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Tournoi des 6 Nations : XV de France : Romain Ntamack, 23 ans et déjà excellent gestionnaire des Bleus

Paul Citron

Mis à jour 14/03/2023 à 16:19 GMT+1

6 NATIONS - Depuis son retour de blessure en novembre, Romain Ntamack n’a pas été épargné par les critiques avec l’équipe de France. Dans le même temps, il semble ne jamais avoir été aussi solidement installé au poste d’ouvreur titulaire en sélection. La sobriété dont il fait preuve ne lui fait pas une bonne publicité, mais son rôle avec le XV de France est devenu essentiel.

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À l’heure de distribuer les couronnes de laurier après cet Angleterre - France d’anthologie, on n’a pas de suite pensé à Romain Ntamack. Antoine Dupont, Thibaud Flament, Thomas Ramos, Jonathan Danty, Julien Marchand, Damian Penaud... Tous nous sont venus à l’esprit rapidement. Pas l’ouvreur du XV de France.
Pour atomiser comme elle l’a fait le XV de la Rose à Twickenham, cette armada française a pourtant pu largement compter sur son ouvreur de 23 ans. On n’enterre pas une telle équipe dans un stade pareil sans un numéro 10 de grand talent, capable de mener son équipe à la victoire en s’en faisant le leader dans le jeu. Simplement, Ntamack n’est plus dans la lumière : son rôle a évolué vers un statut de gestionnaire.

Rapidement critiqué après un automne moyen

"En novembre, on a vite eu envie de me descendre", s’était d’ailleurs souvenu Ntamack en janvier dernier, lors d’un entretien pour Midi Olympique. Une référence à ses performances en demi-teinte lors de la tournée d’automne, qui avait vu la France battre sur son sol l’Australie, l’Afrique du Sud et le Japon. "J’ai été un peu en-dedans, je revenais d’une longue blessure et on ne m’a pas pardonné grand-chose. (...) Il me semble avoir toujours fait de très bons matches, ou des matches corrects en sélection, sur lesquels on n’avait pas beaucoup de choses à me reprocher."
Depuis ce moment-là, les critiques ont suivi l’ouvreur du Stade toulousain, supposément moins influent, moins brillant qu'auparavant, et qui souffrait de la comparaison avec l’explosif Matthieu Jalibert quand celui-ci entrait en jeu. Pourtant, sa sobriété et son sens du tempo ont émerveillé Christophe Lamaison, ouvreur emblématique du XV de France dans les années 1990. "On a tous envie de voir Romain Ntamack traverser le terrain sauf que le rugby de haut niveau, ce n’est pas ça", soufflait-il à Actu Rugby la semaine passée, juste avant un Crunch historique. "Aujourd’hui, en termes de qualités physiques, techniques et mentales, il n’a pas d’équivalent", osait-il même.
Il est un peu comme Dan Carter
Selon Lamaison, c’est l'image de l’ouvreur à la française, à laquelle Romain Ntamack ne répond plus tout à fait, qui biaise les perceptions du public tricolore. Et "Titou" de dresser une comparaison flatteuse : "Un Wilkinson en équipe de France, il aurait beaucoup de détracteurs. Le supporter français, il veut un 10 qui joue." Johnny Wilkinson, justement : que pense-t-il de Romain Ntamack ? Réponse dans L’Equipe, le 9 mars dernier au détour d’une interview. "Il est pas mal partout (...), il a une bonne influence sur l’équipe. Il est capable de rester calme et de passer un peu inaperçu. Un peu comme Dan Carter. Il fait juste ce qu’il faut, et à un moment donné, il explose, et bang ! C’est fini !"
La relance de son en-but devant les All Blacks au Stade de France a peut-être fait le tour de la planète. Mais des dires de ses prédécesseurs de génie à l’ouverture, ce n’est pas là où excelle Ntamack, bien au contraire. Ce Tournoi l’illustre. Il ne bute pas, Ramos s’en charge ; il franchit moins par la course, les trois-quarts le font déjà ; il est le penchant glacé du bouillant Antoine Dupont, et apprend par là à régler comme du papier à musique le jeu du XV de France.

Une maturité hors normes à pas encore 24 ans

C’est ce que lui demande le staff bleu, et il lui donne raison. Il n’a pas rendu des copies parfaites, on a notamment connu son jeu au pied plus tranchant. Mais sa capacité à effacer les doutes, à se comporter en meneur d'hommes et à mener la barque dans des moments délicats n’est plus un sujet. À pas encore 24 ans, Ntamack apparaît comme un meneur de jeu intelligent et plein de maturité - quand l’Anglais Marcus Smith, pourtant plus vieux que lui, garde collée au front cette étiquette de joueur talentueux mais instable.
Le Français apprivoise sa nouvelle fonction, et profite du niveau de performance élevé de ceux autour de lui en sélection pour se concentrer sur des tâches moins impressionnantes, mais tout aussi capitales. De quoi donc se ravissait en effet l’ouvreur, immédiatement après la victoire à Twickenham ? Des improvisations folles de son équipe, de ses relances enflammées de l’arrière ? "On a suivi à la lettre le plan prévu dans la semaine. Quand tout le monde respecte le plan et est bon dans son domaine, ça donne un match comme celui-ci…" À bon entendeur.
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