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La fin du mal français ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 26/11/2011 à 17:32 GMT+1

Piccard, Alphand, Schiele, Dalcin et Théaux. En trente ans, ils ne sont que cinq skieurs français à être montés sur un podium de Coupe du monde en Super-G. Dans cette discipline neuve, le mal reste chronique, mais quelques résultats récents montrent que les Bleus se dirigent dans la bonne direction.

2011-2012 Lake Louise Adrien Théaux

Crédit: Zoom

"C'est difficile de donner les raisons du manque de résultats actuels en Super-G car les problèmes d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'à mon époque", explique Franck Piccard, champion olympique de la spécialité en 1988 à Calgary. Celui qui a officié pendant dix ans au micro d'Eurosport aux côtés d'Alexandre Pasteur reconnaît avoir pris ses distances avec le ski alpin et les équipes de France actuels. Cela ne l'empêche pas de nous conter sa propre expérience avec "sa discipline de coeur". Avec un détachement conscient et aucunement nostalgique : "Quand je skiais, on préparait peu le Super-G, qui était un exercice récent (créé en 1982). En fait, on ne le travaillait qu'au travers de la descente ou du géant. Cela s'arrêtait là. En fait, il n'y avait qu'une seule nation qui bossait le Super-G : l'Autriche (*). Ce n'est que quelques années après qu'on a pris cette discipline plus au sérieux".
Depuis, le Super-G a évolué et s'est installé durablement dans le programme d'une saison de Coupe du monde. Ce qui n'était pas forcément le cas il y a 25 ans. "Quand la discipline est apparue, il y avait un problème de calendrier. Il y avait peu d'épreuves et souvent à controverse, explique l'homme des Saisies. Suivant l'état d'esprit du traceur, on obtenait soit un géant rapide soit une mini-descente. Chaque entraîneur avantageait plus ou moins son équipe. A la limite du règlement à chaque fois", sourit-il.
"Seul Théaux a la clé..."
L'hiver dernier, la Coupe du monde proposait huit Super-G. Et c'est en décembre dernier, à Beaver Creek, deuxième opus de l'hiver, qu'Adrien Théaux a remis au goût du jour la discipline. Sa deuxième place sur la mythique Birds of Prey a mis fin à six années de disette. Elle a permis aussi de rallumer quelque peu la lumière. Car pour retrouver trace d'un "Bleu" sur une "boîte" en Super-G, il fallait remonter à Pierre-Emmanuel Dalcin, brillant deuxième à Garmisch-Partenkirchen en février 2004. Une éternité. Ce résultat significatif a apporté un peu d'eau au moulin des flèches tricolores, qui en avaient bien besoin. "Au bout d'un moment, quand on skie bien mais que ça ne marche pas, on se demande ce qui se passe. C'est un cercle vicieux qu'il est difficile de quitter", estime le skieur de Val Thorens. La performance du Français a également donné un peu plus de crédit au recrutement de Patrice Morisod lors de l'été 2009. Le travail du réputé technicien suisse n'a pas été étranger à la fin de ce black-out de résultats. "L'arrivée de Patrice a été bénéfique pour tout le monde. Elle a aussi permis de redistribuer les rôles dans le groupe vitesse, de remettre certains entraîneurs à leur vraie place, et de nous apporter plus de sérénité, notamment en Super-G", confie Dalcin qui a passé quelques mois avec l'ancien coach de Didier Cuche et Didier Défago, avant de raccrocher.
Le vainqueur de la descente de Val d'Isère en 2007 a longtemps cherché la raison pour expliquer les contre-performances tricolores : "Pourquoi le Super-G se refusait à nous comme ça ? J'y ai beaucoup réfléchi quand j'étais encore sur le circuit et finalement, j'en suis arrivé à me dire que ce n'était pour beaucoup une question de confiance en soi", avoue Dalcin. Le Savoyard va tout de même un peu plus loin : "Le Super-G, c'est un état d'esprit. Pour briller dans cette discipline, il faut parvenir à reproduire en course le plan qu'on a prévu lors de la reconnaissance. C'est la clé et à ce jour, seul Adrien semble l'avoir trouvée". Même son de cloche chez Piccard : "Je suis totalement d'accord avec Pierre-Emmanuel. Le Super-G est une discipline extrêmement exigeante, à part et censée rassembler beaucoup de monde. Elle propose toute les ficelles du métier : On a le danger d'une épreuve de vitesse, la technicité d'un géant et puis il y a un état d'esprit au milieu de ces deux branches du ski moderne. C'est compliqué d'exprimer en gestes ce déclic". Dalcin confirme : "C'est un savoir qu'il est difficile de donner aux autres car c'est une sensation personnelle". Pour résumer, il n'y a pas d'école du Super-G.
picture

1988 Calgary JO Franck Piccard

Crédit: AFP

Dimanche, Adrien Théaux s'élancera pour la 29e fois sur un Super-G de Coupe du monde. Jusqu'à maintenant, le skieur de Val Thorens a terminé à 16 reprises dans les points, dont quatre fois dans le top 10. Un bilan respectable mais loin de ce qu'il est capable de faire. Franck Piccard lui conseille de s'éclater : "Le Super-G était une de mes disciplines favorites, voire la meilleure. Quand j'aimais la vitesse, c'est là que je rigolais le plus et que j'avais le plus de sensations. Quand j'ouvrais le portillon, je savais que j'avais reconnu minutieusement le terrain. A ce moment-là, je ne faisais confiance qu'à mon instinct. Parfois, ça marchait. A d'autres moments, non. Mais ce que je retiens avec cette discipline, c'est que le Super-G me récompensait quelque soit le résultat". Adrien Théaux et les Bleus ne sont pas encore dans cet état d'esprit. La quête sera de s'en approcher : "On est sur la bonne voie.A nous de nous bouger pour monter de nouveau sur les podiums, espère Théaux. Cette période a duré trop longtemps".
(*) Lors du Super-G d'Igls en 1998, les Autrichiens étaient parvenus à glisser neuf de leurs skieurs dans le top 10.
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