Kitzbühel - Qui est le "skieur parfait" sur la Streif ?
Mis à jour 21/01/2022 à 11:20 GMT+1
COUPE DU MONDE - Avant les mythiques descentes de Kitzbühel, vendredi et dimanche, notre consultant Valentin Giraud-Moine, deuxième sur la Streif en 2017, s’est livré au jeu du “skieur parfait”. Le but ? Définir, selon lui, quel est le meilleur skieur (en activité) sur chacune des cinq sections de la piste autrichienne que nous avons défini.
Section I - Du départ au Karussell : Marco Odermatt
- Temps de passage (en se basant sur le chrono de Beat Feuz lors de sa 2e victoire l’an dernier) : 0” à 25”
Vincent Kriechmayr fait un beau client mais je choisis Marco Odermatt. Le Mausefalle fait vraiment peur, c’est un saut très impressionnant. Là-haut, c’est un concours d’intention. C’est à celui qui a envie d’aller le plus vite, à celui qui ose pousser les deux premières courbes à fond. Et à ce jeu-là, Odermatt ne se trompe pas beaucoup généralement. Il n’a peur de rien, s’engage toujours à fond.
Les courbes à moitié dérapées du Karussell sont taillées pour lui. Il faut être techniquement parfait et savoir engager à fond. Il n’a certes que deux départs en descente à Kitzbühel (24e en 2019, 10e en 2021). Mais ce manque d’expérience n’est pas un désavantage, tout du moins pas sur le haut. Il va être très fort sur cette 1re section, c’est sûr.
Section 2 - Le Steilhang : Maxence Muzaton
- Temps de passage : 25” à 32”
J’ai envie de prendre un risque - mais en est-ce vraiment un ? Maxence n’est pas très en cannes en ce moment, mais c’est lui qui gagne à chaque fois cette portion depuis 5 ans ! Je ne connais pas son secret, mais il découpe, il y va à fond. Il est super propre techniquement, ses timings sont à chaque fois parfaits. Et ça le lance super bien pour le plat qui suit.
La particularité du Steilhang, déjà, c’est sa pente. Puis à la sortie, il y a le dévers qui pousse vraiment contre la bâche. Pour aborder le Steilhang, tu as cette espèce de roller en travers de la pente. Tu es en train de lutter contre la pente, t’essaies d’amortir et il faut d’un coup changer de direction pour être à l’heure. C’est vraiment une question de timing, d’oser faire les choses au bon moment.
Section 3 - Le plat jusqu’au saut du restaurant : Johan Clarey
- Temps de passage : 32” à 1’00”
Jusqu’au saut du restaurant, on peut être sûr que “Yo” sera dans le coup ! C’est un glisseur hors pair, il est super lourd. Sur cette section plane, il est intouchable. Il fait souvent le choix stratégique de bien se placer dans le Steilhang, quitte à y perdre deux dixièmes, pour sortir sur le plat dans les meilleures dispositions possibles, avec la meilleure ligne et la plus grosse prise de vitesse. Au final, il met quatre dixièmes à tout le monde et se retrouve souvent “en vert” au bout.
Une remarque concernant ce plat : il est vraiment, vraiment plat ! On ne s’en rend pas compte à la télé, mais le contraste est fou entre la pente hyper raide du départ et cette section. Elle est peut-être bien la plus plane du circuit avec celle de Beaver Creek.
Section 4 - Du saut du restaurant jusqu’à l’Hausbergkante : Beat Feuz
- Temps de passage : 1’00” à 1’35”
J’ai envie de mettre Beat Feuz. C’est le skieur qui peut finir 2e sur toutes les autres sections et gagner celle-ci. Cette portion n’a pas de caractéristique spéciale. Mais elle est assez dure à réussir. Ça va plutôt assez vite, ça tape, et c’est très dur de faire des courbes propres en gardant les bonnes lignes. Feuz est bon partout et il arrive très bien à emmener les courbes à grande vitesse. Il semble certes un peu moins fort que les autres années pour l’instant (l’entretien a été réalisé avant ses 2e et 3e places à Wengen). Mais c’est le double tenant du titre, il a gagné les deux descentes l’an passé. On est quand même obligé de citer son nom !
Section 5 - De l’Hausbergkante à l’arrivée : Dominik Paris
- Temps de passage : 1’35” à 1’55”
Le saut de l’Hausbergkante, quand on ne le connaît pas, on ne fait qu’y penser dès la sortie du Steilhang.Il se prépare avec les deux virages bien serrés qui cassent la vitesse. Ils sont super importants, ça conditionne la vitesse pour le bas. Le saut en lui-même est impressionnant. Et surtout mythique. Il y a la grosse arche, la tribune sur le côté avec les VIP, les pilotes de F1, toutes les stars… C’est kitsch !
Ensuite, c’est le dévers. Il faut vraiment trouver le bon timing pour le déclencher. Il faut alors rester très souple et avancer tout le long du dévers, pour perdre le moins de hauteur possible, et changer vite de carre à la sortie pour prendre le plus de gaz possible pour le schuss final. On se sent dans une arène. Tu perçois les gens sur le côté, un corridor qui va tout droit, et une fois là, à 140km/h, tu fais un dernier saut énorme avant l’arrivée. Les dernières secondes de Kitz sont vraiment impressionnantes. Dans notre sport, c’est LE moment à vivre !
Pour moi, le meilleur sur cet enchaînement, c’est Dominik Paris. Il est ultra-saignant, ultra-déterminé. Il ne connaît pas l’acide lactique. La peur non plus. Quand on a fait 2e et 3e avec “Yo” en 2017, on avait deux dixièmes d’avance avant l’Hauberskante. Et il nous a explosé dans le dévers. D’ailleurs, il a fracassé cette section à chaque fois qu’il a gagné Kitzbühel (3 descentes et 1 super-G). Franchement, il est vraiment trop fort ici.
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