Svindal, drôle d'oiseau

Cette fois c'est officiel, Aksel Lund Svindal est bien de retour. Un an après sa terrible chute sur cette même piste de Beaver Creek lors d'un entraînement, le Norvégien a signé la plus éclatante des revanches en réalisant un impensable doublé descente-Super-G. Vainqueur impeccable lors de l'épreuve de vitesse vendredi, Svindal a de nouveau survolé la Birds of Prey. Façon aigle royal.

Sur un tracé rendu piégeux par des conditions de visibilité réduite, le vainqueur de la Coupe du monde 2007 a su combiner finesse et puissance pour réaliser un quasi sans-faute. Relâché mais agressif, le Scandinave a su tailler des courbes d'une grande pureté quand ses principaux rivaux, Bode Miller en tête, fautaient par excès de fougue. L'Américain, sorti de la descente la veille, a de nouveau déçu en commettant une énorme erreur dès le début du parcours qui le condamnait d'entrée. Finalement 14e, le funambule de Franconia doit absolument retrouver l'équilibre...

Finalement, pour Svindal, la menace est encore venue de la "Wunderteam", et plus particulièrement de ses glorieux anciens. Michael Walchhofer, cinquième de la descente, a ainsi su faire parler ses qualités de sprinteur pour apprivoiser ce Super-G tandis que son compatriote Hermann Maier a de nouveau étonné. "Herminator", skiant comme à ses plus belles heures, a même détenu le meilleur temps provisoire lors du dernier pointage intermédiaire, avant de butter sur le chrono de Svindal, auteur d'un finish époustouflant. Le maçon de Flachau n'a pas à rougir de cette deuxième place. Il s'incline devant un revenant au talent toujours intact et auteur du premier doublé descente-Super G depuis 1999 et un certain... Hermann Maier !

Si Svindal, qui signe à Beaver Creek son 11e succès en carrière, semble parti pour maîtriser les épreuves de vitesse cette saison, Jean-Baptiste Grange en est encore au stade de l'apprentissage. Aligné dans le but d'emmagasiner du vécu, le Français, pur spécialiste des épreuves techniques, a vu l'expérience tourner court. Auteur d'un très bon départ (il pointait à seulement 18 centièmes de Svindal au premier passage intermédiaire), "JB" s'est ensuite loupé en sortie de virage. Il aura certainement l'occasion de retenter l'expérience et de prendre sa revanche.

Aksel Lund Svindal (NOR/1er): "Aujourd'hui, je peux vraiment me réjouir de cette victoire. Hier (en descente, un an après son accident), c'était différent. Je n'ai pas dormi de la nuit, je me réveillais toutes les heures. (A propos du classement général) Je ne veux pas penser à ça, c'est beaucoup trop tôt dans la saison. Si je commence à le faire maintenant, ça va me coûter beaucoup trop d'énergie. Je veux juste profiter au jour le jour et on verra plus tard. Hermann aussi est de retour ! Il a retrouvé son niveau en super-G. J'espère que ça va être une belle bagarre entre nous deux cette saison. J'aime beaucoup la neige d'Amérique, elle ressemble à celle que nous avons en Norvège."

Hermann Maier (AUT/2e): "Je suis très fier d'être le dauphin d'Aksel sur ce podium. Et je suis aussi très fier de l'avoir battu sur une section de la course. J'avais le dossard rouge (de leader de la Coupe du monde de super-G) en arrivant ici et je ne voulais pas repartir d'Amérique du nord sans lui. Je suis resté sur la réserve dans la deuxième moitié car il fallait absolument que je finisse ce super-G pour défendre mon dossard rouge."

Didier Cuche (SUI/abandon): "Ce n'est pas comme ça que j'imaginais la journée ce matin... Surtout que je me devais une revanche après la descente de vendredi. Dans le passage (où il a fait la faute), je n'ai pas bien skié, quand j'ai déclenché j'étais sur l'arrière, il y avait pas mal de secousses et je n'ai pas réussi à reprendre la porte. Il faut oublier ça au plus vite pour penser au géant de demain (dimanche). L'an dernier, ça s'est très bien passé ici en géant, j'avais fini 3e à 11/100 (de Daniel Albrecht). J'apprécie ce géant, j'ai hâte d'y être."

Dider Défago (SUI/5e): "De nouveau un top 5, c'est bien. Je suis vraiment très content de ma tournée (nord-américaine) pour l'instant. Mais finir à moins de 2/10e du podium, c'est quand même rageant... J'ai fait un très bon haut de piste aujourd'hui mais Aksel était en grande forme. Sur cette porte (où ses compatriotes Daniel Albrecht et Didier Cuche sont sortis, ndlr), j'étais bien équilibré à l'entrée mais ça tapait fort à la sortie, j'ai quand même réussi à la prendre de justesse en essayant de garder la vitesse et de ne pas faire trop de chemin."