Le baromètre des Bleus : Jonathan Danty en déclencheur, serein comme Antoine Hastoy, Ollivon exemplaire

À le voir mener le jeu rochelais et enchaîner avec précision et sang-froid les coups de pied de but, on n’aurait pas cru que l’ancien ouvreur palois disputait là sa première finale chez les professionnels. Une inexpérience qui ne l’a donc pas empêché d’assurer, sa connexion avec UJ Seuteni étant un des facteurs clés de la victoire rochelaise contre le Leinster, son 100% au pied un autre.

Si Fabien Galthié avait des doutes quant à sa capacité à performer dans ce type de match, il ne peut aujourd’hui plus en avoir. Est-ce que cela suffira à le convaincre de l’ajouter à sa liste pour la Coupe du monde ? Pas sûr, son option privilégiée étant Romain Ntamack, Matthieu Jalibert et Antoine Dupont en back up à l’ouverture en cas de double pépin. S’il ne prend pas Hastoy, Galthié devra toutefois assumer de s’être volontairement passé de l’ouvreur champion d’Europe.

Il fallait bien stopper l’hémorragie du premier quart de la finale de Champions Cup et c’est lui qui s’y est collé. Après avoir encaissé trois essais en l’espace de douze minutes, le Stade rochelais est revenu à la vie grâce à son centre international, servi en sortie de mêlée et qui s’est payé le luxe de renvoyer Garry Ringrose à ses chères études. Le point d’origine de la remontée fantastique des Maritimes.

Le numéro 8 des Bleus n’a pas tout écrasé sur son passage face au Leinster et a même connu quelques scories sous la pression adverse, mais il a eu le mérite de ne jamais baisser la tête au plus fort de la tempête. Bien plus en vue en seconde période qu’en première, il a multiplié les charges sur le plan offensif et rameuté ses troupes jusqu’à la fin pour tenir sa ligne côté défensif. Pour l’ensemble de son œuvre, il a ainsi été élu par l’EPCR meilleur joueur de la Champions Cup.

Outrageusement dominée pendant vingt minutes puis exceptionnelle en seconde période, la prestation de la Rochelle n’a pas été linéaire. Sa mêlée en revanche a eu fière allure de bout en bout. En face de lui, Reda Wardi avait une référence en la personne de Tadhg Furlong. Là, il l’a contraint à goûter l’herbe de l’Aviva Stadium en première période, récupérant une pénalité dans les 22 mètres irlandais juste avant le premier essai rochelais. Son homologue Uini Atonio n’a pas été en reste non plus dans ce secteur, mettant pareillement au supplice Andrew Porter.

Le capitaine du RCT a d’entrée donné le ton de la finale de Challenge Cup contre Glasgow en remportant brillamment un duel aérien. Toujours présent dans le combat et pour mettre son équipe dans l’avancée, Ollivon a démontré son envie débordante d’ajouter une première ligne à son palmarès en club. Peut-être même un peu trop, oubliant le temps d’un instant les règles du hors-jeu sur une touche pour s’en aller aplatir un essai logiquement refusé. Pas de quoi gâcher son plaisir, lui qui a eu la classe de laisser Mathieu Bastareaud soulever le trophée pour sa dernière saison de joueur professionnel.

Avec deux clubs français vainqueurs de leur finale respective, difficile de dégager des performances négatives côté Bleus. Pour Gabin Villière, disons que la fête aurait pu être encore plus belle. Pas très en vue sur le plan offensif contre Glasgow, l’ailier toulonnais est sorti à la mi-temps, n’ayant pas pu répondre de façon satisfaisante au protocole commotion cérébrale. Point positif, il était en costume avant ses partenaires pour sabrer le champagne.