Championnats du monde Courchevel - Combiné - Alexis Pinturault : "Ça fait un an que je ne pense qu'à ça"

Qu'y a-t-il de mieux qu'un titre de champion du monde ? Peut-être un titre de champion du monde à la maison. Surtout quand on n'a plus goûté à la victoire depuis plus de vingt mois et que le succès ne peuple plus votre quotidien, comme ce fut longtemps le cas d'Alexis Pinturault. Elle veut dire beaucoup, cette médaille d'or en combiné, pour le skieur de Courchevel, sacré à domicile. Pas seulement en France, mais chez lui, à "Courch'".

Comme il l'a exprimé au micro d'Eurosport après sa victoire, si l'équipe de France skie devant son public dans ces Championnats du monde, lui évolue devant ses amis. "Ça fait depuis deux ans qu'on commence à parler de ces Mondiaux à Courchevel et ça fait un an que je ne pense qu'à ça", a-t-il confié à Gauthier de Tessières. Un an, depuis les Jeux Olympiques de Pékin dont il était revenu bredouille, à l'image de cette saison qui l'a vu rentrer dans le rang, lui qui était pourtant tenant du titre du gros globe de cristal.

Alexis Pinturault a rapidement compris que la campagne 2022-2023 ne serait pas plus simple pour lui que la précédente. "Je fais un début de saison un peu compliqué", concède-t-il. Pourtant, ses sensations étaient meilleures que ne l'indiquent ses résultats : "Je sens que je fais du bon ski, parfois des excellents secteurs, mais je n'arrive pas à tout imbriquer." Alors il a fait "all in" sur ces Mondiaux à la maison.

Paradoxalement, le relatif anonymat dans lequel il est retombé l'a sans doute aidé à appréhender au mieux le rendez-vous planétaire de Courchevel. S'ils avaient eu lieu il y a deux ans, la pression aurait été énorme. Cette fois, il a pu avancer masqué, presque tranquille. "Je suis arrivé ici en me disant qu'il fallait que j'arrive à m'épanouir, à m'amuser, à profiter de cette quinzaine parce que c'est une chance énorme."

Mais il l'admet volontiers, il ne croyait pas vraiment à décrocher de l'or, même dans ce combiné qui sied si bien à ses qualités depuis une bonne dizaine d'années. "J'étais loin de penser que je pourrais être champion du monde, nous dit-il. Je me disais qu'une médaille, ce serait déjà formidable, alors attaquer tout de suite cette quinzaine avec un titre, c'est extraordinaire. Les deux derniers slaloms, je ne me qualifie même pas, j'ai plus de difficultés dans cette discipline maintenant."

Alors c'est sur le Super G, achevé à la première place mardi matin, que "Pintu" a construit ce titre. Peut-être la discipline où il se sent le mieux désormais. Il occupe d'ailleurs la 4e place du classement de la spécialité cet hiver. La manche de slalom a été plus laborieuse. Il a souffert, frôlé une ou deux fois la catastrophe, mais il est arrivé en bas. Ensuite, il ne restait plus qu'à attendre. Un petit quart d'heure de souffrance.

En réalité, il a su très vite. Plus que les redoutables slalomeurs que sont Atle Lie McGrath ou Loïc Meillard, relégués à une seconde deux ou une seconde trois après le Super G, c'est son dauphin sur l'épreuve de vitesse, Marcos Schwartz, qui inquiétait le Français. Il y a deux ans, l'Autrichien avait privé Pinturault du titre sur le combiné, pour quatre centièmes. Cette fois, pour un dixième, Pinturault a eu le dernier mot, grâce à la faute de Schwartz sur le tout dernier enchaînement.

"J'attendais surtout Schwartz, c'était mon concurrent le plus proche quand il part, confirme-t-il. Il est juste derrière, en plus c'était hyper serré entre nous deux, je n'avais que six centièmes de marge." Lorsque l'Autrichien a allumé du rouge, Alexis Pinturault a hurlé et serré les poings, comme s'il avait compris illico que le plus dur était fait. "Ce sont des moments un peu difficiles, cette attente, mais ça fait savourer encore plus, sourit-t-il. C'est un grand moment d'émotion. J'étais ému. Je suis heureux."

Cette sensation de la victoire, il ne l'avait plus goûtée depuis le 20 mars 2021, lors du géant des finales de Lenzerheide. Une journée particulière, à double titre : c'était le jour de son 30e anniversaire, et celui de la quête du globe de cristal. On ne parlera pas de revanche, mais ce sacre de Courchevel vient mettre un terme à presque deux années pour le moins compliquées.

"Depuis que je suis là (à Courchevel), j'ai l'impression que je n'ai qu'une seule mission, qu'une seule volonté, c'est de pouvoir donner le meilleur de moi-même, peu importe ce qui adviendra, explique le désormais double champion du monde. Ce n'est pas le plus important, le résultat. Le principal, c'est que je puisse donner le meilleur. Je savais que j'étais toujours capable de skier vite et je l'ai vraiment ressenti aujourd'hui. Mais il me manquait peut-être une certaine détermination, une certaine motivation et aujourd'hui je l'ai clairement retrouvée. Le sport, ça sourit toujours aux ambitieux."

L'orgueil du champion a été touché ces deux dernières saisons. Mardi, chez lui, Alexis Pinturault a prouvé qu'il en était toujours un. C'était le meilleur moment pour cela. Et le meilleur endroit.