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Shiffrin et Hirscher, un règne toujours sans partage ?

Nicolas Buzdugan

Mis à jour 28/10/2018 à 01:25 GMT+2

COUPE DU MONDE - Le cirque blanc reprend du service ce week-end avec le traditionnel géant d’ouverture à Sölden. Et une seule question domine avant le début de ce nouvel hiver sur les pistes : qui pourra contrarier l'implacable domination de Mikaela Shiffrin et Marcel Hirscher et les priver d’une nouvelle moisson de cristal ?

Visuel de Une ski alpin

Crédit: Eurosport

Le suspense. Voilà un mot qui a disparu des discussions lorsqu’il s’agit d’évoquer la Coupe du monde de ski alpin. Sept ans que Marcel Hirscher règne sans partage chez les hommes et deux que Mikaela Shiffrin a pris les commandes chez les femmes, sans que l’on sache vraiment quelles sont les limites des deux immenses favoris de la saison, qui débute ce week-end à Sölden avec le traditionnel géant d’ouverture.

Hirscher a toujours faim...

Limites dans le temps, sans doute, concernant l’Autrichien, dont la domination s’est révélée plus écrasante que jamais l’hiver dernier (13 victoires, trois globes). Hirscher, 58 victoires en Coupe du monde au compteur, fêtera ses 30 printemps en mars prochain et personne ne sait quand (et si) il finira par être rassasié.
Libéré depuis ses deux médailles d’or aux JO de Pyeongchang, le phénomène de Salzbourg va se lancer à la poursuite d’un huitième gros globe consécutif. Avant tout parce qu’il aime toujours ce qu’il fait, comme il l’a rappelé récemment lors d’une journée médias pour l’un de ses sponsors : "J'aime l'adrénaline de la compétition, c'est toujours excitant. A l'entrainement, je ne donne pas tout mais en course je me déchire. Pour moi, il est impensable de terminer deuxième". La concurrence est prévenue, l’ogre autrichien, monument d’intensité skis aux pieds, a toujours faim et n'entend pas baisser de rythme.

... Et Shiffrin a encore de la marge

Du côté de Shiffrin, "Sky's the limit". A 23 ans, l’Américaine a déjà quasiment tout gagné (deux titres olympiques, trois titres mondiaux, sept globes et 43 succès en Coupe du monde) et elle dispose encore d’une certaine marge de progression dans les disciplines de vitesse. Ultra-dominatrice en slalom et à la lutte avec les meilleures en géant, Shiffrin a ajouté une nouvelle corde à son arc l’hiver dernier en remportant sa première descente (elle a bouclé la saison au 5e rang mondial dans cette discipline).
Toujours plus polyvalente - sans perdre en technique ce qu’elle a gagné en vitesse -, la meilleure skieuse de la planète ne devrait sans doute plus tarder à s’imposer en Super-G, la dernière discipline qui résiste encore à son invraisemblable talent. Histoire d’avoir encore un peu plus de marge pour aller chercher un troisième gros globe consécutif dans un fauteuil.
Mais alors qui peut venir contrarier un ordre trop bien établi ? La chasse aux deux "monstres" du cirque blanc est ouverte. Mais les participants ont de grandes chances de rentrer (une nouvelle fois) bredouille.
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Marcel Hirscher et Mikaela Shiffrin avec leur gros globe de cristal en fin de saison dernière

Crédit: Getty Images

Gut et Rebensburg ont des arguments

Sur le papier, Lara Gut et Viktoria Rebensburg ont sans doute les meilleurs arguments à faire valoir pour tenir tête à Shiffrin. La Suissesse reste une valeur sûre dans quasiment toutes les disciplines, à l'exception du slalom. Si elle parvient à empiler les top 5, Gut jouera dans la cour de l'Américaine. Il faudra cependant qu'elle évite les petites chutes et les gros bobos pour réussir une saison pleine, à l'image de celle qui lui avait permis d'être sacrée en 2016. Du côté de l'Allemande, le géant sera évidemment la clé. La n°1 mondiale de la spécialité, qui a repris le globe à Tessa Worley l'hiver dernier, devra aussi aller chercher des gros points en vitesse pour entretenir l'espoir.
Reste un point d'interrogation autour de Wendy Holdener, surprenante dauphine de Shiffrin la saison passée (avec un joli total de 1168 points). La Suissesse ne devra pas mollir en slalom, sa meilleure arme, et va devoir s'affirmer en géant et en Super-G pour rester dans la course.

