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Election à la FFSG - Nathalie Péchalat : "Le spectre de Didier Gailhaguet plane au-dessus de cette élection"

Anne Boyer

Mis à jour 04/10/2022 à 11:36 GMT+2

Après deux ans à la tête de la Fédération Française des Sports de glace, Nathalie Péchalat brigue un second mandat samedi. L’ancienne patineuse avait pris ses fonctions à mi-mandat en mars 2020 après la démission forcée de l’ancien patron Didier Gailhaguet, éclaboussé par le scandale des violences sexuelles dans le patinage.

Nathalie Péchalat, présidente de la FFSG

Crédit: AFP

Nathalie Péchalat, qu’est-ce qui vous pousse aujourd’hui à vous représenter à la tête de FFSG ?
N.P. : J’ai envie de me représenter pour une nouvelle olympiade, parce que deux ans c’est extrêmement court. Au-delà de la crise économique et sanitaire qui a touché notre fédération et les clubs, c’est la crise fédérale qui nous a beaucoup occupés, avec les scandales liés aux violences sexuelles et la crise juridique avec la menace du retrait de l’agrément ministériel.
Il y a eu un gros travail de fait pour retrouver la confiance des partenaires publics (l’agence nationale du sport, le ministère des sports, le comité national olympique, les cinq fédérations internationales auxquelles nous sommes rattachés…) et des partenaires privés auprès desquels nous avons dû redorer l’image de nos sports de glace. Cela a été ma priorité.
Deux ans, c’est court…
N.P. : Deux ans, c’est très court. J’ai dû prioriser, laissant de côté des dossiers, notamment les services que l’on peut apporter aux clubs pour se développer. Je n’avais pas le choix mais c’est quelque chose qui me tient à cœur pour l’avenir. C’est pour mener à bien ces dossiers que je me représente, pour faire tout ce que je n’ai pas eu le temps de faire en deux ans de réparation, de restructuration, de remise à niveau de notre fédération. Aujourd’hui, nous avons des bases solides pour aller de l’avant.
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Nathalie Péchalat

Crédit: AFP

Justement deux ans après des élections tenues dans la confusion après la démission de Didier Gailhaguet, et dans un contexte de pandémie mondiale, comment jugez-vous votre prise de fonction et votre action ?
N.P. : Cela a été très soudain, je n’avais pas du tout prévu de me présenter, mais poussée par ma passion des sports de glace et par le sens du devoir, je me suis lancée. Le confinement a été décrété trois jours après. Cela a été complexe, il a fallu s’adapter. Mais la priorité était de s’attaquer à la problématique éthique et juridique à laquelle nous faisions face. C’était une étape incontournable, il fallait éviter le retrait de l’agrément ministériel (ndlr : sans ce visa, l'institution a l'interdiction d'être impliquée dans l’organisation ou la participation des athlètes, ou dans quelque compétition que ce soit) et cela a représenté un travail acharné de plusieurs mois. Puis nous avons lancé beaucoup d’actions concernant l’éthique avant de pouvoir attaquer les dossiers économiques en pleine crise mondiale. Tout cela en restructurant la fédération, car certains acteurs qui détenaient les informations avaient quitté leur poste. Mais tout le monde s’est mobilisé pour l’intérêt général, ce qui a permis d’en arriver là. Nous avons conservé le bureau exécutif qui était en place et nous avons travaillé main dans la main, ce qui m’a agréablement surprise.
Deux ans après, il y a donc une nouvelle élection et vous n’êtes pas la seule candidate. Gwénaëlle Noury, la présidente du club de Lorient, se présente également (ndlr : la candidate n'a pas répondu à nos sollicitations). Est-ce une surprise ?
N.P. : Je ne connais pas madame Noury, qui n’a jamais eu aucune fonction au sein de la fédération, ou au sein de la ligue Bretagne. Elle n’a jamais pris de contact au niveau fédéral, donc on ne sait pas vraiment qui elle est et quelles sont ses motivations. Ice Radio a proposé d’organiser un débat pour justement connaître ses idées, sa façon de voir les choses, pour que les présidents de club qui seront amenés à voter samedi puissent se faire une idée. Mais elle a refusé.
A part son programme qui semble assez proche de celui de Didier Gailhaguet en 2018, je ne sais pas à qui j’ai à faire. Je ne mets pas en doute ses intentions mais je me questionne. A-t-elle conscience de l’ampleur de la tâche qui l’attend et des responsabilités qui vont lui incomber ? Car si comme beaucoup le disent, c’est Didier Gailhaguet lui-même qui est derrière elle, qui tire les ficelles dans l’ombre, c’est elle qui sera tenue pour responsable.
Il est inéligible aujourd’hui mais je sais qu’il participe activement à la campagne de Gwénaëlle Noury en allant rencontrer les présidents de club par lui-même. En faisant à certains des promesses, qui engageront donc "sa" candidate si elle est élue. Il y a son spectre au-dessus de cette élection, même si Gwénaëlle Noury a assuré son indépendance, et la présence d’une équipe derrière elle. On ne demande qu’à voir cette équipe, or elle ne répond à aucune sollicitation et n’a donné pour l’instant aucune garantie.
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Nathalie Péchalat : "Ils préparent cette médaille depuis le lendemain de Pyeongchang"

