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Mondiaux - Alexis Pinturault, l’arbre qui cache une forêt de frustrations pour l'équipe de France

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 20/02/2023 à 09:12 GMT+1

MONDIAUX – Organisateur pour la 5e fois de son histoire, la France abordait cette 47e édition avec des ambitions légitimes de 3 à 4 médailles. Un objectif raté, malgré un début en fanfare et un Alexis Pinturault retrouvé. Si les résultats n’ont pas tous été décevants et que les Bleus ont manqué de réussite, comptablement, la France a tout de même vécu ses pires Mondiaux depuis 2009.

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Cela peut sembler terriblement dur lorsque l’on se souvient que l’équipe de France n’avait décroché aucune médaille en 2003 et 2005. Mais force est de constater que l’objectif annoncé par Fabien Saguez de "3 à 4 médailles" n’a pas été réussi. Évidemment, toutes les médailles ne se valent pas et un titre vaut mieux que deux médailles d’argent mais la deuxième semaine, la relative déception, ou en tout cas frustration, des autres leaders de l’équipe de France et le bilan comptable (2 médailles seulement) des Bleus laissent un goût amer au moment de regarder dans le rétroviseur. Si tous les cadors tricolores ne sont pas passés à côté, loin de là, un seul a véritablement réussi ses Mondiaux : Alexis Pinturault.

Un champion ne meurt jamais

A l’aube de ces championnats du monde, à domicile, chez lui à Courchevel, le vainqueur du général de la Coupe du monde 2020-2021 était pourtant le cador tricolore le moins en forme, avec un seul petit podium et des résultats en géant loin de ses standards passés. Mais même avec une confiance en berne, Alexis Pinturault reste un immense champion. Et il l’a encore prouvé sur la piste de l’Eclipse. Il était pourtant très attendu en combiné, où il restait l’un des favoris d’une épreuve non disputée en Coupe du monde.
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Et le Français a assumé son statut avec brio, dominant le Super-G avant de confirmer sa victoire sur le slalom, une discipline où il restait pourtant sur deux éliminations en première manche. Le deuxième sacre de sa carrière dans la discipline, après celui décroché en 2019 à Äre. Un titre si particulier pour lui, le skieur de Courchevel, qui sortait de deux hivers plus que compliqués. Une médaille d’or sublimée quelques jours plus tard par le bronze décroché, comme en 2021, en Super-G, sa nouvelle discipline de référence, celle vers laquelle il dit vouloir se tourner principalement désormais.

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Jamais aussi discret en Coupe du monde depuis plus de dix ans que cet hiver, Pinturault aura su se sublimer à la maison pour réaliser des Mondiaux aussi fastes que ceux d’Äre en 2019, lorsqu’il était au sommet de son art. Un vrai caractère de champion qui a parfaitement lancé l’équipe de France dans ses Mondiaux et qui augurait alors de beaux championnats du monde pour les Bleus, alors qu’il restait les parallèles, les géants et les slaloms. Mais il n’y aura rien de plus.
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Les meilleures cartes tricolores en vitesse étaient passées à côté - ni Johan Clarey (23e de la descente), ni Romane Miradoli (16e du Super-G et de la descente) ne réussissant à se mettre à la hauteur de l’événement – et la réussite avait déjà commencé à fuir l’équipe de France, à l’image de Maxence Muzaton et Tessa Worley, passés à deux dixièmes de la médaille, respectivement sur la descente (6e) et le Super-G (9e). Le premier a même fait passer deux des plus belles minutes de la quinzaine aux supporters français, passant en tête au troisième intermédiaire avant de lutter jusqu’au bout pour le podium. Mais, à chaque fois, la roue a fini par tourner dans le mauvais sens.

Noël, Worley et Lamure : si près, pourtant si loin

Cela a encore été le cas ce dimanche avec le slalom messieurs. Certes, Clément Noël pourra n’en vouloir qu’à lui-même, ayant commis une grosse faute dans chaque manche alors que le reste aurait sans doute valu de l’or. Mais voir le Vosgien échouer au pied du podium pour trois petits centièmes, cinq ans après avoir raté le bronze olympique pour quatre centièmes, demeure douloureusement cruel, tout comme les sorties de piste de Worley en géant et de Marie Lamure en parallèle.
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La jeune Tricolore a failli créer une incroyable sensation sur le parallèle en se hissant jusqu’en petite finale, sortant même l’une des championnes du monde en titre Marta Bassino, mais elle a finalement échoué à la 4e place. Là encore. Quant à la Bornandine, elle était tout simplement à la lutte avec Mikaela Shiffrin pour le titre mondial. Mais après une 2e place en première, la double championne du monde de la discipline (2015, 2017) est partie à la faute en seconde et a ainsi raté, au moins, une médaille qui lui tendait les bras, pour ses derniers Mondiaux.

Entre regret et frustration

Alors quel bilan doit-on réellement faire de ces championnats du monde ? Regretter de n’avoir qu’un titre et une médaille de bronze, le pire bilan de l’équipe de France aux Mondiaux depuis l’édition 2009 organisée … à Val d’Isère ? Sans doute. Mais si les fers de lance tricolores n’ont pas ramené de médaille à l’exception de Pinturault, difficile pour autant de dire qu’ils sont passés à côté de l’événement. Il ne s’en est pas fallu de beaucoup pour que les Bleus repartent avec une ou deux médailles supplémentaires, et pourquoi pas un titre. "Cela a été difficile parce qu'il y a eu énormément de blessures cette année, surtout chez les hommes", a nuancé Pinturault après le slalom.
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"C'est conforme à la hiérarchie mondiale, a lui constaté Pierre Mignerey, directeur national technique de la Fédération française de ski. Alexis (Pinturault) a très bien joué sa carte, Clément (Noël) passe à rien, Tessa (Worley) aussi. On a vu des jeunes qui pointaient le bout de leur nez", Peut-être aurait-il aussi fallu jouer réellement la carte de l’épreuve mixte, au lieu d’y envoyer une équipe "bis", sans manquer de respect aux skieurs désignés. Mais si Alexis Pinturault a été l’arbre qui cache la forêt au niveau des résultats, Noël et Worley ont été les symboles de Mondiaux finalement frustrants pour les Bleus.
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