La der’ de Vonn

Evidemment, à l'aube de ce nouvel exercice, difficile de ne pas évoquer le cas Lindsey Vonn, lancée pour un ultime tour de piste avant de raccrocher les skis. Si elle n'est plus une prétendante au globe du général (elle ne devrait s'aligner qu'en vitesse cet hiver), qu'elle n'a plus remporté depuis 2012, l'Américaine a un autre objectif en tête, obsédant : battre enfin le record de victoires de la légende Ingemar Stenmark (86). La saison de la retraite pourrait être la bonne. Vonn en compte pour l'instant 82, elle devra donc s'imposer au moins cinq fois pour devenir la skieuse la plus victorieuse de l'histoire.
Rien d'impossible pour la reine de la vitesse, moins dominatrice que par le passé mais qui avait tout de même remporté l'hiver dernier... cinq courses (quatre en descente et une en Super-G). D'autant que l’absence de Sofia Goggia (victime d’une fracture de la malléole à l’entraînement et absente au moins jusqu’en janvier) devrait permettre à Vonn de tirer son épingle du jeu face aux Weirather, Gut et autre Stuhec, dont le retour cet hiver sera à surveiller de près après une saison blanche.
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Lindsey Vonn

Crédit: Getty Images

Kristoffersen, enfin plus requin que dauphin ?

Chez les hommes, le principal poil à gratter de Marcel Hirscher pourrait une nouvelle fois se nommer Henrik Kristoffersen. L’irrévérencieux Norvégien, si brillant mais si souvent frustré par le maestro autrichien l’an passé – quinze podiums mais un seul succès, battu neuf fois (!) pour la victoire et deuxième pour le globe du général, du géant et du slalom - va tout faire pour renverser la table cette année.
S’il s’est affirmé en géant l’an passé, il a perdu de sa superbe en slalom, où il avait pourtant dominé Hirscher en 2016. Le dauphin magnifique ne se satisfait pas, à raison, de son statut de meilleur des autres. Il l’a dit et redit l’hiver dernier. Et il l’a encore réaffirmé cet été, assurant (malgré une petite blessure à l’orteil) qu’il sera "plus rapide" cette saison. Kristoffersen a d’ailleurs l’intention d’élargir sa palette en disputant quelques Super-G cet hiver pour tenter de prendre des points sur un autre terrain.

Pinturault, mettre le paquet entre les piquets

Entre un changement de matériel, qu’il a mis du temps à assimiler, et des douleurs au genou récurrentes, Alexis Pinturault a vécu l’hiver dernier sa plus mauvaise saison depuis cinq ans. Sixième du général de la Coupe du monde (avec deux victoires et seulement quatre podiums), Pintu entend rebondir pour retrouver les sommets. Pour cela, une priorité : retrouver le haut niveau - et si possible la boîte - en slalom. C’est dans ce sens que le skieur de Courchevel, qui compte deux succès entre les piquets en Coupe du monde mais qui commencent à dater (Val d’Isère 2013 et Wengen 2014), a axé sa préparation, effectuée en partie avec l’équipe italienne.
Une obligation, aussi : se montrer plus régulier tout au long de l’hiver, en évitant les résultats blancs (dix abandons sur les deux derniers hivers). Capable de coups d’éclat, Pinturault va surtout devoir éviter les temps faibles pour ne pas laisser trop de points en route. Il a d’ores et déjà décidé de faire un choix fort en faisant des impasses en Super-G, où il ne s’alignera cette saison que sur les pistes les plus techniques (Beaver et Bansko notamment). De l’art délicat du dosage entre polyvalence et performance pour le leader du ski français.
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Alexis Pinturault lors du slalom de Levi

Crédit: Getty Images

1500 points (au moins) à aller chercher

Reste que, pour Pinturault comme pour Kristoffersen, il faudra résoudre une équation insoluble ces dernières saisons : chasser sur les mêmes terres qu’Hirscher dans les disciplines techniques… et tenir la distance pour faire mieux que lui sur l’ensemble de l’hiver. Pintu devra battre l’Autrichien en géant. Kristoffersen devra en faire de même en slalom. Et plutôt deux fois qu'une. Pas une mince affaire.
Pour faire vaciller le patron, ces deux-là (mais aussi Beat Feuz, Kjetil Jansrud ou l’inoxydable Aksel Lund Svindal, qui auront, eux, l’avantage de ne pas se frotter à Hirscher dans les disciplines de vitesse) devront viser, au bas mot, la barre des 1500 points au général. Un immense défi. Mais il faudra bien ça pour enfin détrôner le roi.
Nos cotes pour le gros globe de cristal :
Hommes
5 étoiles : Hirscher
4 étoiles : Kristoffersen, Pinturault
3 étoiles : Feuz, Jansrud, Svindal
Femmes
5 étoiles : Shiffrin
4 étoiles : Rebensburg, Gut
3 étoiles : Holdener, Vonn, Weirather
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