Qu’est-ce qui pousse Didier Gailhaguet à soutenir Gwenaëlle Noury ?
N.P. : J’imagine qu’il veut laver son honneur, se venger de son éviction. Et il ne semble pas supporter que la fédération ait survécu sans lui. Son retour serait catastrophique pour l’image des sports de glace, et surtout pour la confiance que l’on a réussi à regagner, avec le retour de relations apaisées et constructives avec les partenaires publics et privés, qui sont contents aujourd’hui des valeurs que la fédération porte. Et c’est pour cela que je veux continuer, pour construire sur des bases solides. Mais je fais appel au discernement et au bon sens des présidents de club qui vont voter. Je suis pour la démocratie donc ce sera leur choix. S’ils veulent un retour en arrière, ce sera leur choix et plus mon problème ! Je ne crois pas en l’homme ou la femme providentielle mais juste en la personne qui aura les bonnes idées au bon moment, une capacité de travail et une vision claire.
Quel bilan faites-vous de votre action ces deux dernières années ?
N.P. : Le bilan est positif, sur l’éthique, le juridique, le relationnel, l’organisationnel. Le développement des disciplines est en cours avec la campagne "Révèle tes super pouvoirs" pour faire de la détection, donner envie aux licenciés de s’essayer à nos sports et développer des compétences dont chaque enfant a besoin pour s’accomplir. Nous n’avons évidemment pas eu le temps de tout mettre en place en deux ans, ce qui me pousse à continuer pour mener à bien ces chantiers. Et tout cela je l’ai fait dans l’intérêt de la fédération et pas dans le but de me faire réélire. J’ai priorisé ce qui me semblait important pour l’avenir en mettant de côté les services des clubs, qui auraient pu m’aider à me faire réélire aujourd’hui.
Et quelles sont vos priorités aujourd’hui ?
N.P. : Mon programme présente 5 axes : le service aux clubs pour notamment accompagner les dirigeants de clubs. Le deuxième, c’est la formation des entraîneurs qui est primordiale car nous sommes en pénurie actuellement et les clubs sont en demande. Le troisième concerne le développement du parc de nos infrastructures, indispensable à celui de nos disciplines. Le quatrième s’articule autour de l’éthique, la durabilité et l'éco responsabilité avec la création de la « patinoire zéro carbone ». Le cinquième axe, enfin, c’est la stabilité et la pérénité de nos partenariats avec les instances publiques, les fédérations internationales et nos partenaires privés. Nous avons besoin de faire évoluer notre modèle économique, attirer plus de sponsors en portant des valeurs que les entreprises seront fières de représenter. Nous revenons de loin, nous avons réussi à redresser la barre, et j’en suis fière, mais c’est le fruit d’un travail collectif que l’on veut continuer.
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