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Kitzbühel - Quadruple vainqueur du globe de la descente, champion olympique, Beat Feuz tire sa révérence sur la Streif

Fabien Esvan

Mis à jour 22/01/2023 à 11:17 GMT+1

KITZBÜHEL – Les adieux d'un géant. Après avoir pris ses derniers départs à la maison à Wengen la semaine passée, Beat Feuz va définitivement mettre un terme à sa carrière professionnelle ce week-end sur la Streif de Kitzbühel. Avec un palmarès XXL, marqué notamment par l'or en descente aux Jeux de Pékin en 2022 et quatre globes de cristal, le Suisse part avec le sentiment du devoir accompli.

Feuz sur la piste pour l'avant-dernière fois : le Suisse veut finir en beauté

La Mecque du ski alpin aura des airs de bal des légendes ce week-end. Si Johan Clarey continue de glisser, mais pourrait raccrocher les spatules à l'issue de la saison, un autre monstre du ski alpin va toutefois tirer sa révérence à Kitzbühel ce week-end. A 35 ans et après dix-sept années à arpenter le circuit, Beat Feuz s'apprête à disputer les deux dernières courses de sa carrière.
Dans la mythique station autrichienne, celle où il a récemment pris l'habitude de briller, le "Kugelblitz" va fermer un beau chapitre de l'histoire du ski alpin. Monstre de régularité, Feuz a surtout réalisé bon nombre de ses rêves. Avec le sourire et le panache qui lui ont toujours collé à la peau.
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Feuz met le feu à la descente et décroche l'or

Le maçon devenu prophète en son pays

Pourtant, le fabuleux destin de Feuz avait démarré en dents de scie avec des blessures à la pelle notamment aux genoux où il a enchaîné les opérations. "J'ai dû courir deux ans avec lui, mais il était souvent blessé ou alors il n'était pas très bon et on se demandait presque 'mais d'où il sort celui-là ?'. Quinze ans après, le mec a quatre globes, c'est dément", raconte notre consultant Pierre-Emmanuel Dalcin, qui l'a côtoyé au début de sa carrière.
Mais le maçon de formation parvient peu à peu à faire son trou et à suivre les traces de son modèle Hermann Maier. Jusqu'à se faire une place dans le cœur des Helvètes. "Les Suisses aimaient Didier Cuche plus que tout, plus que Roger Federer même. Quand il s'est arrêté, ils se sont rabattus sur Beat Feuz. C'est la force tranquille, il n'a pas le melon, il ne fait pas de bruit, il correspond bien à la mentalité suisse", esquisse l'ancien descendeur.
Ancien adversaire, Valentin Giraud Moine partage la même analyse. "En Suisse, il est quasiment vénéré. Il a gagné les plus belles courses et notamment à Wengen. Quand vous êtes suisse et que vous gagnez là-bas, vous êtes des demi-dieux presque…"
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Instant émotion : Quand Feuz réalise qu'il vient de remporter la descente olympique

Personnage à part, style à part

Brillant sur les skis, Feuz est surtout une personnalité comme le confie le descendeur d'Orcières. "C'est quelqu'un de très simple, très gentil, toujours respectueux. Ce qui est marquant avec lui, c'est qu'il fait ce qu'il veut, il fait son programme comme il en a envie. Pendant les entraînements officiels, il est capable de les faire à 60%, de finir la manche à 3 secondes et demie et de ne pas être tracassé en sachant qu'il les a sous le pied. Le lendemain, il était sur le podium ou il gagnait. Il n'y a que lui qui pouvait faire ça."
Dalcin appuie dans ce sens au moment d'évoquer la longevité du Suisso-allemand. "Il a adapté sa technique à ses genoux qui étaient fragiles en se disant qu'il fallait appuyer au bon endroit. Il a été hyper intelligent en entraînement puis en course. Il n'est jamais allé au-delà de la limite. Avec ses qualités de glisseur, sa force dans les virages, ça fait des merveilles..."

JO, Kitzbühel, Wengen, Mondiaux : des succès de prestige à la pelle

Les faits d'armes, Feuz les a collectionnés et pas n'importe lesquels. Auréolé de trois médailles olympiques dont l'or aux JO de Pékin il y a un an, du titre mondial en descente à St. Moritz en 2017, de quatre globes consécutifs en descente entre 2018 et 2021, et victorieux sur les plus belles pistes du monde, Feuz "est dans le gotha des descendeurs", s'accordent nos deux consultants.
Des fois, on se disait qu'il allait prendre une volée comme à Bormio où ça ne lui convenait pas, mais au final il était quand même deuxième…
Et si les succès de prestige sont légion, le Suisse s'est aussi distingué par sa régularité. Avec 215 départs en Coupe du monde (avant les courses de vendredi et samedi), 16 succès, 59 podiums dont 47 en descente, un record, "c'est incroyable de régularité" pour Giraud Moine. "Il était à un niveau où faire cinquième, c'était une contre-performance. Des fois, on se disait qu'il allait prendre une volée comme à Bormio où ça ne lui convenait pas, mais au final il était quand même deuxième… C'était souvent comme ça."
Pour nos deux consultants, son doublé de Kitzbühel en 2021 restera l'aboutissement ultime de sa carrière. "Il s'est donné les moyens de gagner, on voyait que c'était la course de sa vie. Je ne l'avais jamais vu aussi agressif par rapport à d'habitude où c'est tellement juste, tellement posé. Il a mis tout ce qu'il avait", se souvient Pierre-Emmanuel Dalcin qui avait commenté les courses ce week-end là.
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Feuz prive Clarey d'un bonheur immense : le résumé d'une descente magique

Une retraite pas si inattendue que ça pour le colosse aux genoux d'argile

C'est d'ailleurs sur la Streif que Feuz va tirer un trait sur son immense carrière. Alors qu'il avait annoncé vouloir continuer encore deux ans il y a quelques mois à peine, sa retraite a créé une onde de choc. Mais pas pour tout le monde. "Ça m'a surtout surpris qu'il continue", affirme le cadet de nos experts. "Dans sa tête, il ne lui manquait qu'un truc, c'était les Jeux, la descente olympique. Quand il gagne l'or à Pékin, on s'est tous dit qu'il allait arrêter. Arrêter à Kitzbühel, c'est quand même pas mal aussi…"
Wengen lui a fait des adieux à la hauteur de son immense carrière. Kitzbühel devrait en faire tout autant ce week-end. Même s'il espérait le voir pousser jusqu'aux Mondiaux en France (du 6 au 19 février, à suivre sur Eurosport), Pierre-Emmanuel Dalcin estime que la station autrichienne est la meilleure destination pour son bal de clôture. "Pour lui, gagner à Wengen ou à Kitzbühel, c'est plus fort qu'un titre mondial. Il a envie d'arrêter dans ce qui est pour lui, le plus bel endroit."
Compétiteur dans l'âme, le Suisse pourrait lâcher la bride pour ses dernières. C'est ce que pense l'ancien champion du monde du Super-G Hannes Reichelt dans une interview accordée à Eurosport Allemagne. "Je suis très curieux de savoir comment il aborde ses adieux. Qui voudrait se compliquer la vie pour sa dernière ? Je ne pense pas que Feuz se battra pour la victoire. Il descendra proprement, mais il ne se battra pas comme un diable. Il va profiter de l'arrivée." Le show Feuz va fermer ses portes, l'écrin est somptueux. Profitons-en.
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Beat Feuz lors de la descente de Wengen.

Crédit: Getty Images

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