthony peut se targuer dans l'histoire du basket US. Et donc par besoin aussi d'alimenter la légende du Team USA.

Nikola Karabatic - Handball

Le Français de 35 ans ne cachait pas l'éventualité de stopper sur un 3e titre olympique, en août prochain. En plus grand champion de son sport, avec quatre titres de champion du monde et trois de meilleur joueur de l'année. Mais dans une équipe de France en fin de cycle, la question est de savoir si les Bleus pourront se qualifier, le TQO de Bercy, qui devait offrir deux sésames en avril, ayant été reporté. Un premier obstacle, avant celui du sablier pour le Tricolore.

Estelle Mossely - Boxe

On met parfois sa carrière entre parenthèses pour la meilleure des raisons. Estelle Mossely, championne olympique à Rio en 2016, avait tiré un trait sur 2020 pour cause de prochaine maternité. De quoi lui laisser le temps de revenir à son meilleur niveau et croire à un doublé olympique, pas si fréquent en boxe.
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