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PEKIN 2022 - Derrière l'affaire Kamila Valieva, Tutberidze et ses infernales méthodes

Glenn Ceillier

Mis à jour 17/02/2022 à 09:47 GMT+1

JEUX OLYMPIQUES D'HIVER – Alors que l'affaire de dopage au sujet de Kamila Valieva fait des vagues à Pékin, l'ombre d'Eteri Tutberidze plane sur la patinoire chinoise. Depuis que sa jeune élève fait polémique, les méthodes de l'entraîneure russe, dont l'école accumule les succès depuis tant d'années, reviennent sur le devant de la scène.

Première malgré un accroc, Valieva a achevé son programme court en pleurs

Sulfureuse, stricte, froide, exigeante, impitoyable mais à succès ! Les qualificatifs ne manquent pas. Et ils ne sont pas tous forcément très élogieux. Dans la tempête Kamila Valieva - contrôlée positive à une substance interdite mais autorisée à poursuivre la compétition aux JO de Pékin -, un nom revient régulièrement : celui d'Eteri Tutberidze, la célèbre coach de la prodige russe dont les méthodes si singulières ressurgissent avec cette sombre affaire.
Dans la tourmente, Eteri Tutberidze a dû prendre la parole un peu plus que d'habitude. Avec un message aussi efficace que ses méthodes. "Kamila est innocente et propre", a lancé l'entraîneure controversée. Circulez, y a rien à voir. Et en attendre beaucoup plus d'elle aurait été une hérésie. Pourtant, Tutberidze, qui a échappé de justesse à un attentat à la bombe en 1995 à d'Oklahoma City, aurait beaucoup de choses à dire. Et beaucoup de réponses à donner surtout alors que les interrogations s'accumulent sur ses méthodes. Même en Russie, les mots-clefs "Honte à Tutberidze" ont commencé à être de plus en plus présents sur les réseaux sociaux depuis que l'affaire Valieva a vu le jour.
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"C’est un cauchemar, pour Valieva et l’ensemble des compétitrices"

S'ils s'entraînent comme il se doit, ils n'ont pas de vie personnelle
Si ses succès ne sont plus à démontrer après les sacres d'Alina Zagitova (championne olympique 2018 et championne du monde 2019), Evgenia Medvedeva (vice-championne olympique 2018 et double championne du monde 2016 et 2017), Ioulia Lipnitskaïa (championne d'Europe et vice-championne du monde 2014), ou encore d'Alena Kostornaia (championne d'Europe 2020), ce n'est pas la première fois que l'usine à championnes d'Eteri Tutberidze fait des vagues tant les zones d'ombre sont légion sur la patinoire "Khroustalny", où elle travaille depuis 2008.
Alors que les trois patineuses russes à Pékin viennent de son "écurie" (Valieva, la championne du monde en titre Anna Shcherbakova, et Alexandra Trusova), on lui reproche sa rigueur excessive. Les contraintes imposées à ses jeunes protégées. Son style direct sans la moindre concession. Ses humiliations. Et sa discipline de fer. "Je préfère dire la vérité à mes athlètes parce qu'elles seront flattées par les autres", assénait-elle fin décembre lors d'un rare entretien à la télévision russe. Avant d'ajouter à Sports.ru au sujet de ses patineurs : "S'ils s'entraînent comme il se doit, ils n'ont pas de vie personnelle".
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Kamila Valieva avec Eteri Tutberidze

Crédit: Getty Images

Un kilo, c'est un non-sens
Le ton est donné. Au quotidien, les conditions peuvent ainsi être impitoyables. "Si vous êtes fatigué ou blessé, vous allez quand même sur la glace et travaillez. Même si vous avez deux orteils cassés, vous faites la même chose cent fois par jour. Deux cents, si nécessaire", a raconté pour sport-express.ru Polina Shuboderova, passée par la très rigoureuse usine à championnes moscovite. Et on ne compte plus les patineuses qui n'ont pas résisté très longtemps à ces contraintes.
Avec un sujet, qui revient régulièrement dans les critiques alors que Lipnitskaïa a par exemple pris sa retraite à 2017 pour anorexie : son obsession du poids de ses élèves. "Vous devez vous peser tous les jours. A la même heure, sauf les jours off. Votre poids peut varier de 200 grammes", a raconté Shuboderova. "Un kilo, c'est un non-sens, s'est défendu Eteri Tutberidze sur Sports.ru. Prenez une bouteille de lait et mettez-la dans votre poche pour courir ! L'athlète se retrouve avec un poids plus que nécessaire et ça engendre des blessures, des traumatismes…"
Bien sûr qu'ils en prennent…
Pour résumer, aux yeux de Tutberidze, il n'y a pas trop de sacrifices pour atteindre les sommets. Et ses jeunes championnes doivent adhérer à 100% à cette philosophie. "Tout ce j'ai connu à l'entraînement, la douleur, l'humiliation, ça valait le coup", a lâché la championne d'Europe 2020, Alena Kostornaïa, le soir de son titre. Cependant, les succès ne font pas tout oublier. Il y a beaucoup de casse, tant physiquement que psychologiquement. Beaucoup de turnover aussi. Et puis, il y a l'ombre du dopage qui n'est jamais très loin.
En 2019, Anastasia Shabotova avait ainsi lâché une petite bombe lors d'un live Instagram. "Il faut prendre beaucoup de produits dopants et vous allez performer avec régularité", a lancé la jeune championne alors âgée de 13 ans. Avant de répondre à un internaute qui lui demandait si des patineurs prenaient des substances illicites à Khroustalny : "Bien sûr qu'ils en prennent". Alors que l'Agence antidopage russe (Rusada) a annoncé qu'elle allait faire une enquête sur son entourage, l'affaire Kamila Valieva a remis tout cela sur le devant de la scène. Sans faire ciller Eteri Tutberidze jusqu'à présent.
(Avec AFP)
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